Le Saes éconduit les 3 000 bacheliers orientés par l'État
La section Saes de Saint-Louis a averti hier, à l'issue de son assemblée générale, qu'elle n'acceptera pas les 3 000 bacheliers orientés à l'Université Gaston Berger par l'Etat, pour violation de la loi 94-79 sur le principe de l'autonomie des universités sénégalaises.
«Les nouveaux bacheliers orientés à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis par l'État via Campusen ne seront pas acceptés.» C'est la décision prise par le Syndicat autonome des enseignants du supérieur (SAES) et confirmé à EnQuête par Ngalla Djitté, chargé des revendications de la section syndicale de Saint-Louis. Dans la déclaration envoyée par la suite à la rédaction de EnQuête, le Saes dénonce «l’orientation sans concertation par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de 3 000 nouveaux bacheliers pour l’année universitaire 2013-2014». La démarche de Mary Teuw Niane est ainsi jugée ''insidieuse'' et consiste ''à s’accaparer la sélection, l’orientation et l’inscription des bacheliers, en violation de la loi 94-79 sur les libertés et franchises universitaires et à remettre en cause le principe inaliénable de l’autonomie des Universités et des UFR en matière de recrutement de leurs futurs apprenants''.
3 000 bacheliers en danger
Le Saes dénonce aussi le fait que le nouveau décret qui, par ailleurs, dépouille les universités de leurs prérogatives en matière de recrutement de leurs étudiants, n’ait pas été examiné par les instances délibérantes des cinq universités sénégalaises alors que la loi 94-79 dans son article 12 indique clairement : “Toute mesure ou décision de portée pédagogique et scientifique prise par l’État doit être au préalable soumise pour avis aux structures universitaires compétentes.”
3 000 nouveaux bacheliers ont été orientés par l'État à l'UGB alors que, note la déclaration, ''cela a été fait sans tenir compte des capacités réelles d’accueil de l’UGB en termes d’infrastructures et d’enseignants''. Pour Ngalla Djitté et ses camarades, ''l’argument du Ministre reposant sur la livraison prochaine des locaux de UGB2 ne tient pas car ces derniers étaient destinés à résorber un gap qui existait depuis 2006''.
«Gestion calamiteuse de l'UGB par l'actuel ministre»
Sur la situation financière de l'Université, qui a été aussi au menu des discussions, l’Assemblée générale a constaté l’asphyxie financière et le dénuement total dans lesquels le ministre Mary Teuw Niane «maintient volontairement» l’UGB avec les conséquences suivantes : retards récurrents sur le paiement des salaires et des heures complémentaires, impossibilité pour les UFR d’exécuter leur budget de fonctionnement, manquements dans la gestion des voyages d’études, non règlement des factures dues aux structures hospitalières''. Du reste, l'AG du Saes a rappelé «la gestion calamiteuse, sur le plan administratif et financier», de l’actuel ministre alors Recteur de l’UGB.
Une gestion «mise à nu par différents rapports d’audits (DREAT et Banque Mondiale) et matérialisée, entre autres, par la création d’un nouvel organigramme avec plus de 20 directions n’obéissant pas aux critères d’efficacité et de cohérence, le non respect des textes qui régissent le fonctionnement de l’université, le recrutement massif de personnels teinté de népotisme (…), l’octroi d’indemnités et d’avantages indus, de subventions sans aucune base légale (refus d’approbation du compte administratif 2011 de l’Ugb alors dirigée par l’actuel ministre, entre autres''.
KHADY FAYE