Le parquet requiert 10 ans de réclusion criminelle
Modou Fall et son épouse Ramatoulaye Samb ont été jugés, hier, à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Le couple est accusé d’association de malfaiteurs et de trafic intérieur de drogue. Malgré leurs dénégations, le maître des poursuites a requis 10 ans de réclusion criminelle à leur encontre.
C’est suite à une dénonciation anonyme faisant état d’un intense trafic de drogue à Grand-Yoff et aux alentours, que Modou Fall et son épouse Ramatoulaye Samb ont été arrêtés. Pour démasquer les présumés trafiquants, les agents enquêteurs les ont pris en filature.
En effet, les flics se sont rendus à Grand-Yoff, près de la maison des suspects, pour y mettre en place un dispositif de surveillance. C’est deux jours après, plus précisément le 9 février 2020, vers les coups de 22 h, qu’ils ont aperçu l’accusée, Rokhaya Sambou, sortir de sa maison avec, en sa possession, un sachet contenant du chanvre indien d’un poids d’un kilogramme. Elle allait à la rencontre de Pierre Gomis à qui elle a remis le sachet. C’est ainsi qu’ils ont, tous les deux, été arrêtés et conduits à l’unité d’enquête. Ce, après avoir procédé à une perquisition dans le domicile de la dame qui s’est soldée par la découverte de 200 kilogrammes de chanvre indien.
Sentant que les carottes sont cuites, Rokhaya passe aux aveux en cours de route. Elle déclare s’adonner à la vente du produit prohibé et s’approvisionnait en Casamance. Toutefois, elle est revenue sur ses déclarations. Cette fois-ci, elle pointe du doigt son époux. À l’en croire, elle ne faisait que livrer la drogue que son mari lui chargeait de remettre à ses clients.
Accusés d’association de malfaiteurs et de trafic de chanvre indien, le couple Fall a fait, hier, de la dénégation leur moyen de défense. Étant la première à être entendue, Ramatoulaye a battu en brèche ses déclarations faites à l’enquête préliminaire. Employée au restaurant Hong Kong, l’accusée indique que la drogue dont elle ignore la quantité a été retrouvée dans sa salle de bain et non par-devers elle. ‘’Quand les policiers ont trouvé la drogue dans un sac noir, je leur ai dit de demander des comptes à mon mari, parce que j’ignorais la provenance de la drogue. J’ai appelé celui-ci au téléphone et l’un d’eux a arraché l’appareil avant de me conduire dans leur véhicule’’, a raconté la dame.
Jugé par le passé pour les mêmes faits, le commerçant Modou Fall a accablé le marabout Cheikh Abdou Mbacké. Selon lui, c'est ce dernier qui lui a confié les deux sacs de chanvre indien. A la question du magistrat de savoir pourquoi il a pris la fuite dès qu’il a appris la présence des enquêteurs dans son domicile, l’accusé rétorque : ‘’Je n'ai pas pris la fuite. Au moment de l'interpellation de mon épouse, je me rendais à Fatick. Quand elle m'a informé de la présence des gendarmes, je lui ai fait savoir que c'est Cheikh Abdou Mbacké qui m'a confié la drogue.’’
En effet, il n’a pas été trouvé chez lui au moment où son épouse a été interpellée. Modou Fall est resté constant aussi bien à l’enquête qu’à l’instruction.
Seul à reconnaître les faits d’offre et de cession de chanvre indien qui lui sont reprochés, le maçon Pierre Gomis révèle avoir acheté le kilogramme à 50 000 F.
Toutefois, il a quelques fois varié dans ses déclarations faites à l’enquête, en contestant avoir acheté la drogue chez Ramatoulaye Sambou. Mieux, il soutient avoir été arrêté à Khar Yalla et non à Grand-Yoff. ‘’Celui qui m'a livré le chanvre indien s'appelle Nar. Je l'ai connu au commissariat de Grand-Yoff, lors d'un contrôle d'identité. C'est au moment où je mettais la drogue dans mon sac que les enquêteurs m'ont surpris. Ce sont ces derniers qui ont dit que c'est Ramatoulaye Sambou’’ qui lui a vendu la drogue.
Prenant la parole pour ses observations, le substitut du procureur estime qu’il n’y a pas de doute dans cette affaire. Car, soutient-il, non seulement la drogue appartenait au couple, mais il s’adonnait à un trafic. Du coup, leurs dénégations ne sauraient persister. Par conséquent, le ministère public indique qu’il y a lieu de les maintenir dans les liens de la détention. Concernant Pierre Gomis, le parquetier dit ne pas être convaincu par ses déclarations selon lesquelles il avait été arrêté à Khar Yalla. ‘’À moins qu’il ait un don d’ubiquité, Pierre Gomis ne peut pas être à Grand-Yoff et a Khar Yalla à la fois’’.
Au regard de toutes ces observations, le représentant du ministère public a requis contre chacun une peine de 10 ans de réclusion criminelle.
Les conseils de la défense ont sollicité une application bienveillante de la loi en faveur de leurs clients respectifs.
Le délibéré est attendu le 3 mai.