Les agriculteurs de Diamniadio se rebiffent

Le futur centre de conférence devant abriter le 15e sommet de la Francophonie est l'objet de contestations de la part des agriculteurs de Diamniadio qui s'estiment dépossédés de leurs terres fertiles alors que, relève un ingénieur agronome, la zone retenue n'est pas propice pour la viabilité du projet.
Le Centre international de conférence devant abriter le prochain sommet de la Francophonie doit être érigé sur les terres de l’ancien Bud Sénégal, à Diamniadio. Pour le projet, il sera nécessaire de prendre 50 hectares de terre aux centaines de cultivateurs de la zone. Ces derniers, désormais constitués en collectif, parlent d’expropriation et d'une «loi du plus fort» que l’Etat serait en train d’exercer contre eux.
De l’avis de Moussa Sow, président dudit collectif, la construction du centre de conférence dans la zone culturale ne causera que des torts. «Treize propriétaires seront expropriés de leurs champs de manière abusive», explique-t-il. «Une grille d’indemnisation a été déjà établie par l’autorité étatique sans aucune consultation et elle est largement inférieure à la valeur réelle des terres arrachées à leurs ayants-droit». Ce qu’il compare à un manque de considération de la part des autorités. «L’Etat du Sénégal a manifesté un manque notoire de respect à l’égard des exploitants qui travaillent sous le soleil ardent depuis plusieurs années à la sueur de leur front.»
Pour Moussa Sow, une question s'impose plus que jamais : «comment faire une évaluation sans tenir compte du manque à gagner que vont subir les exploitants», s’est-il demandé. Tout en signalant que lui-même vient de perdre ses trois hectares et quarante millions d’investissement avec le terrassement de sa propriété.
Exploitant agricole dans la zone, l’ingénieur agronome Oumar Dème signale qu’il n’y a pas encore de rupture dans le comportement du nouveau régime avec toutes les désagréments que subissent les cultivateurs. Une absurdité pour lui. «Je ne comprends pas pour quelle raison il y a un investissement de 4 milliards de francs pour un réseau d’alimentation en eau des agriculteurs de la zone. C’est une contradiction car, lorsqu'on parle de Beer Thialane qui fait 18 km, comment peut-on y ériger des habitations ? Les gens étaient contents mais aujourd’hui, nous sommes menacés…» Pour cet ingénieur, il est possible de trouver d'autres terres pour le centre de la francophonie, au lieu de démolir des champs avec des bulldozers».
A ses yeux, les terres de Bud Sénégal sont une zone non aedificandi. «Ce sont des sols gonflants qui craquent. Ce n’est pas propice à l’habitation. La pédologie démontre que ces sols sont composés en profondeur de deux mètres d’argile pur et du calvaire en dessous».
Rappelons que les terres de l’ancien Bud Sénégal font partie des terres les plus riches du Sénégal. Constituées de sols lourds et très riches, elles sont favorables aux grosses productions agricoles en toute période. C’est ce qui explique que durant les années 1970, on y produisait environ 18 000 tonnes de légumes chaque année. Une quantité jamais atteinte dans d'autres zones maraîchères du pays.