Dialogue de sourds
La rencontre, hier, entre l’administration de Yavuz Selim et le gouvernement du Sénégal s’est terminée en queue de poisson. Les deux parties ne sont pas tombées d’accord sur le nouveau modèle d’administration de l’école.
Ce sont des dirigeants du groupe Yavuz Selim très remontés qui ont fait face, hier, à la presse, à la sortie de leur rencontre avec le gouvernement. Selon le PCA dudit groupe scolaire, la réunion est un échec, dans la mesure où ils ne parlaient pas le même langage. L'Etat du Sénégal a rejeté la contreproposition des administrateurs et maintient sa position de mettre l’école sous administration provisoire.
Aux dires de Madiambal Diagne, ses camarades et lui ont accepté de mettre sur la table une contreproposition tout en espérant que l’Etat allait lui aussi lâcher du lest. ‘’Nous avons proposé au gouvernement la généralisation à 100 % de toutes les parts de l'entreprise Yavuz Selim SA. Ce, pour que les enseignements puissent reprendre et que la quiétude revienne à l'école et auprès des parents et des élèves’’, a expliqué Madiambal Diagne. Le gouvernement leur a demandé de préciser cette proposition. Ce qui a été fait.
‘’Aujourd'hui (hier), nous sommes venus pour acter une sortie de crise et acter un compromis. Malheureusement, Serigne Mbaye Thiam nous a fait savoir que le gouvernement campe sur sa position et exige l'administration provisoire. Alors que nous avons estimé qu'il fallait sortir les actionnaires français du capital, éviter que tout étranger ne soit dans le groupe pour permettre une sortie de crise’’, a-t-il souligné. Avant d’ajouter : ‘’Il est clair que l’Etat du Sénégal va utiliser la force de l’Etat. Mais nous allons nous battre devant les juridictions et on verra ce que la justice décidera en définitive.’’
En outre, le PCA du groupe scolaire Yavuz Selim a soutenu que cette démarche de sortir les actionnaires français du capital n’est pas juste et équitable, parce qu’une société peut être détenue à 100 % par des capitaux étrangers. Mais, a dit Madiambal Diagne, puisse qu'il y a une situation de blocage, ils ont estimé avoir fait un sacrifice et consenti des efforts pour trouver une solution avec le gouvernement. ‘’Cela a toujours été notre position. L’actionnariat, nous avons décidé de le sénégaliser à 100 %. Nous avons fait appel à des investisseurs qui ont accepté de venir dans ce projet avec un modèle éducatif, un projet qui permet de relancer Yavuz Selim, malgré les tumultes que l'école a connus cette année. Nous avons fait aussi appel au ministre Moustapha Guirassy, qui est connu dans ce pays comme étant celui qui a été à la base de l’une des plus grandes réussites dans le domaine de l’enseignement supérieur au Sénégal’’, a-t-il fait savoir.
Par ailleurs, il a soutenu que le gouvernement du Sénégal n’est jamais libre dans ses décisions. ‘’Il y a 5 jours, le gouvernement nous a dit que la solution peut être acceptable. Mais, certainement, Ankara a dû taper sur la table pour dire qu’il n’accepte pas cette formule, et le Sénégal a dû battre en retraite. C’est honteux. C’est lamentable. Nous l’avons regretté et nous avons honte pour nous-mêmes et pour notre pays’’, a pesté M. Diagne.
MAMADOU KEBE, PRESIDENT DE L’APE ‘’Le gouvernement va sacrifier 403 enfants défavorisés’’ Pour le président de l’association des parents d’élèves Mamadou Kébé, ils sont sortis de ces négociations désolés, déçus et désœuvrés. Car, en venant à cette dernière rencontre, ils ont pensé qu’une solution définitive allait être trouvée pour l’intérêt des enfants et que ces derniers allaient reprendre les cours aujourd’hui. Mais, à leur grande surprise, a dit M. Kébé, ils ont constaté avoir affaire à un gouvernement qui est dans la communication et non dans la résolution d’un problème. ‘’Si l’Etat décide de mettre Yavuz Selim sous administration provisoire, ce qui est sûr est qu’il n’y aura pas d’élèves à administrer. Parce que les parents d’élèves que nous sommes, nous ne laisserons pas nos enfants entre les mains de n’importe qui. Yavuz Selim SA a fait beaucoup de concessions, mais l’Etat est resté campé sur sa position’’, a-t-il déclaré. Sur sa lancée, Mamadou Kébé a révélé que le gouvernement va laisser en rade 403 enfants défavorisés, car ‘’n’ayant pas de parents capables de leur permettre d’accéder à une éducation de qualité’’. ‘’C’est le gouvernement qui est responsable de ces enfants qui risquent de faire une année blanche’’, a prévenu M. Kébé. Selon lui, c’est le gouvernement qui a privé ces enfants d’une éducation de qualité. ‘’Si nos enfants échouent cette année, nous tenons le gouvernement pour responsable’’. S’agissant de l’avenir de l’école, il a soutenu qu’ils ne vont pas confier leurs enfants à un administrateur provisoire. ‘’On ne le fera pas. L’association des parents d’élèves avisera à temps. Nous allons nous battre pour essayer de trouver de la place aux autres parents, parce que la plupart d’entre eux ont pris les devants en allant inscrire leurs enfants ailleurs’’. |
VIVIANE DIATTA