Publié le 26 Nov 2012 - 22:16
BIENS MAL ACQUIS

SHS et AHS, une jungle à milliards

 

 

Il ne sera sans doute pas facile de dénouer tout le mécanisme des biens supposés mal acquis de l'ancien ministre d'Etat, Karim Wade. A l'aéroport Léopold Sédar Senghor où les fouineurs ont braqué leur loupe, le jeu des intérêts, les montages de sociétés ainsi que la nébuleuse des actionnaires est si complexe que les enquêteurs auront sans nul doute besoin de l'éclairage technique des experts du Secteur pour faire toute la lumière sur les sociétés écrans et prête-noms...

 

En dix ans, l'aéroport Léopold Sédar Senghor a totalement changé de visage. Au propre comme au figuré. Et les deux mamelles de l'Assistance au sol, Sénégal handling services (SHS) et Aviation handling services (AHS) se sont taillé ce marché juteux. Des techniciens supérieurs à l'aéroport Léopold Sédar Senghor, avec lesquels nous nous sommes entretenus, évaluent le business à 20 milliards de francs Cfa par an. Où va l'argent collecté dans le cadre des activités de l'assistance au sol ?

 

Un mystère qui pourrait être éclairci avec les investigations en cours. En effet, il nous revient que parmi les questions auxquelles Karim Wade doit répondre, il y a bien le montage de la société Aviation handling services qui a décroché sa licence d'exploitation en février 2003 alors que Mamadou Seck, ancien Président de l'Assemblée nationale, était le ministre en charge des Transports aériens. Les conditions dans lesquelles cette entreprise a été montée sont jugées si troubles que les enquêteurs ont décidé de s'y pencher.

 

L'on avance en effet le nom de Bibo Bourgi, proche de Karim Wade, de Mamadou Pouye et d'Elimanel Diop ; trois gros morceaux qui en sauraient beaucoup sur les mécanismes par lesquels la société a été montée. Le dernier cité, qui gère beaucoup d'affaires de Karim Wade, se trouve aujourd'hui être le financier du King Fahd Palace. Il devrait être confronté à Karim Wade, au même titre que Bibo Bourgi. Avec leurs sociétés respectives, HQ1 et HQ2, ils constituent des actionnaires assez spéciaux à AHS (comme révélé par L'Obs) qui aiguisent la curiosité des enquêteurs.

 

 

Autre acteur clef qui pourrait intéresser la Section de recherches de Colobane, l'ex-directeur de l'Exploitation d'Air Afrique, Pierre Agboba et Président du conseil d'administration d'AHS. Si son implication dans les micmacs ciblés n'est pas établi pour le moment, il reste qu'il est, de l'avis de nos interlocuteurs, une mine d'informations. L'on évoque dans la même veine le nom de Charles Demolin, Directeur général d'AHS jusqu'entre les deux tours.

 

Il aurait été ''remercié'' entre les deux tours pour des raisons qu'on ne maîtrise pas, avant d'être exfiltré. Plus chanceux donc que le Directeur général adjoint de SHS, Patrick Williams, ''qui a été intercepté mardi dernier à l’aéroport, comme nous l'avions révélé dès le lendemain des faits''. Charles Demolin se trouve présentement au Niger. Les connexions entre Wade family et les sociétés d'Assistance au sol de l'aéroport sont si nombreuses qu'on retrouve, dans la task force de SHS, une cousine de Mme Viviane Wade, une certaine Evelyne Rio Delâtre, âgée de... 71 ans.

 

Un marché trop juteux de 170 millions/jour

 

Mais si les enquêteurs veulent se faire une idée sur le poids réel de AHS, ils devront sans doute prendre les airs et survoler les frontières. Les tentacules d'AHS vont jusqu'à Malabo en Guinée équatoriale, à Accra au Ghana, à Bissau et même à Amman en Jordanie. Et le business est plus que rentable. Des techniciens contactés à l'aéroport Léopold Sédar Senghor expliquent que le Handling draine 170 millions de francs Cfa par jour. ''Le service au sol est le volet le plus rentable dans l'aviation'', indiquent nos interlocuteurs. Si l'on met sur la table la société Aeroport Bus Service (FBO) qui assure le transport pour l'embarquement des passagers et Flight Business organisation (FBO), il ne reste presque plus rien à se mettre sous la dent.

 

 

MAMOUDOU WANE & GASTON COLY

 

 

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