71 % des femmes accouchent dans les structures de santé
La mortalité maternelle et infantile a baissé au Fouladou. D’après les spécialistes de la santé, ce résultat est obtenu grâce au fait que 71 % des femmes accouchent maintenant dans les structures sanitaires. Cependant, les réseaux routier et téléphonique défectueux influent négativement sur le travail, surtout dans le monde rural.
La réduction du taux de mortalité maternelle est l’un des objectifs de développement durable. Dans la région de Kolda, on est sur la bonne voie. Car, d’après les résultats partagés par la coordinatrice de la santé de la reproduction à la région médicale, le nombre de décès maternels continue de baisser dans la capitale du Fouladou. ‘’Avant, on comptait juste les cas qu’on a reçus dans les cases de santé. Mais, actuellement, on fait une surveillance et on notifie chaque semaine le nombre de cas de décès qu’on a enregistré dans la région ; que ça soit à domicile ou dans les structures de santé. Comparé à la situation d’il y a 10 ans, on note une nette amélioration. D’ailleurs, en 2007, on avait enregistré 50 décès maternels, mais en fin 2016, on était à 36’’, a révélé Mme Badiane née Reine Marie Coly, Coordinatrice de la santé de la reproduction à la Région médicale de Kolda.
Cette ‘’nette’’ amélioration de la santé de la reproduction que connait la région de Kolda, se justifie par plusieurs facteurs. Il y a la construction de nouvelles infrastructures de santé, le recrutement d’un personnel qualifié, entre autres facteurs, mais aussi et surtout le renforcement de la carte sanitaire qui a permis aux populations d’accéder facilement aux soins.
‘’C’est vrai qu’il y a des chantiers, mais il y a la création de beaucoup de structures dans la région de Kolda. Par exemple, à Ndorna, il y avait auparavant une seule structure dans toute la localité. Mais, actuellement, il y a quatre postes de santé de plus qui ont été créés dans la commune. Et dans le district de Kolda et celui de Vélingara, il y a eu de nouvelles créations. Tous ces efforts consentis par l’Etat prouvent qu’il y a l’accessibilité des soins’’, a expliqué Reine Marie Coly.
50 % des femmes font leurs consultations prénatales
Ce n’est pas tout. Conscient de la pénurie des ressources humaines dans la plupart des structures de santé, l’Etat a mis l’accent sur le recrutement d’un personnel de santé qualifié. La coordinatrice de la santé de la reproduction à la Région médicale de Kolda poursuit qu’il y a ‘’le renforcement en ressources humaines qualifiées. Car il y a beaucoup de recrutements ces dernières années. L’Etat a beaucoup fait et les partenaires nous ont appuyés dans ce sens-là. Et même à l’hôpital régional de Kolda, il y a eu un renforcement du plateau technique. Toutes les femmes enceintes ont eu à faire, du moins en 2016, une consultation prénatale. Maintenant, le seul problème que nous avons, c’est de faire les consultations prénatales au premier trimestre de la grossesse’’.
Une situation qui s’explique par le fait que dans la tradition, certaines femmes du Fouladou n’aiment pas montrer très tôt leur grossesse. Ce qui justifie les 50 % qui font les consultations prénatales au premier trimestre. Cependant, seules 43 % parviennent à respecter les quatre consultations nécessaires. Le taux d’accouchement à domicile a aussi baissé.
71 % des femmes accouchent dans les structures de santé
Dans la région de Kolda, l’engagement communautaire a fait tomber les barrières socioculturelles et économiques dans la majorité des villages ne disposant pas de postes de santé. Pour preuve, 71 % des femmes enceintes accouchent dans les structures de santé, selon les spécialistes de la santé. A les en croire, les accouchements assistés et le respect du calendrier des vaccinations sont observés dans la plupart des postes de santé, dans le monde rural. ‘’Les populations fréquentent de plus en plus les structures de santé. Et dans la majorité des villages, aucun cas d’accouchement à domicile n’a été dénombré, même s’il reste du travail à faire afin d’amener toutes les femmes à accoucher dans les postes de santé’’.
En attendant, des progrès sont enregistrés, puisqu’il a été noté la baisse de la mortalité maternelle et infantile. A cela s’ajoute la gratuité de certains soins de santé, des accouchements et de la césarienne. Selon Reine Marie Coly, il faut une prise en charge pluridisciplinaire de la mortalité maternelle. En effet, malgré la volonté affichée par l’Etat du Sénégal à garantir des soins et un personnel de qualité, d’autres problèmes viennent anéantir les efforts. Il s’agit du réseau routier et téléphonique.
Le réseau routier et téléphonique défectueux influe sur la mortalité maternelle
Le réseau routier reste défectueux, surtout dans le département de Médina Yoro Foula (MYF). Dans cette contrée, il n’y a pas un seul mètre de route goudronné, de Pata à Médina Yoro Foula, en passant par Bourouco, Ndorna, Fafacourou, Niaming, Dinguiraye et Bignarabé. Parcourir le département de MYF est un véritable parcours du combattant. Les chauffeurs et les usagers interrogés n’ont pas de mots pour décrire leurs souffrances. Des mesures d’urgence s’imposent pour bitumer les routes.
D’après les spécialistes de la santé, ce mauvais état des routes peut influer sur la mortalité maternelle. Ce qui fait, selon Reine Marie Coly, que la plupart des femmes enceintes sont évacuées en Gambie. ‘’C’est plus proche des populations’’, s’exclame-t-elle.
Outre les routes, il y a le réseau téléphonique qui est très défectueux dans certaines zones du monde rural. Tous ces problèmes font qu’aujourd’hui, malgré les résultats engrangés, la mortalité maternelle s’accentue dans certaines zones de la région. ‘’S’il n’y a pas de réseau téléphonique, l’ambulance ne pourra pas aller prendre la patiente et l’évacuer dans nos hôpitaux’’, fait remarquer Mme Coly. Dans ces conditions, ce n’est pas demain que Kolda bénéficiera des avantages de la télémédecine qui pourrait pourtant renforcer les résultats en matière de santé de la reproduction dans la région.
EMMANUEL BOUBA YANGA