Le MIRS indexe la mairie de Dakar
On croyait la question de la dialyse en voie de règlement. Il n'en est rien, si on en croit le Mouvement des insuffisants rénaux du Sénégal (MIRS) qui a dénombré 65 morts en 6 mois, dans un centre de dialyse dénommé Americare. Le MIRS a en ligne de mire la mairie de Dakar.
Le Mouvement des insuffisants rénaux du Sénégal (MIRS) part en guerre contre la mairie de Dakar. Il souhaite que l'institution dirigée par Khalifa Sall soit mise sous délégation spéciale. Parce qu'elle se serait rendue coupable de ''non assistance à personnes en danger'', en s'associant à ''un aventurier américain pour exploiter un centre de dialyse nommé Americare Medical Ville de Dakar qui, en 6 mois, a enregistré près de 65 morts''. À ce propos, le Mouvement organise aujourd'hui une conférence de presse.
Selon la note parvenue à EnQuête et signée par leur porte-parole, Fatou Sy, le Mouvement des insuffisants rénaux a décidé de porter l'affaire devant le président de la République, le ministre de la Santé et le procureur de la République. Dans la mesure où la mairie a commis un crime de lèse-majesté en décidant ''d'exclure du centre le président du Mouvement El Hadji Hamidou Diallo, le mettant ainsi en danger de mort''.
''Si je ne fais pas ma dialyse, (…), je vais faire un arrêt cardiaque dans moins d'une semaine''
En effet, dans la plainte déposée contre Americare Medical Ville de Dakar et adressée au procureur de la République, dont EnQuête détient copie, El Hadji Hamidou Diallo renseigne que le Mouvement poursuit la structure américaine pour non assistance à personnes en danger et tentative d'homicide volontaire. Il souhaite l'ouverture d'une enquête pour faire la lumière sur ces morts qu'il juge ''suspectes au sein du centre de dialyse''. Dans la plainte, le président revient sur les péripéties qui l'ont conduit à cette situation désespérée. Il a déposé une demande de protection auprès du commissaire de Dieuppeul, le 4 juillet. Cinq jours plus tard, le 9 juillet, il a reçu de Me Alassane Cissé une mise en demeure datée du 5 juillet, qui lui a notifié qu'Americare Medical ''ne peut plus prendre le risque de (le) laisser entrer dans le centre médical''.
Auparavant, le 2 juillet, le Mouvement demandait au procureur d'ouvrir une enquête sur ces cas de morts, en pointant ''l'équipement du centre'', les ''pannes'' récurrentes et les ''nombreux accidents en cours ou en fin de dialyse''.
''Cette décision délibérément prise par cette structure privée, en dehors de toute décision de justice, me condamne à mort'', indique le plaignant. Etant entendu que, dit-il : ''La faiblesse de mes moyens financiers m'a maintenu dans ce centre de dialyse qui est un véritable cimetière et qui continuera de l'être dans l'impunité, si la justice ne s'en mêle pas''. El Hadji Hamidou Diallo poursuit son exposé par cette note alarmante : ''Si je ne fais pas ma dialyse aujourd'hui, Mercredi et le vendredi prochain, je risque des complications qui se termineront par un arrêt cardiaque dans moins d'une semaine. Et ils le savent.''
La version de Americare
Ce centre de dialyse est le fruit d'un partenariat avec la ville de Dakar. L'État du Sénégal fournit gratuitement les kits de dialyse et la structure dispense des dialyses à 13 500 F la séance. EnQuête détient également la mise en demeure servie par Americare Medical Ville de Dakar au plaignant. Le document de Maître Alassane Cissé bat en brèche les accusations énumérées plus haut. Notamment l'information selon laquelle 65 morts ont trouvé la mort au centre. ''Sur la liste des 61 patients que vous avez communiquée, une dizaine sont bien toujours en vie'', souligne l'avocat. Il poursuit qu'une ''grande partie n'a jamais été dialysée au centre Americare'' ; tandis que ''d'autres sont décédés dans les locaux d'autres centres de dialyse''.
En outre, le centre de dialyse précise que ''personne ne meurt de la dialyse mais des pathologies existantes inhérentes au malade concerné. La mise en demeure renseigne également que Americare a refusé ''de verser à MIRS (association légalement enregistrée) des commissions de 5000 F Cfa par branchement'', sur la demande du président du MIRS.
Gaston COLY