Avant le combat dans l'arène, une autre s'est jouée dans les gradins du stade Demba Diop entre supporters des deux lutteurs. Sous la surveillance d'un impressionnant service d'ordre, les deux camps ont été sages pour une confrontation que l'on craignanit pourtant.

Vers 16h30, le stade Demba Diop commence déjà à faire le plein. Toutes les mesures de sécurité semblent avoir été prises afin d’éviter toute altercation entre les fans des deux lutteurs. Les supporters de Modou Lô sont placés sur un axe allant d'une partie de la tribune découverte à la tribune dit virage qui donne sur l'avenue Bourguiba, les fans d'Eumeu Sène occupant l'autre moitié de la tribune découverte.

L’ambiance est à son paroxysme quand les deux lutteurs font à tour de rôle la danse habituelle d’avant combat, dans un fort brouhaha. Le décor est bien au rendez-vous avec les t-shirts à l’effigie des deux lutteurs. Les fans clubs ne sont pas en reste, surtout avec les sympathisants du Pikinois venus de Gambie. Le drapeau gambien flotte même aux côtés de la célèbre banderole aux couleurs verte et rouge de l’As Pikine (football).

Toutefois, la sérénité règne dans les gradins contrairement aux appréhensions suscitées depuis la signature du combat. Les esprits s’échauffent de temps à autre mais sans débordement. Un jeune homme a failli se faire tabasser par des supporters Pikinois pour avoir trop cherché à montrer son t-shirt à l’effigie du lutteur de l’écurie ‘’Rock énergie’’.

‘’Celui qui ne supporte pas Eumeu Sène n’a qu’a rentrer chez lui, mais il ne restera pas ici’’, avertissent des supporters déchaînés. Heureusement pour lui, une jeune fille le sauvé en calmant ses amis. ‘’Laissez-le tranquille. C’est moi qui lui ai donné le t-shirt, c’est un mécanicien.’’

Dispositif sécuritaire impressionnant

Comme prévu par le Comité national de gestion de la lutte (CNG), le dispositif sécuritaire déployé est énorme. Dissuasif. Aux alentours du stade, jusque dans les tribunes, des éléments de la gendarmerie et de la police sont déployés, prêts à intervenir en cas de désordre.

Une bonne distance est maintenue entre les deux camps. Dans les allées des gradins, on note la présence d'éléments du Groupement d’intervention mobile (GMI) et des sapeurs pompier. L’escadron monté de la gendarmerie assure l’ordre dans les rangs pour accéder au stade.

Montée d’adrénaline

La pression monte vite d’un cran chez les supporters des deux camps quand les deux lutteurs se dirigent vers le cercle à l’appel du coup de sifflet de l’arbitre. La crainte est visible et nette sur les visages des nombreux passionnés entassés dans les tribunes. Les chants se font rares.

De temps en temps, des voix s’élèvent pour encourager les protagonistes. Certains marmonnent des prières comme pour exhorter Allah de donner la victoire à leur idole. Presque tout le stade est débout au coup de sifflet de l'arbitre Sitor Ndour.

De part et d’autre, des cris sont audibles à chaque action entreprise par un des lutteurs. Le temps passe et rien ne se passe. Le doute s’installe chez certains qui n’hésitent pas à crier le nom de Balla Gaye 2. ‘’Si c’était Balla, le combat était déjà plié...», s'impatientent certains. ‘’C’est quand il saigne que notre lutteur (Eumeu Sène) se bat comme un lion’’,  clame un supporter pendant que son favori se fait soigner par le médecin.

Effervescence et pleurs

Par moment, des supporters s’improvisent coach de Modou Lô. «Vas y Modou, prends le. Recroqueville-toi sur tes jambes, ton adversaire est court’’, lance un jeune homme à l’endroit du Rock des Parcelles assainies. Qui ne peut l'entendre du reste ! A peine ces consignes données, Modou Lô met son adversaire à terre. C’est l’explosion totale. «C’est le champion de l’arène», crient les supporters remplis de joie.

Du côté des Pikinois, c’est tristesse et désolation. Ils n’ont que leurs yeux pour pleurer. Et un jeune handicapé en fait vite les frais, sévèrement balancé à terre par son propre accompagnant...