Publié le 14 Nov 2017 - 17:00
DIFFEREND HÉRITIERS DE FEU KADER MBACKÉ/ DANGOTE

Le patron de Dangote se lave à grande eau 

 

Le patron de Dangote Ciment du Sénégal veut rétablir la vérité des faits dans le bras judiciaire l’opposant aux héritiers de feu Kader Mbacké. Dans un communiqué, la filiale nigériane dément formellement avoir voulu exclure les héritiers de l’actionnariat de l’entreprise.

 

La procédure initiée par les héritiers de feu Kader Mbacké contre Dangote ira-t-elle jusqu’au bout, après les exceptions soulevées, jeudi dernier, par la défense ? En attendant le délibéré du tribunal correctionnel prévu le 23 novembre courant, les accusés se lavent à grande eau. Dans un communiqué parvenu à EnQuête, la Direction Générale de Dangote Cement Senegal (DCS) nie catégoriquement avoir voulu priver les héritiers de l’actionnariat de la société. ’’Il n’a jamais été de l’intention du groupe Dangote d’exclure la famille MBACKÉ et ses membres du capital’’, se défend DCS.

Revenant sur la genèse des faits, la défense explique qu’après la nomination de Lucas Erik Haelterman comme directeur général par le conseil d’administration, le 27 octobre 2015, l’une de ses premières décisions, sur recommandation de ses conseils juridiques, a été de tenir les héritiers Mbacké comme actionnaires à hauteur de 10% du capital de DCS. La direction de DCS d’expliquer que c’était pour lever les éventuels doutes et mettre ainsi un terme aux malentendus et aussi pour aplanir définitivement la polémique afin de créer un contexte favorable à la poursuite des activités de l’entreprise. Compte tenu de ces arguments, la défense trouve ‘’totalement insensées’’ les accusations sur l’intention de spolier.

Par ailleurs, Dangote s’est justifiée sur la procédure et les raisons de l’augmentation du capital. D’après son argumentaire, au cours de l’année 2017, DCS s’est trouvée dans l’obligation de décider de sa dissolution anticipée ou de la poursuite de ses activités, car les capitaux propres composant son capital social étant devenus inférieurs à la moitié dudit capital à la fin de l’année 2015 déjà. Cette situation, argue la société, ‘’est entre autres due aux trois années de blocage dans le démarrage des activités de l’usine’’. En effet, selon l’entreprise de cimenterie, ‘’toutes les autorisations légales et les investissements pour le début de la production étaient effectifs mais un litige foncier empêchait le démarrage’’.

D’après Dangoté, bien que cette situation impliquât le paiement des salaires des employés recrutés sans pour autant qu’il y ait production, la société a quand même maintenu l’ensemble des emplois et les charges qui en découlaient afin d’éviter un désastre social. Cela, poursuit-elle, ‘’sans compter les frais financiers supportés, notamment le remboursement du crédit initial et des intérêts, nécessaires à l’investissement pour le montage de l’usine de Pout’’. Autant d’arguments qui font que la procédure a été enclenchée et, d’après toujours Dangote, les héritiers ont, par le biais de leur séquestre, participé aux différentes assemblées générales sauf à celle du 30 juin dernier. Car, renseigne-t-elle, moins d’une heure avant l’AG extraordinaire, et à la surprise générale, DCS a appris par exploit d’huissier que le séquestre a perdu tout pouvoir de représentation à l’égard des héritiers Mbacké, depuis le 22 février 2017. Néanmoins l’AG s’est tenue, puisque le quorum était atteint.

Aujourd’hui la filiale nigériane se désole qu’elle soit traînée en justice peu de temps après alors que, clame-t-elle, ‘’DCS reconnaît les 10% d’actions attribués aux héritiers contrairement à l’allégation avancée’’. Elle rappelle également que la procédure d’augmentation de capital est une contrainte légale pour une entreprise qui enregistre des pertes et qui veut poursuivre ses activités ; à défaut, elle doit se déclarer en faillite. A leur corps défendant, les responsables de DCS affirme que ‘’cette procédure s’est tenue de façon régulière car le représentant des héritiers a été régulièrement convoqué’’. Et de conclure que ‘’l’augmentation de capital a été donc valablement décidée, entérinée et communiquée’’. Au regard de tous ces arguments, DCS dit faire entièrement confiance en la justice du Sénégal, car la société s’est toujours conformée au droit.

Dans cette affaire, il y a deux citations servies contre les responsables de Dangote. L’une vise Alhadji Aliko Dangoté, Roger God Smith et Lucas Erick Haelterman. Ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs, entrave aux droits d’association, participation aux assemblées, faux et usage de faux, vol, escroquerie et complicité de ces faits. Dans la seconde citation, Roger Smith n’est pas concerné mais plutôt une certaine Asthou Mbacké. Les délits visés contre le PDG de Dangoté Industries Limited et président du Conseil d’administration de Dangoté Ciment Sénégal et ses collaborateurs sont l’association de malfaiteurs, le faux et l’usage de faux.   

FATOU SY

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