Publié le 20 Jun 2016 - 20:02
LUTTE CONTRE L’EXPLOITATION ILLICITE DE BOIS

Le gouvernement ouvre un nouveau  « front » en Casamance

 

En se rendant dans la région de Ziguinchor, après avoir constaté de visu l’ampleur du phénomène à Kolda, les ministres de l’Environnement, des Forces armées et de l’Intérieur entendent ainsi  se radicaliser dans la lutte contre la coupe illégale de bois en Casamance.

 

Au-delà de la  lutte contre l’exploitation illégale du bois en Casamance, c’est un  « assaut » final que le gouvernement du Sénégal s’apprête à  lancer contre « ces porteurs de mallettes », pour reprendre les propos du ministre de l’Environnement, et leurs complices, ces « affreux » qui ont choisi de détruire les forêts casamançaises, en contrepartie  de billets aux senteurs parfois gambiennes. Si le Premier ministre avait été sur les lieux, on aurait qualifié le « briefing » qui a eu lieu, ce samedi, à la gouvernance de Ziguinchor, d’une « réunion de crise délocalisée » ou d’un « mini-conseil interministériel décentralisé ». Toujours est-il qu’au sortir de la rencontre, les ministres de l’Intérieur, de l’Environnement et des Forces Armées ont pris la décision « d’intensifier » la bataille contre le trafic illicite de bois en Casamance dont les saisies ne cessent d’augmenter.

« D’importantes saisies » qui, selon le ministre de l’Environnement, illustrent  l’ampleur du phénomène et mettent en exergue les « insuffisances » de la stratégie mise en place pour éradiquer un fléau dont les ramifications sont à chercher au plus profond de la crise en Casamance. En effet, le conflit dans la région méridionale du pays a largement contribué à la naissance d’une économie extravertie. Cette marginalisation de l’économie en Casamance s’est traduite par une culture et une commercialisation à grande échelle du cannabis.

Concentrée au début dans les Îles Karone, cette activité s’est ensuite étendue dans le Nord Sindian, toujours dans le département de Bignona, notamment à Leufeu, jusqu’aux confins de Diaboudior Tangal et Frontière, mais également vers Tambaff. A l’entrée de la piste qui mène à cette dernière localité se trouvait un magasin de conditionnement de cette drogue. Il a été détruit par l’Armée, en août 2006, lors de l’opération « de restauration de la souveraineté nationale et de sécurisation des  personnes et de leurs biens. » Une offensive qui a permis de démanteler la « forteresse de Tambaff », principale base au Nord Sindian de Salif Sadio, mais également certaines positions de « Atika » comprises entre Kourègue,  Kabékel et dans le Djibidione.

Ces opérations et tant d’autres menées n’ont pas permis de venir à bout de ce fléau. Bien au contraire ! Cette zone, véritable « no man’s land » entre 1995 et 2006, a  continué à être ce terreau fertile où, faut-il le souligner, les populations autochtones, certaines factions du MFDC,  mais également des militaires  se sont investis corps et âme pour faire prospérer une économie extravertie et criminelle en Casamance.

Aujourd’hui, en dehors du Nord Sindian et de Diouloulou, c’est presque toute la forêt des Bayottes (arrondissement de Niassya) qui est menacée de disparition. D’où les « cris du cœur » répétés et alarmants de l’ancien ministre El Ali Haïdar ou encore les sorties inattendues de Salif Sadio qui a menacé de représailles sévères tous ceux qui s’activent dans ce trafic. Face à l’ampleur du phénomène, le gouvernement a décidé de réagir avec toute la rigueur requise. Il veut  intensifier le « combat » et ouvrir un nouveau « front » en Casamance avec toute la logistique requise pour  éradiquer à jamais ce fléau. C’est tout le sens de cette mission conjointe qui, ce samedi, a sillonné les départements de Bignona et de Ziguinchor. 

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

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