Soukeye Ndiaye - ''18 jours après l’accouchement de mon dernier enfant...''
Nous sommes au siège de l'association des personnes vivants avec le VIH. Un mercredi Soir. Le rendez-vous est prévu à 18 heures, avec des membres de l'Associations des personnes vivant avec le Vih-Sida. L'ambiance est détendue dans cet appartement à l'aspect modeste. Sans aucune réticence, Soukeye Ndiaye accepte de partager sa vie de séropositive. Moulée dans un jean noir, le teint noir, la taille moyenne, Soukeye a bonne mine. Toute souriante, elle nous accueille dans un bureau, à cause du bruit dans la grande salle. Casquette à la tête, le sourire toujours aux lèvres, elle entame le récit de sa vie de...veuve et mère de 7 enfants.
Soukeye Ndiaye s'est mariée à l'âge de 16 ans. Elle en a aujourd'hui 37. Elle vivait le parfait amour avec son défunt mari, jusqu'à ce 18e jours, après avoir accouché de son fils cadet. Ce jour-là, elle découvre qu'elle est séropositive. ''J'étais à mon 6e accouchement et à mon 7e enfant, parce que j'ai eu des jumeaux (…) Un jour, pendant la nuit, mon mari me dit de l'accompagner le lendemain à l’hôpital, avec l'enfant. Il ajoute que c'est pour notre bien-être. J'étais au 17e jour de mon accouchement'', raconte Mme Ndiaye. Le lendemain, ils partent pour la consultation. Le mari a déjà discuté avec le médecin, lui demandant de faire faire à sa femme un test de dépistage. Lorsque les résultats sortent, Soukeye voit le ciel lui tomber sur la tête. Son mari lui a transmis le virus du Sida : ''J'avais vraiment mal. J'en voulais à mort à mon mari. Ce qui m'a fait le plus mal, c'est que ma belle-famille était au courant de sa séropositivité. Et c'est à cause des menaces de son ami et homonyme de mon fils qu'il a accepté de me faire faire le test'', continue d'une voix calme Soukeye.
La pilule est difficile à avaler. Son époux lui a caché sa maladie pendant 2 ans. En s'en ouvrant à son ami, il a menacé de se suicider si ce dernier rapportait la nouvelle à sa femme. ''Le jour de mon accouchement, poursuit-t-elle, quand mes belles-sœurs sont venues me rendre visite à l’hôpital, j'ai vu qu'elles passaient tout leur temps à pleurer, alors que je n'ai eu aucun problème. J'ai commencé à me rappeler de beaucoup de choses''. Son mari qui vivait avec la maladie a été abandonné par sa famille : ''On le stigmatisait. Les membres de sa famille se sont éloignés de lui. Ils pensaient qu'il était une mauvaise personne, alors que ce n'était pas le cas. Il a commencé à dépérir. Il soufrait à cause du stress. On le jugeait et personne n'a voulu l'aider. Finalement, il est décédé le jour où mon fils a eu 6 mois, à cause de la souffrance et de la tristesse que lui a infligée sa famille'', confie Soukeye.
Le courage en bandoulière, Soukeye ne sait pas laisser abattre par la maladie. Elle a intégré l'association des personnes vivants avec le VIH dont était membre son défunt mari. Aujourd'hui avec le soutien de sa famille, elle arrive à vivre aisément sa séropositivité. Elle travaille pour gagner sa vie et subvenir aux besoins de ses enfants. ''Quand mon mari est décédé, j'ai refusé de me coucher et de pleurer sur mon sort. J'ai cru en Dieu et je suis allée voir l'ami à mon mari, pour lui faire comprendre que je n'allais pas accepter que ma belle-famille me fasse subir ce qu'elle a fait à son fils. Je me suis battue pour y arriver'', déclare fièrement la dame, qui reconnaît que c'est difficile de vivre avec le VIH. La société donne une mauvaise image des personnes vivants avec le VIH : ''Quand une personne vit avec le VIH, ce n'est pas parce qu'elle est mauvaise. C'est une maladie comme les autres et les gens doivent le comprendre ainsi'', martèle Soukeye Ndiaye, qui conseille aux jeunes de se faire dépister et à ceux qui vivent avec le VIH sans traitement de le faire. Cela permettra d'éviter des drames.
VIVIANE DIATTA ET IDELETTE BISSUU
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