Publié le 23 Feb 2013 - 20:30
ALERTE À LA BOMBE AU CENTRE-VILLE DE DAKAR

Les Dakarois indifférents à la menace

Une rue du centre ville de Dakar

 

Déclarant avoir reçu une menace à la bombe, l'Ambassade des États-Unis à Dakar a notifié à ses ressortissants de ne pas se rapprocher de la Cathédrale et de la Grande mosquée de Dakar. Mais cette information n'a pas affecté les activités au centre ville de Dakar.

 

 

 

''L'ambassade des États-Unis a reçu une alerte à la bombe à Dakar-plateau. La Cathédrale et la Grande Mosquée sont à éviter, faire suivre''. Un simple texto envoyé à tous les ressortissants américains de la capitale. Puis comme une traînée de poudre, la nouvelle s'est répandue dans le pays, médiatisée ainsi par les radios. Pourtant un tour effectué par ''EnQuête'' au centre-ville a permis de constater une certaine indifférence des populations face à la menace.

 

12h30mn, à la place de l'indépendance, rien ne montre qu'une alerte à la bombe dans le centre-ville a été lancée. La journée suit normalement son cours. Les populations vaquent tranquillement à leurs occupations. L'alerte à la bombe en provenance de l'Ambassade des États-unis à Dakar ne semble pas perturber leurs activités. Adossé à un véhicule blanc de marque Peugeot, garé au parking de la Chambre de commerce de Dakar en bas des escaliers, Cheikh Dramé, 25 ans environ, ignore la nouvelle.

 

''Je ne suis pas au courant. Pourtant j'ai écouté le journal de midi, mais aucune radio locale n'en a parlé''. Vraisemblablement l'information n'est pas passée, pour la plupart des gens rencontrés au centre ville. C'est le cas de Ibrahima Badji, agent administratif au Bureau régional des valeurs mobilières (Brvm) et de son ami Souleymane Sané, technicien de surface. ''Malheureusement nous ne sommes pas au courant de cette alerte''.

 

Évoquant le conflit au Mali, Ibrahima Badji pense que c'est une bonne chose. ''En tant qu'ancien militaire, je pense que c'est bien d'alerter les gens. Nos voisins du Mali sont en guerre. C'est normal que les gens se méfient, la menace est permanente'', dit-il. Malgré l'annonce de cette nouvelle, les gens ne semblent pas inquiétés. ''Non! Je ne suis pas inquiet. De toute façon on est là. On continue à travailler'', déclare Souleymane Sané. ''Moi, je l'ai entendu d'un ami qui est parti, parce qu'il a peur. Mais moi, je reste. Je n'ai pas peur'', martèle un antiquaire établi à l'Avenue Georges Pompidou, qui préfère garder l'anonymat.

 

Sur cette avenue d'ailleurs, les fidèles musulmans n'ont pas dérogé au rituel du vendredi. Ces derniers n'ont pas manqué à la prière du jour. Ils ont étalé, comme d'habitude, leurs nattes de prière de part et d'autre des trottoirs. Vêtu d'un jean bleu et d'un Lacoste noir, Abraham Ngom, d'un pas pressé, du haut de son mètre 85, se dit croyant et s'en remet à la volonté divine. ''Je suis croyant. Ce qui doit arriver arrivera de toute façon. Je me soumettrai à la volonté divine'', dit l'assistant logistique. Bien coquette dans sa tenue traditionnelle mauve, Zahra Ndiaye, étudiante à l'Ucao en compta-finance, se félicite d'une telle décision, mais ne se sent pas inquiète. Interpellés sur l'alerte à la bombe, les agents de la police trouvés à la devanture du commissariat central, à la Rue Docteur Thèze X Thiong, n'en sont pas plus informés que les citoyens lambda.

 

''Nous ne sommes pas au courant. C'est vous qui nous l'apprenez'', dit l'un d'entre eux. D'autres pensent qu'il ne s'agit que d'une fausse alerte. C'est le point de vue de deux policiers à la retraite, 65 ans environ, assis à côté d'un péage de stationnement endommagé, à la rue Sandiniéry. ''Nous n'y croyons pas. Nous sommes à la retraite certes, mais s'il y avait une telle alerte, nous l'aurions su'', soutiennent-ils.

 

 

 

Louis Georges Diatta