Publié le 27 Jul 2013 - 13:20
MALADIES CARDIOVASCULAIRES AU SENEGAL

 L'urgence d’agir !

 

Les maladies cardiovasculaires sont, avec le paludisme, l’une des premières causes de décès au Sénégal. Or ces affections cardiovasculaires ne sont pas prises en charge de la meilleure des façons, a déploré le cardiologue Abdoul Kane.

Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de décès dans le monde. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) chiffre le nombre de décès imputables à ces affections à 17,1 millions par an soit 29% de la mortalité mondiale totale. Le Sénégal n’échappe pas à cette tendance morbide.

Selon le cardiologue Abdoul Kane, chef du service de cardiologie de l’hôpital Général de Grand-Yoff (HOGGY), le Sénégal est même dans le peloton de tête des pays les plus touchés. D'après l'enseignant à la Faculté de médecine de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), ces maladies ''représentaient en 2005 la deuxième cause de décès dans la population en général après le paludisme, et la première cause de décès chez les adultes''.

D'après le spécialiste, ''beaucoup de malades sont hypertendus, c'està-dire 20 à 25% de la population, beaucoup ont du cholestérol ou sont diabétiques et d’autres fument'', fait-il savoir. ''Si vous avez un excès de poids, si vous fumez, si vous êtes diabétiques, vous avez probablement plus de risques pour développer ces maladies'', a prévenu Abdoul Kane qui animait, hier, à la Polyclinique de Médina à Dakar, une séance académique, organisée par l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANST). La rencontre portait sur le thème : ''La lutte contre les maladies cardiovasculaires au Sénégal : il est temps d’agir.’’

Les couches défavorisées plus affectées

A en croire le cardiologue, la prévalence au Sénégal est de 5 à 7,4 pour mille, soit au-delà des normes de l’OMS. Et les couches défavorisées semblent être les plus touchées, poursuit-il. Or, bien que fréquentes au Sénégal, les maladies cardiovasculaires ne sont pas bien soignées : ''Elles ne sont malheureusement pas prises en charge de la meilleure des façons’’, a déploré Abdoul Kane. Lequel l'explique par un défaut de dépistage de ces maladies, de contrôle. Ou lorsque c'est fait, ''la maladie n’est pas toujours bien contrôlée par des professionnels de la santé qui ne sont toujours pas outillés pour prendre en charge, le mieux possible, ces maladies cardiovasculaires''. En outre, dit-il, ''peu de structures sont capables de faire le bon diagnostic''.

Prévenir ou se soigner correctement

M. Kane rappelle que les maladies cardiovasculaires sont le plus souvent dues à une mauvaise alimentation, à une inactivité physique, au tabagisme, à un âge avancé… Ainsi, le professeur Abdoul Kane recommande deux attitudes principales pour y faire face : ‘’Tu n’es pas encore malade, il faut prévenir la maladie ; vous êtes déjà malade, il faudrait qu’on vous donne la possibilité de vous soigner correctement.'' Pour la prévention, indique le cardiologue, il est essentiel d’éduquer les populations à mieux comprendre ces maladies. Il conseille aux personnes avec des risques potentiellement plus élevés d’aller se faire dépister le plus rapidement possible. ''Si vous avez une crise cardiaque qui arrive, dans les deux à trois heures, vous avez 90% de chance de le sauver. 20 heures après, vous n’avez plus que 10% de chance de le sauver. Il faut donc que la prise en charge soit proche des populations'', préconise M. Kane.

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