Publié le 8 Apr 2016 - 20:20
EX-DETENUS DE GUANTANAMO

Mankeur Ndiaye recadre le débat

 

Le ministre des Affaires étrangères souhaite que l’opinion se concentre sur le bien-fondé de l’intervention humanitaire du Sénégal au lieu de mal interpréter l’accueil des deux ex-détenus libyens de Guantanamo.   

 

C’est un Mankeur Ndiaye ulcéré par les positions ‘‘ridicules’’ et les commentaires ‘‘saugrenus’’, les ‘‘confusions’’ et ‘‘amalgames’’ sur l’accueil des ex-détenus libyens de Guantanamo qui a tenu à mettre les choses au point. Le chef de la diplomatie sénégalaise, dans un communiqué, précise qu’il ‘‘ne s'agit de rien d'autre que de répondre à une sollicitation d'ex-détenus africains et musulmans qui ont souhaité se réinstaller au Sénégal, après leur élargissement’’. Le ministre des Affaires étrangères souligne d’ailleurs que ‘’leur cas a fait l'objet d'une minutieuse et approfondie étude par un Comité d'examen périodique créé par les autorités américaines qui a finalement abouti à la conclusion qu'il n'y avait pas de raison de les garder en prison’’. 

Après 14 années de détention sans qu'aucune charge ne soit retenue contre eux, Salem Abdul Salem Ghereby 55 ans, et Omar Khalif Mouhammed Abu Bakr Mahjour Umar 44 ans, quittent Guantanamo par ‘‘un geste humanitaire’’ du président américain Barack Obama qui en avait fait une promesse de campagne. Nombre d'Etats et d'ONG, actifs dans la défense des droits humains, ont demandé la fermeture de cette prison où sont détenus sans jugement des dizaines de personnes d'horizons divers, d'Asie et d'Afrique à l’exemple de ces deux ex-détenus libyens. Avec le Sénégal, ce sont 27 autres pays qui ont fait ce geste humanitaire dont le Maroc, les Emirats Arabes Unis, le Kazakhstan, la Bosnie-Herzégovine, Oman, tous membres de l'Organisation de la coopération islamique OCI), la France, le Ghana, le Cap-Vert, le Canada, la Slovaquie etc.

Pas de contrepartie

Le Sénégal a marqué son accord, après une année d’étude du dossier. Par souci de transparence, le gouvernement a même sorti un communiqué le 4 avril, juste avant l’annonce du Département d’Etat américain et du Pentagone. Et pour les commentaires qui découlent de cet accueil, le ministre se demande ‘‘comment un gouvernement engagé dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent peut-il se permettre d' « importer » des terroristes et de porter atteinte à la sécurité et à la tranquillité de ses citoyens’’ ? Le ministre Mankeur Ndiaye de préciser qu’à part cette intervention humanitaire, la partie sénégalaise n’a eu aucune autre exigence. ‘‘Je tiens à dire et à ressasser qu'aucune contrepartie financière ou autre n'a été versée au Sénégal et le Gouvernement n'en a réclamé aucune, car il s'agit d'un geste humanitaire en faveur de frères africains dont le pays se trouve dans une situation sécuritaire extrêmement difficile’’. Le ministre a également insisté sur le point que ces deux frères libyens ne ‘‘sont pas en prison au Sénégal. Ils pourront rester vivre au Sénégal ou regagner leur patrie, si les conditions le permettent demain et s'ils le souhaitent’’. 

OUSMANE LAYE DIOP

 

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