Les producteurs accusent les importateurs de riz et interpellent Macky Sall
Les riziculteurs de la Vallée ont peur. Ils n’arrivent pas à écouler leurs productions et demandent l’intervention urgente du président de la République et un sursaut patriotique de la population qu’ils invitent à consommer le riz local.
Des milliers de tonnes de riz sont en souffrance dans les magasins de la vallée. « Nous avons 37 000 tonnes de riz paddy et 2 500 tonnes de riz blanc chez les riziers. Plus de 11 000 tonnes sont dans les magasins », gémit Oumar Bouya NIANG, le représentant des producteurs de la zone nord. Ce lundi, une visite guidée a été organisée à l’intention de la presse. Ces producteurs pointent un doigt accusateur sur les importateurs de riz. Ils sont d’avis que cette situation est en train de saper les efforts du Gouvernement dans la relance de l’agriculture et l’atteinte de l’autosuffisance en riz. Selon les riziculteurs de la zone nord, seul l’écoulement pose actuellement problème. Ils invitent à un sursaut national pour s’approprier cette production locale dont la qualité, disent-ils, dépasse de loin le riz importé.
Ces producteurs de la vallée sont inquiets. Ils interpellent le chef de l’Etat et le ministre du Commerce et leur demandent de poser les mécanismes nécessaires pour écouler leur riz. Déjà, les riziculteurs rappellent qu’ils se sont réunis pour préparer la campagne prochaine qui va tourner autour 80 000 hectares et 44 000 ha pour la contre-saison. « Si nous faisons le double, ce sera dur pour nous, car le riz de cette saison est entre nos mains. Pour aller en contre-saison, il faut du crédit et le riz de l’année dernière est là, stocké », disent-ils.
‘’Il incombe au citoyen de s’approprier ce riz de qualité’’
Pour éviter la catastrophe qui se profile à l’horizon, ils invitent les commerçants et les importateurs à se ressaisir. « Nous voulons développer ce pays. Nos productions cultivées dans nos terres doivent être vendues et consommées ici », martèle Oumar Bouya Niang qui déplore la piètre qualité du riz importé et ses effets dévastateurs sur la santé des populations. « C’est du riz sauvage. Eux, ils ne le mangent pas », dit-il. Le représentant invite ses pairs à faire bloc à travers une organisation forte pour faire face aux défis de l’enlèvement. « Toutes les dispositions ont été prises pour faciliter l’écoulement du riz. Nous n’attendons que le feu vert des consommateurs pour acheminer la production », déclare Cheikh Diallo, le Président du GIE Nakhadi Derett de Thiagar (Rosso). « L’État et les producteurs ont rempli leurs missions. Il incombe, maintenant, au citoyen de s’approprier ce riz de qualité », ajoute-t-il.
Korka Diaw, présidente du GIE Malal Yoro Guèye, insiste sur les « répercussions dangereuses » de l’importation du riz dans l’émergence du secteur et les menaces qu’elle engendre sur les activités des agriculteurs. « Si nous n’écoulons pas la production actuelle et remboursons nos dettes, l’atteinte de cet objectif sera difficile », souligne-t-elle, en invitant le président Macky Sall à revenir dans la vallée pour s’imprégner de l’ampleur de la situation.
Fara Sylla (SAINT-LOUIS)