La LSDH demande aux députés sénégalais d’oublier cette idée
La Ligue sénégalaise des droits de l’homme (LSDH) a écarté hier toute recevabilité ou possibilité d’examen ou de discussion officielle d’un quelconque rétablissement de la peine de mort au Sénégal.
Les députés sénégalais doivent abandonner l’idée d’un rétablissement de la peine de mort, selon la LSDH. Dans une note dont EnQuête détient copie, l’organisation les invite à ne pas concourir à enfreindre ou à anéantir les dispositions de la Constitution. A l’occasion de la journée mondiale contre la peine de mort, la LSDH tient à rappeler pour le dénoncer que ‘’ces derniers mois, en raison d’une recrudescence de la violence au Sénégal, des parlementaires ont émis le souhait de voir le rétablissement de la peine de mort au Sénégal’’.
Elle précise que depuis lors, elle n’a cessé d’exprimer ses vives préoccupations par rapport à la proposition de loi visant ledit rétablissement de la peine de mort au Sénégal. De rappeler que la peine de mort a été abolie par l’Assemblée nationale en 2004, suite à un long combat des ONG pour la primauté des valeurs d’humanisme et de respect de la dignité humaine. Ce qui est contenu dans la loi n° 2004 - 38 du 28 décembre 2004 portant abolition de la peine de mort qui a abrogé les articles 7 et 12 du Code pénal issus de la loi n° 65 – 60 du 21 juillet 1965.
En ce 10 octobre 2014, journée mondiale contre la peine de mort, le président de la LSDH, Assane Dioma Ndiaye et ses camarades attirent à nouveau l’attention du gouvernement sénégalais et du bureau de l’Assemblée nationale que « dans un Etat de droit, toute initiative publique pour être recevable ou tolérée doit être conforme à la Constitution et aux Principes non dérogeables de la République’’.
Moustapha Lô et Abdou Ndafakh Faye, les seuls ayant subi la peine de mort au Sénégal
Dans ce cadre, l’alinéa 1er de l’article 07 de la Constitution sénégalaise du 22 janvier 2001 indique que ‘’la personne humaine est sacrée. Elle est inviolable’’. Le même alinéa indique également que l’Etat du Sénégal a ‘’l’obligation de la respecter et de la protéger’’. L’alinéa 2 du même article énonce que ‘’tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité, au libre développement de sa personnalité, à l’intégrité corporelle notamment à la protection contre toutes mutilations physiques’’.
Selon la LSDH de telles dispositions constitutionnelles font défense à l’Etat du Sénégal de recourir à toute forme d’atteinte à la vie humaine et à l’intégrité physique ou corporelle des personnes. Il faut rappeler que la peine de mort n’a été pratiquée que deux fois au Sénégal. La première fois, c’était contre Moustapha Lô exécuté en 1967 pour avoir tenté d’assassiner le président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor. La deuxième fois, c’était contre Abdou Ndafakh Faye, reconnu coupable du meurtre du député Demba Diop, et exécuté.
AMADOU NDIAYE