«Abdoul Mbaye pourrait être poursuivi de complicité de blanchiment d'argent si...''
Selon l'avocat Me Ousmane Sèye, le Premier ministre, Abdoul Mbaye, n'est pas encore tiré d'affaire si, dans le dossier Hissène Habré, l'État tchadien se décidait à réclamer le trésor de guerre emporté dans sa fuite par l'ex-homme fort de Ndjaména.
''Le Premier ministre, Abdoul Mbaye, pourrait être poursuivi pour complicité de blanchiment d'argent si le gouvernement tchadien demandait aujourd'hui la restitution de tout l'argent (du Tchad) qui a été planqué au Sénégal''. Selon Me Ousmane Sèye, ''l'ancien président tchadien, Hissène Habré, est venu au Sénégal avec beaucoup d'argent qui appartiendrait au peuple tchadien''. De ce fait, ''l'origine de cet argent est illicite''.
Et, souligne le tonitruant avocat qui était hier l'invité de l'émission Grand Jury sur la Rfm, ''s'il y avait en ce moment-là des organismes comme la Centif, il serait poursuivi pour blanchiment d'argent''. À cet égard, note le technicien du droit, ''rien n'empêche, aujourd'hui, le gouvernement tchadien de réclamer cet argent''. Mais il faut en chercher les voies et moyens car il existe des dispositions sur le plan international et des conventions internationales sûrement ratifiées pas l'État tchadien, qui lui permettraient de réclamer ces sommes''.
Interpellé par EnQuête, Me Ousmane Sèye est d'avis que ''les victimes tchadiennes qui voudraient se défendre peuvent user de toutes les procédures pour faire entendre n'importe quelle personne dans cette affaire.'' A ses yeux, il ne fait point de doute que ''le Premier ministre (sénégalais), dès l'instant qu'il reconnaît avoir planqué cet argent en tant que banquier, peut être poursuivi pour complicité''. ''Si le gouvernement tchadien demandait aujourd'hui la restitution des sommes, Hissène Habré serait impliqué, de même que tout autre complice'', insiste-t-il.
La responsabilité du Premier ministre Abdoul Mbaye a toujours été évoquée dans le cadre de cette affaire. Mais il s'est toujours défendu d'avoir agi en tant que banquier à une époque où il n'y avait pas de loi sur le blanchiment d'argent. Cependant, relève encore Me Sèye, ''dans la mesure où Habré est poursuivi aujourd'hui pour des faits qui remontent d'il y a trente ans, rien n'empêche, aujourd'hui, le peuple tchadien de faire entendre qui il veut dans le cadre de cette affaire''.
ASSANE MBAYE