Publié le 21 Jan 2015 - 21:17
SOUVENIRS DE CAN… HABIB BEYE RACONTE TUNISIE 2004

S'était un peu embourgeoisé 

 

Présenté comme favori au titre, après sa place de quart de finaliste du Mondial 2002, le Sénégal s’est malheureusement fait éliminer en quart de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2004 par le pays organisateur, dans le brouillard de Radès. Onze après, l’ancien défenseur (axial ou latéral) des Lions, Habib Bèye, revient sur ce raté en Tunisie. L’ancien capitaine de Marseille a ensuite vécu avec la Tanière jusqu’en 2008. Il a arrêté sa carrière avec 48 sélections sur les épaules. ‘’Je n’ai pas atteint le cap des 50 mais j’ai dépassé mon papa, rigole-t-il. C’est une grande fierté’’. Aujourd’hui, il est devenu consultant à Canal+ et commentera certains matches de la CAN 2015 en Guinée Equatoriale.

 

‘’C’était un moment difficile’’

Les souvenirs de cette CAN sont mitigés. C’est vrai que c’est en 2004 que j’ai marqué mon premier but en sélection, malheureusement on sort en quart de finale (1-0) face à l’équipe qui remportera le tournoi, le pays organisateur (Tunisie). Je me rappelle que sur ce match-là, El Hadji Diouf est blessé, la Tunisie continue à jouer et marque le but. Ça a créé une polémique et ce match a fini en bagarre. C’était un moment difficile parce qu’on était les favoris de la compétition après notre parcours en 2002. C’était une grande déception pour nous. Ce n’était pas le meilleur de mes souvenirs en sélection. On a été battus par une équipe qui n’a pas été forcément plus forte que nous.

‘’Quand la Tunisie a marqué…’’

Je vais vous dire une chose qui va vous paraître bizarre, parce que j’étais sur le terrain ce jour-là : quand la Tunisie a marqué, je savais qu’on n’allait pas revenir, sincèrement. Déjà, il y a eu cette bagarre ; tout ça qui a fait qu’on s’est énervés. On n’avait pas été assez bons pour espérer passer les quarts de finale.

‘’Une grande déception’’

Une grosse déception. Parce que quand vous allez à une compétition à laquelle tout le monde vous considère comme favori… Tout le monde disait qu’en 2002, on devait la gagner. Et là en 2004, c’était presque écrit, avec la qualité qu’on avait dans notre équipe, qu’on soit champions d’Afrique. Ce qui est incroyable, la Tunisie, le Cameroun… toutes ces équipes avaient peur du Sénégal. On faisait peur à l’Afrique, ce qui n’était pas le cas en 2002. Une énorme déception de rentrer au pays en étant éliminés en quart. Aujourd’hui, avec le recul, je dis qu’on n’a pas à avoir honte de perdre (1-0) contre le pays organisateur devenu champion.

‘’On n’était forcément pas préparés au mieux’’

Pour la préparation, il y a eu quelques petits accros. Mais ça fait partie de la vie d’un groupe. Je ne vais pas vous les citer. Ce qui a pollué notre préparation… vous savez, les responsables dans ces cas-là sont les 23 acteurs. Le football ne ment pas. Si vous le respectez, il vous donnera ce que vous méritez. Si on n’a pas été champions d’Afrique en 2004, c’est qu’on ne le méritait pas. D’abord on n’a pas réussi à finir premier de notre poule. On n’était forcément pas préparés au mieux pour cette compétition, mais c’est la responsabilité des joueurs.

Les qualifications s’étaient bien passées. On a gagné d’entrée au Lesotho (0-1). Puis, on est allés faire match nul en Gambie. Au retour, on l’a battue (3-1). On a également battu le Lesotho (3-0) à Dakar.

‘’L’ego de chacun était trop important’’

Je pense qu’on était beaucoup plus attendus, forcément, vu notre parcours en 2002 en Coupe du monde. Les équipes avaient plus peur du Sénégal. On avait surpris sûrement en 2002 ; et là en 2004, on était attendus ; les équipes étaient préparées, très motivées de nous jouer. Et que peut-être on a été moins performants collectivement dans l’état d’esprit qu’on a pu l’être en 2002. Et puis, on n’a pas à rougir parce qu’on a perdu (1-0) face à la Tunisie qui a gagné par la suite la compétition. Après coup, on se dit : ‘bon, on perd contre le vainqueur de la compétition’. Mais quand vous perdez, vous êtes toujours déçu.

En 2002, il y avait Bruno Metsu, Jules Bocandé, Mansour Wade, et Abdoulaye Sarr. Ce sont des gens qui tenaient l’équipe, il y avait beaucoup de discipline sur le terrain. Ensuite, en 2004, ça a changé. C’est Guy Stéphan qui était venu à la tête de la sélection. On avait tous grandi, on était tous de nouveaux joueurs avec de nouveaux statuts, et peut-être que l’ego de chacun était trop important. Mais 2004 était un moment où malheureusement on a été trop suffisants dans l’effort. Toutefois, je pense qu’on n’a pas failli à notre devoir. Mais on sentait parfois qu’on manquait d’unité et que ce groupe s’était un peu embourgeoisé. Et que du coup, on faisait moins d’effort les uns pour les autres et malheureusement, ça s’est ressenti dans nos résultats.

‘’On voulait la gagner’’

L’ambition était de la gagner. Quand vous êtes en finale de CAN en 2002 et que perdiez aux tirs au but face au Cameroun ; quand vous allez en CAN en 2004 avec l’équipe que vous avez, qui doit être plus forte, qui aurait dû se bonifier, forcément votre ambition finale est de gagner la compétition. Je pense que si on avait battu la Tunisie, on aurait pu aller au bout. C’était notre faute parce qu’on avait fini deuxième de notre groupe et que la Tunisie avait terminé première du sien. C’est pourquoi je dis que cette défaite face à la Tunisie reflète notre tournoi parce qu’on n’a pas su finir premier de notre poule composée du Burkina Faso, du Mali et du Kenya.

‘’Une génération dorée sans titre’’

On est loin de cette campagne. La vraie leçon à tirer de cette génération, c’est que c’est une génération dorée, exceptionnelle qui n’a malheureusement pas remporté de titre. Quand on voit les joueurs sur le papier, c’est assez incroyable de voir que cette équipe n’a pas ramené la Coupe d’Afrique au Sénégal.

‘’On s’entendait bien’’

Il y avait des précurseurs notamment Moussa Ndiaye, Henri Camara, Omar Daf, El Hadji (Diouf), ‘Kali’ (Khalilou Fadiga). Ensuite, Bruno a réussi à faire venir des binationaux : Lamine Diatta, Sylvain Ndiaye, moi, Ferdinand (Coly) qui ont apporté autre chose à cette sélection, peut-être une connaissance un peu plus tactique. Je prends l’exemple de Sylvain Ndiaye qui était un joueur tactiquement très intelligent. Amdy Faye, Salif Diao, tactiquement, c’était très bon. Ce qui est important aujourd’hui, c’est d’amener des joueurs de différents championnats qui apportent leur plus-value à l’équipe. Bruno avait réussi à trouver cette osmose dans le groupe, il s’appuyait sur tout le monde. Moi, j’étais remplaçant au départ mais il s’est appuyé sur moi aussi.

Ce qui faisait la force de cette équipe, on s’entendait bien, on vivait bien ensemble. Je ne sais pas si vous vous rappelez de vos papiers à l’époque où après chaque match, on était tous dehors, ensemble.

‘’J’ai rejeté le premier appel de Metsu’’

C’est Bruno Metsu qui m’a sollicité pour une première fois, j’ai refusé son appel parce que je n’étais pas encore prêt dans ma tête pour faire un choix. J’étais appelé contre l’Algérie. Ensuite, il m’a appelé contre le Maroc ; et là, j’ai décidé de venir, avec une victoire (1-0 ; éliminatoires Mondial 2002) ici à Dakar, un but d’El Hadji Diouf. C’est là qu’a commencé mon aventure avec la Tanière. Une magnifique aventure qui m’a beaucoup apporté dans ma vie. Ça m’a permis de me rapprocher de mon pays, puisque je suis né en France. C’est très important pour moi.

‘’Mon premier but en sélection’’

Personnellement, j’ai marqué un but qui nous a permis de rester dans la compétition face au Mali (1-1 ; 2e j. de groupe). On était menés (1-0), c’était un but important, mon premier en sélection, sur un centre d’Henri Camara. En plus, c’est une CAN que j’ai jouée comme titulaire également. C’était bien personnellement. Mais vous savez, la satisfaction individuelle passe par les résultats collectifs. Satisfaction individuelle de marquer un but. Mais qu’est-ce que cela fait si vous n’êtes pas champions d’Afrique ? Aujourd’hui, qui se rappelle de ça ? Que les vrais spécialistes. On se rappelle les vainqueurs. Vous savez, j’ai joué cinq finales et j’en ai perdu quatre. Je ne me rappelle que celle que j’ai gagnée, une finale de Coupe de France (en 2001 avec Strasbourg). J’ai perdu deux finales de Coupe de France (2006 et 2007), une de Coupe d’Afrique (2002) et une de Coupe d’Europe (Uefa 2004).

‘’Ma carrière était au-delà de mes espérances’’

Ma carrière était au-delà de mes espérances. Quand j’ai signé mon premier contrat pro à Strasbourg, je me suis dit : ‘voilà, c’est l’aboutissement’. C’était en 1998. Après 5 ans à Strasbourg, je suis parti à l’OM (Olympique de Marseille). Ensuite, j’ai fait 5 ans en Angleterre dont deux à Newcastle qui ont été pleins de succès individuellement. Puisque la première année, j’ai été élu meilleur joueur du club, puis je suis devenu capitaine. Après, j’ai atterri à Aston Villa où tout s’était bien passé pendant un an ; ensuite, j’ai eu un an et demi difficile. C’est pour cela que j’ai pris la décision d’arrêter à 35 ans.

‘’Mon nouveau métier’’

J’ai rencontré un journaliste de Canal+, qui m’a dit : ‘Ecoute, tu parles bien, tu présentes bien, ce métier est fait pour toi. Ça ne coûte rien d’essayer. Si ça te plaît, tu continueras. Si eux, ça ne leur plaît pas, ils te diront d’arrêter. Et puis, j’en ai fait un, deux, trois… ça a plu aux dirigeants de Canal+, qui me confient de plus en plus de matches. Ils m’ont mis sur la Premier League qui est le championnat le plus relevé au monde. Tout cela fait que je suis dans mon nouveau métier, ça me plaît. A Rfi (Radio France internationale), ‘le Café des sports’ avec Annie Gasnier, on passe des moments de grande qualité. C’est l’émission que j’adore faire avec une équipe exceptionnelle. Je fais ça une fois par semaine. C’est l’émission, après celle politique, qui est la plus écoutée en Afrique.’’

ADAMA COLY

 

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