Les sentiers escarpés de la CMU
Après plus de deux ans de mise en œuvre, la Couverture maladie universelle poursuit son petit bonhomme de chemin. Unanimement salué, le programme peine cependant à remplir les objectifs qu’il s’est assignés. Il faut dire que de nombreux manquements qui ont pour noms : retard dans le remboursement, rupture de médicaments, problème de ciblage… plombent les efforts qui sont déployés. D’où la volonté du président de la République de procéder à une évaluation que les syndicalistes et les professionnels de la santé appellent de leur vœu. Le chef de l’Etat serait aussi tout inspirer d’impulser la création d’infrastructures sanitaires adaptées. En attendant, l’agence de la CMU a tout intérêt à accélérer la cadence, car 2017, la date butoir pour atteindre 75% de couverture maladie, est tout proche. Même si, le Dg Cheikh Mbengue est très optimiste. Fort des 47% déjà atteints.
En lançant le programme Couverture maladie universelle (CMU), le 20 septembre 2013, le chef de l’État Macky Sall disait espérer atteindre un taux de 75% en 2017. Il a, par la même occasion, décrété la gratuité des soins de santé pour les enfants âgés de 0 à 5 ans, les personnes du troisième âge à travers le plan Sésame, et la gratuité de la césarienne. A l’époque, le chef de l’État admettait que, malgré les performances et les efforts réalisés, l’évolution du système de santé sénégalais n’avait pas favorisé l’équité dans l’accès aux soins. Car, seulement 20% de la population bénéficiait d’une couverture maladie, les 80% restants étant composés principalement d’agriculteurs et de travailleurs du secteur informel.
Pour la mise en œuvre de la CMU, le président de la République comptait, par ailleurs, implanter de nouvelles mutuelles de santé et restructurer celles existantes, afin de permettre à chaque collectivité locale d'en disposer. Deux types de subvention sont prévus pour les adhérents. Il y a une subvention partielle couvrant la moitié de la subvention annuelle des personnes ayant les moyens d’adhérer à une mutuelle de santé ; et une autre subvention correspondant à 100% de la cotisation annuelle, ainsi que la prise en charge du ticket modérateur pour les indigents. Les adhérents cotisent 3000 F Cfa et l’Etat donne 3500 F Cfa, chaque année. Les tickets de consultation, de vaccination et d’hospitalisation de l’enfant de 0 à 5 ans dans les postes et centres de santé sont censés être gratuits, depuis octobre 2013. A l’hôpital, la prise en charge au niveau des urgences est aussi gratuite.
En lançant la CMU, le chef de l’État a aussi invité le ministère de tutelle à doter les infrastructures sanitaires de plateaux techniques modernes et de poursuivre la politique de recrutement du personnel de santé. ''Je trouve anormal que la plupart des médecins du Maghreb soit formés ici au Sénégal par des médecins sénégalais et que nos malades soient soignés au Maroc ou en Tunisie. Ce n’est pas normal et il faut doter nos structures sanitaires de matériels adéquats’’, avait déclaré Macky Sall. En 2015, 1 000 agents de santé ont été recrutés. Mais s’agissant du plateau technique, il n’y a pas une grande amélioration. N’empêche que ce programme est bien apprécié par les populations. Surtout par les plus vulnérables qui peuvent se soigner sans débourser une somme colossale, voire aucun franc.
VIVIANE DIATTA