Me El Hadj Sall condamné à 3 mois de sursis
La Chambre spéciale de la Cour d’appel de Dakar a condamné, hier, Me El Hadj Amadou Sall à une peine de trois mois assortie du sursis pour offense au Chef de l’Etat et appel à l’insurrection.
Me Hadj Amadou Sall a offensé le chef de l’Etat et a bel et bien fait un appel à l’insurrection. Tel est le sens de la décision rendue hier, par la Chambre spéciale de la Cour d’appel de Dakar. Le juge Demba Kandji et ses assesseurs l’ont reconnu coupable. Pour la répression, l’ancien Garde des Sceaux a écopé de trois mois assortie du sursis.
Les juges ont rejeté la demande de relaxe de ses avocats, ainsi que toutes exceptions de nullité qui avaient été soulevées. Lors du procès, les conseils de Me Sall avaient jugé les poursuites irrégulières, en soutenant qu’elles ont été menées par un officier de police judiciaire sous la diligence du procureur de la République au détriment du parquet général. Ils avaient également dénoncé l'absence de l'avis du bâtonnier et d'une plainte du Chef de l'État.
A la barre, l’ancien ministre libéral avait clamé son innocence en soutenant que ses propos ont été sortis de leur contexte et n’avaient rien d’offensants. En mars dernier, à la veille du verdict de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) dans l’affaire Karim Wade, Me Sall, intervenant lors d’un meeting organisé à Guédiawaye, avait dénoncé ‘’l’incompétence’’ du régime de Macky Sall et invité les femmes à le chasser du pouvoir à l’aide d’ustensiles de cuisine.
REACTION ME CIRE CLEDOR LY ‘’Ce genre de procès tue la démocratie’’ ‘’Je ne suis pas satisfait de la décision. Il est clair que c’est une décision d’apaisement. Même si Me Sall a écopé du sursis et que les gens se disent qu’il n’y a pas de grand dommage, ce genre de procès tue la démocratie. Dans toutes les grandes démocraties, ce sont les juges qui poussent les institutions à l’avancement. Ils poussent l’Exécutif et le Législatif et aident aussi le quatrième pouvoir ; le pouvoir de l’information qui permet une régularisation d’une société stable et démocratique. Il faut beaucoup de hardiesse aux juges pour dire Basta à l’Exécutif : « Vous ne pouvez pas tuer la liberté d’opinion, le droit qu’ont les citoyens de critiquer la marche des institutions et du mode de gestion des pouvoirs.» Pour le pourvoi en cassation, je ne pense pas que c’est nécessaire, car cela mobiliserait des avocats et du temps. Sur le plan professionnel et politique, cela va prendre de l’énergie à Me Sall. Donc, je ne pense pas qu’il va le faire. Puisque c’est un collectif, nous n’avons pas encore décidé, mais si j’étais seul, sur le principe, nous irions jusqu’au bout. La condamnation n’a aucune influence sur sa carrière, car dans tous les pays, ces infractions sont classées comme des infractions politiques’’. |
FATOU SY