Publié le 29 Mar 2018 - 14:18
EXTREMISME RELIGIEUX DANS LE SAHEL

Les solutions du Pr. Bakary Samb

 

Prendre l’entière responsabilité d’anticiper, en repensant un bon système éducatif. C’est l’une des solutions préconisées par le directeur de l’institut Timbuktu pour faire face à l’extrémisme religieux au Sahel.

 

Un séminaire sous-régional sur le thème ‘’L’espace religieux sahélien face aux mutations géopolitiques’’, a été organisé, hier, à Dakar. L’objectif de cette rencontre, qui a réuni des experts du Mali, du Niger et du Sénégal, est de dégager des pistes pouvant aboutir à la formulation de recommandations opérationnelles susceptibles d’orienter les décideurs et les organisations régionales, sous-régionales, voire internationales, sur la nécessité de mettre en place des politiques allant dans le sens d’une meilleure prise en compte de la question religieuse, au regard des mutations géopolitiques que connaissent les pays du Sahel. Lors de cette rencontre, le directeur de Timbuktu Institute a souligné qu’actuellement, la logique d’influence a supplémenté celle de la puissance. De l’avis du Fr. Bakary Samb, les modèles religieux que l’Afrique avait concurrencés, voire combattus, par le biais d’autres idéologies, viennent d’autres pays qui participent à la déstructuration des sociétés africaines, en plus des questions de sécurité qui existent.

‘’Nous avons la même situation, au Mali avec la poussée phénoménale du wahhabisme, au Niger avec la dualité du champ religieux. Mais, au Sénégal et dans d’autres pays de la sous-région, il faut qu’on anticipe sur les éventuelles retombées sur le plan sociologique, sociopolitique et cette concurrence des modèles religieux venant du Moyen-Orient et d’autres zones. Comment cette concurrence pourrait avoir un effet sur nos sociétés et nos modèles de cohésion sociale propres à nos différents pays ?’’, se demande le Fr. Samb. Qui poursuit qu’il faudrait absolument que l’on évite que notre continent redevienne un terrain de jeux d’influences, tel que cela a été le cas pendant la guerre froide où nos pays étaient de simples instruments diplomatiques, des outils d’influence à la main des puissances qui n’ont pas les mêmes agendas que les Africains.

Dans ce moment de l’histoire très critique pour nos pays, le directeur de Timbuktu Institute souligne qu’il est question de voir quelles mesures prendre pour anticiper, faire de la prospective et positionner les discours. ‘’Le monde d’aujourd’hui est devenu un monde libéralisé où circulent des offres politiques, sociologiques, idéologiques et religieuses. Dans un tel monde, si notre offre de religieux, de paix, de modèle de cohésion sociale n’est pas correctement positionnée, nos enfants vont consommer d’autres offres. Cela peut être facteur de déstabilisation et de déstructuration de nos sociétés. Cela menacerait notre cohésion’’, poursuit-il.

‘’On pourrait aider le monde musulman’’

Par ailleurs, Fr. Bakary Samb estime qu’il appartient aux Etats africains de prendre l’entière responsabilité d’anticiper, en repensant le système éducatif. En veillant à ce que l’on enseigne à ses enfants soit exactement ce qu’ils souhaitent, en dehors de toutes les influences venant des pays avec lesquels ils ne partagent pas les mêmes agendas. ‘’Il faut qu’on fasse tout pour que dans ce monde de crise, l’Afrique ne soit pas un continent consommateur, mais un continent qui pourrait exporter des alternatives. Nous en avons les ressorts, les ressources culturelles, symboliques. Je pense que si nous nous appuyons sur ces enseignements, on pourra aider le monde musulman à régler une partie de cette crise’’, dit-il. Convaincu qu’il faut revoir le système scolaire pour avoir un système éducatif qui réponde à nos réalités. Car la solution militaire n’est pas la meilleure pour faire face à ce phénomène.

CHEIKH THIAM

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