Les Parcelles Assainies entrent dans la danse
Depuis quelque temps, la mairie de Dakar a entamé une série d'opérations de nettoiement de la ville. L'objectif consiste à rendre les artères de Dakar propres et accueillantes. Après Dakar Plateau, les marchands des Parcelles Assainies (PA) de l’Unité 8 ont été déguerpis.
Il est 11h30 aux Parcelles Assainies. Le calme et la bonne ambiance qui régnaient ici tous les jours, ont laissé place au désemparement, à la peur et à la colère, avec l'arrivée des agents de la mairie de la commune. Les agents chargés de désencombrer la voie s'activent sous l’œil attristé des marchands et vendeurs. «Ce n'est pas beau à voir. Mais, ils sont en train de faire leur travail, on n'y peut rien», lance Alioune Thiaw qui est juste de passage.
Marème Diaw, une cinquantenaire, vendeuse de petit-déjeuner, est perdue dans ses pensées. Les mains sur les hanches, la dame s'interroge : ‘’Comment allons-nous faire maintenant, si notre commerce est interdit ?». Une autre femme, plus âgée, s'approche. L'air inquiet, elle porte une attention particulière à son étal qui risque d'être déguerpi. Sidérée par ce qui se passe sous ses yeux, elle affirme être déçue par le nouveau régime. «Je suis de l'Apr, mais la situation d’aujourd’hui (hier) me désole beaucoup. Je suis sans voix», ajoute-t-elle. D'après elle, la mairie ne les a même pas mis au courant, avant de passer à l’action.
La ''trahison'' de Macky Sall
Pourtant, selon Saliou Niang, chef de division technique de la Sous-préfecture des PA, la mairie a remis des sommations, depuis décembre dernier, aux marchands. Mais, ces derniers n'ont pas cru que cette opération allait avoir lieu. Toutefois, poursuit M. Saliou Niang, ‘’c'est une belle initiative de l’État d'assainir la ville de Dakar, car les rues sont encombrées et ce n'est pas beau à voir. Et comme, nous nous trouvons dans une capitale, il est primordial de la moderniser’’. Mariama, vendeuse de beignets, abonde dans le même sens, même si son commerce est hypothéqué.
N'ayant aucune autre alternative, les propriétaires des étals et kiosques s'exécutent pour sauver quelques affaires. Assis dans sa boutique, l'air très tendu, Boubacar Guèye vocifère : ‘’Macky Sall nous a tués. Il nous a détruits. Nous n'avons que le commerce pour nourrir nos familles. Si nous avions su qu'en l'élisant, c'est ce qu'il allait nous faire, nous n'allions jamais voter pour lui’’. Moussa Bâ, très remonté, débarque de l'autre côté de la rue, tout en hurlant. ‘’Nous les attendons aux prochaines élections, nous avons plus de pouvoir qu'eux’’.
A l'unanimité, les marchands déguerpis pensent que cette situation va augmenter davantage le taux de chômage et d'agresseur dans la capitale. Pour Assane Seck, c‘est une trahison que Macky Sall leur a fait, lui qui avait promis de diminuer le prix de la location, du transport et de la nourriture. Mais, depuis qu'il est au pouvoir, il leur a tourné le dos. ‘’Ses collaborateurs sont en train de le tromper. Il est dans l'erreur’’, peste-t-il. Moussa Diouf, un tailleur résidant au Mali et en vacance à Dakar poursuit en ces termes ‘’ils sont en train de lui tendre un piège. Mais ce sont les Sénégalais qui sont responsables de leur propre malheur, car ils ont trahi d'abord Abdoulaye Wade’’. Les déguerpis ne demandent qu'une seule chose : l'amélioration de leur condition de vie.
Djidi DIARRA
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