10 ans pour les deux acolytes, 5 ans pour le taximan
Babacar Faye et Pape Baidy Guèye avaient jeté leur dévolu sur les écrans plats. Auteurs de plusieurs casses de maisons et de magasins en 2015, ils ont écopé d’un séjour de 10 ans de prison, hier.
Babacar Faye, marchand ambulant, divorcé et père de 2 enfants, Pape Baidy Guèye, pêcheur, célibataire sans enfant, et Djignack Diouf, taximan, marié et père de 2 enfants, ont fait face à la chambre criminelle de Mbour, hier, pour répondre des délits de vol aggravé commis la nuit avec utilisation de moyen de transport, association de malfaiteurs et port d'armes. Ils avaient fait main basse sur plusieurs appareils électroménagers appartenant à diverses personnes. Dans la nuit du 14 au 15 mai, Babacar Faye et Pape Baidy Guèye se sont rendus au magasin Keur Khadim armés de machettes, d'armes à feu, de perceuses, etc. Ils ont trouvé le vigile ivre-mort et ont ligoté l’autre vigile qui gardait le magasin voisin. Ils ont ainsi emporté 16 écrans plats, 19 portables, 4 ordinateurs, 1 ventilateur, le tout d'une valeur de 5 845 000 F Cfa.
Quelques jours plus tard, ils se sont rendus dans la maison de Ramata Ndongo, vers 2 h du matin. La dame venait tout juste de se mettre au lit. Elle dit avoir été attirée par un bruit provenant du salon. Elle s'est mise sur une chaise pour regarder. De sa fenêtre, elle a aperçu clairement Pape Baidy Guèye. Mais la chaise ayant fait un bruit, a attiré l'attention de ce dernier. Elle était seule dans sa maison. Elle a pris peur, est tombée de la chaise et s'est fracturée le bras. Ainsi, les voleurs ont emporté son écran plat d'une valeur de 160 000 F Cfa. Les malfrats se sont aussi introduits chez Niokhobaye Diouf, la nuit du Magal de Porokhane. Le maître des lieux étant absent, ils ont emporté ses deux écrans plats d'une valeur de 310 000 F Cfa, sa moquette et une natte de prière.
Entre la nuit du 12 au 13 juin 2015, vers 4 h du matin, les voleurs ont aussi visité la maison de la sexagénaire Fatou Sène. Elle soutient qu'au moment où des hommes encagoulés essayaient de démonter sa télé, elle s’est mise à crier, à tue-tête, ''Au voleur !''. ''Un des bandits m'a trouvée dans ma chambre. Armé d’un coupe-coupe, il m'a intimé l'ordre de me taire. Il m'a crié : ‘’Tu veux mourir ? Ferme ta bouche, sinon je te coupe la tête !’’ Il m'a demandé de lui donner l'or et l'argent que je gardais. Je lui ai fait savoir que je ne gardais rien. Ils ont mis le bazar dans mon armoire, avant de prendre mon téléphone et ceux de mes deux belles-filles'', explique Fatou Sène qui a perdu son écran plat de 300 000 F Cfa. La plus chanceuse est Marie-Jeanne Tendeng qui a pu récupérer son téléviseur retrouvé dans la chambre de Baidy Guèye.
Entendu, le chauffeur de taxi Djignack Diouf a expliqué que Babacar Faye, qu'il a une fois déposé à Saly, avait pris son numéro de téléphone, en lui indiquant qu'il aura de temps en temps besoin de ses services. Il a dit au juge qu'il ignorait que le matériel qu'il transportait à Dakar était volé. Et qu'il n'a fait le trajet qu'une seule fois pour le compte du sieur Faye. ''Il m'a appelé vers 7 h pour me demander de le conduire à Dakar. Je ne savais pas que c'est un matériel provenant d'un vol. Je ne l'ai conduit qu’à deux reprises. L'un à Saly vers les coups de 17 h et l'autre à Dakar, et il m'a payé 30 000 F''.
Le cerveau évoque des tortures pour se disculper
Pape Baidy, lui, déclare avoir participé à deux vols. Qu'après la vente du butin, on lui a remis 200 000 F. Malgré tout ce déballage de ses acolytes, Babacar Faye n'a pas reconnu les faits. Devant la chambre, il a déclaré avoir avoué au cours de l'enquête, parce qu'il a été torturé. ''Ils ont gâté mes doigts. Ils m'ont tellement torturé que, durant trois mois, je ne pouvais même pas m'asseoir'', s’est-il défendu. Mais le témoignage du gardien d'une école de formation l'a encore trempé. El Hadj Niane a désigné Babacar Faye comme étant la personne qui a fait irruption, à 2 h du matin, dans l'établissement. ''Ils étaient deux, l'autre est descendu prendre du matériel. Je suis resté seul avec Babacar, j'ai voulu l'attaquer à deux reprises, mais il m'a menacé avec une barre de fer. Au troisième essai, il m'a asséné la barre au bras qui s'est fracturé'', a déclaré le gardien. Mais Babacar Faye s’est inscrit en faux : ''Vous me voyez l'attaquer ? Il est plus costaud que moi.''
Les victimes ont toutes demandé le remboursement intégral des objets volés. Ainsi, ils devront payer à Babou Cissé, propriétaire du magasin, 10 845 000 F Cfa, à Ramata 160 000 F Cfa, à Niokhobaye 310 000 F Cfa, à Fatou Sène 300 000 F Cfa. Marie-Jeanne Tendeng, qui a retrouvé sa télé, a réclamé la somme de 60 000 F Cfa au titre des frais engagés pour rechercher son écran plat.
Dans son réquisitoire, le procureur a soutenu que la bande a choisi le chemin de la facilité, au lieu de trouver un travail. Il a ainsi demandé une peine de 20 ans. Me Ndé, avocat de Pape Baidy Guèye, a tant bien que mal essayé de sortir d'affaire son client. Son client, dit-il, a perdu ses parents à l'âge de 8 ans. Qu'un enfant qui perd ses parents, c'est quelqu'un qui est déséquilibré. Donc, sa personnalité est à prendre en compte. Me Ayi et son collègue Me Ndior ont eux aussi tenté de laver à grande eau le chauffeur.
En effet, selon eux, aucune des parties civiles n'a reconnu leur client. ''A-t-on trouvé une arme chez Djignack ? Qu'est-ce qui retient Djignack dans la cause ? Aucun de ses codétenus n'a dit qu'il avait participé aux casses et vols'', a plaidé Me Ndior.
Finalement, Djignack a été jugé pour recel, car ayant transporté les matériels volés. Il a écopé de 5 ans de travaux forcés. Babacar Faye et Pape Baidy Guèye ont chacun pris 10 ans de travaux forcés.
KHADY NDOYE (MBOUR)