Mort en prison du patron du syndicat dissous des transporteurs
Arrêté puis envoyé en prison avec ses camarades pour avoir osé demander la réduction du prix du carburant à la pompe, Sheriff Dibba, le patron du syndicat national des transporteurs gambiens dissous de la Gambia National Transport Control Association (GNTCA) est mort hier dimanche, dans sa cellule du bagne de "Mile Two", à Banjul.
Nos sources à la prison centrale "Mile Two " de Banjul révèlent que Sheriff Dibba était déjà très mal en point au moment de son transfert par les services de renseignement de la "National intelligence agency" (NIA) qui l'ont conduit dans cette prison. Passage obligé pour les personnes accusées de défier l'autorité du Président Yahya Jammeh, la NIA regorge de méthodes particulières pour extorquer des aveux aux malheureux qui atterrissent dans ses salles d'interrogatoire.
Ce fut le cas de Dibba dont les conditions de santé se sont détériorées à la Prison de Mile Two où il avait été confiné après avoir été accusé, il y a quelques semaines, d'avoir commis des crimes économiques. Une accusation tombée en même temps que la dissolution de son syndicat et la publication d'un nouveau décret annonçant que la collecte des contributions quotidiennes entre chauffeurs, plus connues sous le nom de "mandats", est désormais un crime économique.
C'est sur cette base qu'il a été envoyé en prison où il est décédé ce dimanche vers 11 heures, en milieu de journée. Pris de panique, les responsables de la prison ont transféré le corps au centre de santé de Bakau, le temps de savoir la conduite à tenir. La rumeur du décès de Sheriff Dibba allant crescendo, les autorités furent obligés d'annoncer la triste nouvelle à sa famille dans la soirée, vers 19 heures GMT.
Sheriff Dibba était bien connu de ses pairs sénégalais dont il était l’interlocuteur privilégié en périodes récurrentes de tensions sur fond de blocus frontalier entre le Sénégal et la Gambie, comme c’est le cas en ce moment. Sa dernière bravade de trop aura été celle de s’attaquer au cœur des sources de revenus de Jammeh qui détient le contrôle exclusif du stockage et la distribution des hydrocarbures en Gambie. Mohamed Bazzi, son associé dans "Gampetrolium", a fui la Gambie depuis bientôt un an.