Un seul cas de décès et non quatre
Le département de Kanel, situé dans la région de Matam, a connu un seul cas de décès lié au paludisme et non quatre. L’information a été donnée, hier, au cours d’un conseil départemental de développement organisé par le programme.
Le Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp) a effectué, hier, une visite dans la région de Matam, suite à la révélation d'une épidémie de diarrhée survenue dans le département de Kanel. Une occasion saisie par le coordinateur du Pnlp pour lever le coin du voile sur l’information selon laquelle 15 cas ont été signalés pour 4 décès.
Selon docteur Doudou Sène, effectivement, 15 patients ont été reçus au centre de santé de Salalatou. Parce que, d’habitude, les populations fréquentent cette structure. Dans ce chiffre, il y a eu 11 cas de fièvre, de vomissements et de diarrhées et 9 cas de paludisme détectés par le test de diagnostic rapide. "La maladie s’est propagée dans deux concessions. Il y a eu un cas grave d’un enfant de 6 ans. Ce dernier a été déplacé par l’infirmier-chef jusqu’au centre de santé de Ranérou. Malheureusement, il est décédé", renseigne Dr Sène.
A l'en croire, c'est sur instructions du ministre de la Santé qu'ils ont jugé nécessaire de se déplacer pour jauger, avec les acteurs au niveau local, la situation réelle. Auparavant, a-t-il dit, le médecin chef de région a fait le déplacement dans la zone pour s'enquérir de la situation.
Ce conseil départemental de développement est également une occasion, pour les acteurs de la santé, de discuter avec les maires, les chefs de village, le conseil départemental, les organisations féminines et également la jeunesse. Ce, sur les enjeux de la pré-élimination et de l’élimination du paludisme dans la zone Nord. "Dans ce contexte, nous avons tenu un exposé pour expliquer les détails de l’engagement de l’Etat au plus haut niveau, qui a mis plus de 32 milliards de dollars avec la Banque islamique de développement, pour accélérer l’élimination du paludisme. Un combat qu’il faut gagner avant 2030", a-t-il fait savoir.
742 cas, en 2017, dans la région de Matam
Les données de 2017 ont montré qu’il y a une nette diminution de l’incidence du paludisme. C'est-à-dire le nombre de cas recensés par an pour 1 000 habitants. "Pour cette année, il est recensé moins de 5 cas pour 1 000 habitants. Donc, il y a eu 742 cas en 2017 pour toute la région. Contrairement aux régions de Tamba et de Kédougou où il est recensé plus de 1 000 cas. On peut dire qu’on est sur la bonne voie", a expliqué Doudou Sène. A l'en croire, Matam et Saint-Louis représentent une proportion très minime. Plus les cas diminuent, plus l’immunité, pour ne pas dire les moyens de défense des populations, se réduisent. "Quand on vit à Tamba, on est habitué à vivre avec le parasite et l’organisme se défend naturellement. C’est le contraire de quelqu’un qui vit dans une zone où la maladie n’est pas fréquente. La réaction de l’organisme est plus lente et, compte tenu de la résistance faible, le paludisme peut être mortel", a soutenu Dr Sène. C’est pourquoi, a-t-il souligné, il faut veiller à ce que les médecins chefs des districts de région aient à leur disposition tous les outils nécessaires pour pallier le fléau. "Quel que soit l’enclavement du poste de santé, les médicaments, les moustiquaires, les tests de diagnostic rapide doivent y être disponibles, conformément aux instructions du ministère de la Santé’’.
Réouverture du poste de Mounguel
Le département de Kanel est stratégique, se situant à la frontalière avec la Mauritanie, avec des zones enclavées au niveau du Ferlo. Ceci accentue les difficultés dans le cadre de la lutte. Le préfet Maguette Diouck souligne le déficit de personnels, les lieux de prestations de soins qui sont distants. ‘’Ce qui s’est passé a permis de démontrer la capacité de l’Etat du Sénégal à riposter et à faire face, en cas de difficultés. Malgré la distance énorme, avec 135 km, le médecin-chef et son équipe se sont mobilisés’’, note-t-il. Il a aussi fait savoir que le poste de santé de Mounguel, localité où le seul décès est enregistré, sera rouvert. ‘’C’est une demande sociale et nous allons donner les instructions pour que cela se fasse dans les plus brefs délais’’, renseigne Diouck. ‘’Nous avons obtenu la bonne information, ce qui nous permettra de porter la parfaite communication à l’endroit des chefs de village, des délégués de quartier et de l’ensemble des acteurs. Même si le taux de prévalence du paludisme est encore faible, nous sommes sur le point d’atteindre nos objectifs’’.
VIVIANE DIATTA