Publié le 24 Jul 2018 - 18:19
RECRUDESCENCE DES ACTES DE TORTURE ET DE VIOLATION DES DROITS HUMAINS DANS LES LIEUX DE DETENTION

Les jeunes avocats en croisade contre les agents de la force publique

 

Face à la presse, hier, l’Association des jeunes avocats sénégalais (Ajas) a avancé une résolution pour combattre les actes de torture et de violation des droits humains dans les lieux de privation de liberté. Mieux, Me Ousmane Thiam et Cie ont plaidé pour une application immédiate de l’article 5 du règlement 5 de l’Uemoa dès l’interpellation de toute personne.

 

L’Association des jeunes avocats sénégalais (Ajas) a pris une résolution. Le prétexte : la mort du jeune Saliou Sarr des suites de ses blessures qui auraient été causées par électrocution lors de sa garde à vue dans les locaux du commissariat de Thiaroye. ‘’Il y a une recrudescence des actes de torture et de violation des droits humains dans les lieux de privation de liberté. C’est un constat qu’on a fait avant ces actes perpétrés sur le sieur Saliou Sarr. C’est la raison pour laquelle nous avons pris cette résolution’’, a d’emblée fait savoir le président de ladite association, Ousmane Thiam.

Ainsi, les robes noires ont décidé de ne pas rester aphone face à cette situation. Hier, elles ont convié la presse à la Maison de l’avocat, pour donner leur point de vue suite à leur réunion tenue à huis clos. Puisque, souligne, Me Adame Fall, l’Ajas a pour mission principale de promouvoir l’Etat de droit et de lutter pour le respect des droits humains. Sur ce, elle ‘’dénonce et condamne également avec force la recrudescence de tels actes inhumains imputés aux dépositaires de la force publique’’. ‘’C’est avec stupeur et consternation que l’Association des jeunes avocats sénégalais a appris la mort du jeune Saliou Sarr. Il ressort des témoignages recueillis que des sévices et actes de torture auraient aussi été commis sur sa personne. Ces faits, s’ils sont avérés, sont d’une extrême gravité et requièrent incessamment une réaction exemplaire des autorités judiciaires afin que de tels actes de barbarie ne demeurent impunis’’, a lu Me Thiam.

Selon lui, la torture, la violence et la violation des droits humains aussi bien dans les lieux de privation de liberté que dans l’espace universitaire ne peuvent pas être érigées en règle, surtout si de tels actes sont imputés aux forces de l’ordre. Du coup, les jeunes conseils ont interpellé ‘’le procureur de la République pour que des mesures efficientes soient prises afin que la lumière soit faite et que les auteurs d’une telle barbarie soient punis à l’aune de leurs agissements ignobles.

Pour sa part, l’Ajas s’engage à apporter toute l’assistance nécessaire à la famille de la victime dans sa quête de justice. A cet effet, elle a déjà désigné 2 avocats chargés de la défense de la famille. ‘’C’est le lieu de rappeler le caractère sacré et absolu des droits de la défense, de la présomption d’innocence qui sont des principes consacrés et garantis par la Constitution du Sénégal et par la Déclaration universelle des Droits de l’homme’’, a signalé Me Ousmane Thiam.

‘’Un numéro vert pour recueillir toutes les plaintes afférentes à des actes de torture de la part des agents enquêteurs’’

Les jeunes avocats de plaider que la présence de l’avocat à toutes les étapes de la procédure judiciaire et surtout dès l’interpellation d’une personne, prévue par les dispositions de l’article 5 du règlement 5 du 25 septembre 2014 relatif à l’harmonisation de la profession d’avocat dans la zone Uemoa, est une garantie fondamentale du respect des droits individuels. ‘’C’est une loi supranationale’’, argue la robe noire.

Par conséquent, l’Ajas ‘’exige, avec la plus grande fermeté, qu’elle soit rigoureusement respectée par tous les officiers de police judiciaire (Opj) afin que la sécurité et l’intégrité physique de toute personne interpellée puissent être assurées de manière optimale’’. Et de préciser que cette mesure donne une crédibilité à l’application. De plus, ont mentionné les confrères de Me Aïssatou Guèye, ‘’l’idéal de démocratie et d’Etat de droit auquel aspire le Sénégal s’accommode mal de l’occurrence d’actes de torture et de sévices corporels décriés lors des enquêtes préliminaires’’. De ce fait, ils s’engagent solennellement à combattre sans relâche et sans complaisance et par tous les moyens qui leur seront offerts par la loi, ces actes dont la gravité dépasse l’entendement.

C’est ainsi que l’Ajas entend désormais installer un numéro vert qui servira à recueillir toutes les plaintes afférentes à des actes de torture de la part des agents enquêteurs, ‘’afin que les mesures idoines soient immédiatement prises’’. Donc, elle a invité les populations ou toute personne intéressée à apporter leur collaboration à l’éradication de la torture. ‘’L’image du Sénégal en matière de respect des droits humains est aujourd’hui sérieusement écornée et il n’est pas trop tard pour redorer le blason de notre chère patrie. C’est pourquoi l’Ajas interpelle toutes les autorités compétentes, au premier rang desquelles le président de la République, gardien des libertés individuelles des citoyens sénégalais, à prendre les dispositions nécessaires afin que de tels agissements ne se reproduisent plus’’, a laissé entendre Me Ousmane Thiam.

AWA FAYE

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