Les 18 délégués licenciés arrêtés hier
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Les travailleurs de l’usine de carreaux Twyford installée dans le département de Mbour, sont en grève. Ils ont manifesté hier pour exiger le renouvellement des contrats de leurs 18 délégués licenciés par leurs employeurs chinois.
Les responsables de l’usine Twyford ne semblent pas concernés par l’appel du président de la République sur la problématique de l’employabilité et de l’emploi des jeunes. Jeudi dernier seulement, Macky Sall organisait un Conseil présidentiel pour l’emploi des jeunes, afin de renforcer le taux de jeunes en activité et de permettre au maximum de cette tranche de Sénégalais de trouver un travail décent. Au même moment, les employeurs chinois de l’usine Twyford licencient 18 délégués du personnel qui réclament depuis plusieurs mois de meilleures conditions de travail et un meilleur traitement.
Ces ouvriers ont tenu plusieurs points de presse au cours desquels ils ont dénoncé la précarité de leur emploi et les conditions exécrables dans lesquelles ils sont soumis pour exercer un travail qu’il qualifie ‘’d’avilissant’’.
Depuis lors, les ouvriers de Twyford ‘’n’ont senti aucun soutien de la part des autorités du pays dont ils dénoncent le laxisme face à cet ‘’esclavage vécu’’. Dans ce sens, ils se désolent de leur solitude dans un combat qu’ils ont déclenché depuis plusieurs mois et dans lequel ils ont invité toutes les forces vives du pays et toutes les bonnes volontés soucieuses de soutenir l’effort des jeunes dans le cadre de leur emploi.
‘’Jusqu’à quand les travailleurs de Twyford vont continuer de se battre tout seuls avec les Chinois esclavagistes et la direction hors-la-loi ?’’, se sont-ils interrogés dans un communiqué parvenu à ‘’EnQuête’’. ‘’Comme nous l’avons dit en conférence de presse, la direction a arrêté les contrats des 18 délégués qui sont là pour protéger les travailleurs et faire respecter le Code du travail’’.
Selon la source, les ouvriers pointent du doigt une complicité qui donne une puissance aux employeurs étrangers. ‘’Ils ont le soutien de nos autorités qui, au lieu de défendre la législation sénégalaise et la jeunesse, sont elles-mêmes des esclaves de la corruption et ce sont elles-mêmes qui sortent dans les médias pour dire qu’elles soutiennent la jeunesse. Cette fois-ci, nous interpellons le président de la République qui ne peut plus dire qu’il n’est pas au courant de ce qui se passe à Twyford depuis plusieurs mois, alors que les travailleurs crient leur détresse’’, soutiennent-ils.
Pour eux, le combat est arrivé à un niveau tel, qu’il doit intéresser toute personne sensible et toute la jeunesse du pays pour rendre à cette frange de la population sa dignité. ‘’Une chose est sûre : ce n’est plus un combat des travailleurs, mais un combat de la jeunesse sénégalaise qui ne se laissera pas être exploitée’’.
Ainsi, ils ont bloqué la route nationale n°1, hier. Une manifestation vite réprimée par les forces de la gendarmerie, malgré la ténacité de ces ouvriers déterminés à recouvrer leur dignité. Les 18 délégués ont été interpelés au cours de la manifestation.
Contacté par ‘’EnQuête’’, le directeur des ressources humaines de Twyford déclarait, hier, ne pas pouvoir répondre à la presse sans l’aval de ses supérieurs. Nos colonnes leur restent ouvertes.
IDRISSA AMINATA NIANG