Publié le 22 Feb 2016 - 18:33
REMOUS AU SEIN DE LA SCASA

Rien ne va plus entre les travailleurs et le repreneur coréen

 

Les travailleurs de la Société de conserverie en Afrique (Scasa) ne se retrouvent plus dans les plans du Directeur général Jong Koo Lee. Ils dénoncent sa gestion qui, pour eux, est ‘’calamiteuse’’ et appellent le gouvernement à intervenir, pour sauver l’industrie thonière.

 

En octobre 2013, la relance de la Société nationale de conserverie du Sénégal (SNCD), devenue la Société de conserverie en Afrique (Scasa), avait été faite en grande pompe. Le président de la République Macky Sall avait lui-même présidé la cérémonie d’inauguration des nouvelles installations de cette société au port autonome de Dakar. L’ambition était de maintenir les 1500 emplois directs de la défunte SNCD. Mieux, le nouveau repreneur, le groupe sud-coréen Dongwon, avait promis de créer 3000 emplois à long terme. Mais que nenni ! Si l’on en croit l’Intersyndicale des travailleurs de la Scasa, plus de deux ans seulement après la reprise, la société traverse des difficultés.

Selon le président du collège des délégués, ‘’la Scasa est au bout du gouffre’’. Il s’exprimait samedi dernier à la Bourse du travail, à l’occasion d’une conférence de presse de son organisation. Dans une salle pleine à craquer, l’amertume se disputait la déception parmi des ouvriers remontés à bloc. D’ailleurs, les banderoles affichées un peu partout ne laissaient aucun doute sur leur état d’esprit : ‘’Scasa : une gestion calamiteuse des Coréens, 5 milliards de pertes en 4 ans’’ ; ‘’Scasa : un échec pour la création d’emplois, moins de 400 emplois pour 3000 prévus’’, entre autres. Des slogans qui résument les difficultés que traverse l’entreprise.

Aujourd’hui, les travailleurs ne se retrouvent plus dans la gestion de ‘’M. Jong Koo Lee, le Directeur général et de son équipe’’. Ils exigent tout simplement ‘’son départ’’, si le gouvernement veut sauver l’industrie thonière au Sénégal. À cause de cette ‘’incompétence’’ dans la gestion, accusent les travailleurs, ‘’certains clients européens ont tout bonnement annulé leur commande, à la suite de réclamations faites sur des quantités importantes de poches défectueuses’’.

‘’Aucun objectif atteint’’

L’intersyndicale fustige, en même temps, une mauvaise gestion des finances de l’entreprise. Sur ce plan, elle constate ‘’qu’il n’y a aucune visibilité ni aucune maîtrise sur les commandes surtout d’intrants’’. Ce qui, ajoute-t-elle, ‘’peut freiner le bon déroulement des plannings de production qui n’existent d’ailleurs que sur le papier’’. Le groupe coréen détient 60% du capital de la Scasa. Il avait aussi comme objectif une production journalière de 200 tonnes. Le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts), Lamine Fall, qui a lu la déclaration préliminaire lors de cette conférence, renseigne que la moyenne de tonnage, depuis 2013, est de 25 tonnes par jour. En somme, M. Fall signale ‘’qu’aucun des objectifs fixés au départ n’a été réalisé’’. ‘’La gestion coréenne est cahoteuse, basée sur l’ignorance et l’amateurisme’’, accuse Lamine Fall.

Ainsi, les travailleurs interpellent le gouvernement, à sa tête, le chef de l’État, pour ‘’une réaction vigoureuse’’, afin de sauver la Scasa qui se trouve aujourd’hui dans les méandres de l’abîme. 

AIDA DIENE

 

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