Des ONG dénoncent le silence de l’Etat
Au moment où les enlèvements d’enfants plongent les parents dans la hantise, des organismes qui militent en faveur des enfants pointent le silence des autorités étatiques.
‘’Depuis que les enlèvements ont commencé, on n’a pas entendu l’Etat se prononcer. Il y a un silence total de la part des autorités. Il n’y a ni le Chef de l’Etat, encore moins son Premier ministre ou son ministre de l’Intérieur. On a juste constaté une présentation de condoléances et ce n’est pas cela dont on a besoin. Nous fustigeons ce silence des autorités’’, a déclaré, hier, le président de la Coalition nationale des associations et ONG en faveur de l’enfant (CONAFE). Il prenait part à une table ronde organisée par l’Association des juristes sénégalaises (AJS) et d’autres organismes de droits des enfants. François Latouffe souligne qu’ils attendent de l’Etat une protection des enfants. ‘’La police a les moyens de mettre fin à ce genre de pratiques. Il suffit qu’on lui donne l’autorisation. Si elle ne veut que personne n’entre au palais, personne n’osera la défier‘’, poursuit M. Latouffe.
Outre cette question, il a été question, lors des débats, du retrait des enfants de la rue. Selon la Commissaire Aby Diallo de l’AJS qui a exposé sur le thème : ‘’loi sur la traite des personnes : sens et portée’’, le Sénégal a ratifié toutes les lois en rapport avec la protection des enfants, mais le constat est il n’y a pas une volonté manifeste de son applicabilité. ‘’L’arsenal juridique est là, mais c’est l’application qui pose un problème au Sénégal. Nos autorités ont ratifié toutes les lois dans ce sens. Il y a un manque total de volonté politique et de courage dans ce sens.
C’est comme si aucun enfant n’a été enlevé dans la rue, malgré l’injonction de l’Etat faite dans ce sens, il y a de cela plus d’une année’’, regrette la Commissaire Diallo pour qui, respecter le droit des enfants, c’est tout ce qui est demandé aux gouvernants. ‘’Mais en lieu et place de cela, il y a un réel manque de volonté de mettre fin à cette pratique. C’est le seul problème qui se pose. Nous allons faire des recommandations dans ce sens. Les enfants doivent être protégés’’. Mme Aby Diallo s’est également demandé pourquoi les maîtres coraniques qui viennent à Dakar ne restent pas dans leurs villages pour cultiver leurs champs et faire vivre tranquillement leurs talibés. ‘’C’est mieux que de les faire venir à Dakar et les pousser à mendier’’, souligne la juriste.
Cette table ronde entre dans le cadre du projet ‘’Appui à la protection des enfants en situation de rue et des mineurs en conflit avec la loi : plaidoyer et prise en charge’’ piloté par l’AJS. Il a pour objectif de favoriser un échange de bonnes pratiques entre différents acteurs, afin de mettre en perspective les actions de terrain et les priorités des acteurs institutionnels. Il est question de poser des actions sur le terrain bénéfiques pour les acteurs institutionnels.
CHEIKH THIAM