Assistance, toujours coupable…
Dites le moi si j’ai raté quelque chose. Il y a une semaine le correspondant de la RFM parlait de 15 morts depuis le début de l’hivernage dans la zone de Matam. Les causes de ces cas de décès : noyade ou effondrement de bâtiment. Il a bien dit 15 morts ! Et puis rien. Il a fait son job l’ami Ali Bandel Niang, c’est le confrère qui couvre cette partie du pays pour la radio futurs médias. Mais on peut lui reprocher de ne pas faire assez de tapage sur ces cas de décès. Le même reproche est fait à toute la presse engluée dans des débats parfois stériles souvent relevant juste d’intérêts personnels. Je n’ai pas de problème avec Massamba ou Mademba mais j’ai parfois un problème avec la manière dont mon métier est pratiqué dans ce pays, ce qu’il pose comme priorité.
Pour des choses qui ne représentent absolument rien devant ce drame, les éditorialistes retrouvent toute leur inspiration pour remplir des pages entières, les radios avec un certain type d’auditeurs nous tympanisent dans des interminables « wakh sa khalat ». Nous sommes tous coupables. La société civile prompte à occuper les médias dans des affaires politiques ou des questions de droits de l’homme, n’a pas apparemment la même sensibilité quand on parle de morts à l’intérieur du pays. Dans d’autres pays où la personne est au cœur des préoccupations et de façon très sérieuse, une telle affaire serait à la Une de la presse, les gouvernants sur place, pour permettre à tout le monde de savoir ce qui s’est passé et faire de telle sorte que pareilles situations ne se reproduisent plus. Il est même bon de faire le déplacement pour juste rappeler aux parents leur responsabilité dans la protection de leurs enfants.
Les discours sont encore loin de recouper les réalités quotidiennes. PSE ou PUDC, l’hymne est le même, le bien-être des Sénégalais est la préoccupation principale, dans ce cas comment peut-on comprendre ce silence et toute cette négligence coupable des autorités, de la base au sommet. Malheureusement nous somme dans un pays où l’on parle beaucoup et on agit peu et les beaux parleurs sont au devant de la scène et leurs discours mielleux risquent de perdre un dirigeant non averti.
Assistance coupable, était le titre d’une contribution que nous avions publiée en 2012 après la disparition de presque toute une famille suite à l’effondrement de leur maison à Matam. A l’époque la presse avait encore relégué le drame au second plan et avait tourné la page très rapidement. L’autorité avait fait le déplacement pour parler des mesures à prendre pour que des catastrophes similaires ne se reproduisent plus. Aujourd’hui encore c’est dans la même région, les mêmes victimes, pire l’autorité administrative est aujourd’hui absente. Alors, l’assistance est toujours coupable !
Nos critiques n’enlèvent en rien la qualité intrinsèque de la presse Sénégalaise. Nous pouvons toujours compter sur celle-ci pour exposer à la face de nos autorités et du monde, le mal vivre de certaines couches du peuple dans n’importe quel coin du territoire national.
NDIAGA DIOUF, un simple journaliste