Publié le 25 Jul 2018 - 12:29
KOLDA / L’AFFAIRE DE L’ELEVE TUE LORS D’UN CONCERT DE RAP EN 2016

Les trois mineurs risquent 10 ans de prison ferme

 

Le procureur du tribunal de Kolda a requis 10 ans d’emprisonnement ferme contre S. S., S. N. B. et A. S., poursuivis pour le meurtre de Mamadou Woury Diallo, élève en classe de 3e. Ils ont comparu, ce mardi 24 juillet, devant le tribunal pour enfants.

 

Les faits remontent à la nuit du vendredi 8 juillet 2016, au quartier Bouna Kane, commune de Kolda. Il faisait 23 h, lorsqu’une bagarre a éclaté au quartier Bouna Kane où se déroulait un concert de rap non autorisé. Deux groupes de rappeurs issus des quartiers de Sinthiang Idrissa et Sinthiang Tountouroung se sont lancés dans une castagne très violente. Puis, il y a eu des jets de pierres. Selon les conclusions de l’enquête, l’un des membres du groupe de Sinthiang, Idrissa, a asséné un puissant coup de brique à la tête du nommé Mamadou Woury Diallo, élève en classe de 3e au Cem II de la commune de Kolda. Ibrahima Baldé, témoin oculaire, raconte : ‘’A. S. a fauché Mamadou Woury Diallo qui est tombé. S. S. lui a lancé une brique l’atteignant à la nuque.’’ Cela a refroidi automatiquement les ardeurs des protagonistes. 

Gravement blessé, Mamadou Woury Diallo a été transporté au camp militaire où il a reçu les premiers soins, avant d’être remis à sa famille. Mais, malheureusement, le lendemain, tôt le matin, son état de santé a empiré. La victime a été transportée à l’hôpital régional de Kolda dans un état grave. L’élève a rendu l’âme, quelques minutes après avoir été conduit au bloc opératoire. Il est mort d’une hémorragie intracrânienne compressive.

Alertés, les éléments du commissariat urbain, sur les instructions du procureur, ont ouvert une enquête. Les investigations ont conduit à l’arrestation de six jeunes élèves, le samedi 9 juillet, pour homicide involontaire sur la personne de Mamadou Woury Diallo. Déférés au parquet, ils ont été conduits en prison. Tandis que l’organisateur du concert non autorisé, Assane alias ‘’Azou’’, a pris la fuite. Ce mardi, trois mineurs se sont présentés à la barre du tribunal pour enfants pour répondre du crime qui pèse sur leurs épaules.

Ils ont nié les faits

Devant la barre, les trois mineurs, accompagnés de leurs parents, ont nié les faits. A. S., né en Guinée, a balayé d’un revers de la main toutes les accusations. Il affirme qu’il n’était pas sur les lieux du drame et qu’il n’a pas participé à la bagarre. Mais il a été démenti par ses deux co-prévenus. ‘’A. S. était bel et bien sur les lieux et a bel et bien pris part à la bagarre’’, ont-ils affirmé, avant de reconnaitre leur participation à la rixe. ‘’Notre groupe et celui du défunt se lançaient des pierres. Mais on ignorait que Mamadou Woury Diallo a été touché par l’un des projectiles. C’est le lendemain que nous avons su qu’il est décédé, suite à un coup qu’il avait reçu’’, ont expliqué S. S. et S. N. B. Ces déclarations n’ont pas convaincu le ministère public.

Le procureur a requis 10 ans de prison contre les trois mineurs

Prenant la parole, le maitre des poursuites a d’abord déploré ‘’la mauvaise foi des prévenus’’. Car il a souligné que ‘’depuis l’enquête préliminaire, en passant par le juge d’instruction, les trois prévenus avaient reconnu les faits dont ils sont poursuivis. Mais, devant la barre du tribunal, ils ont nié les faits qui leur sont reprochés. Ceci pour dribbler la religion du tribunal et échapper à la sanction pénale’’. D’après le procureur, c’est peine perdue. Car les faits sont constants. Pour asseoir sa thèse, il a même rappelé que ‘’Idiatou Diallo, la grande sœur du défunt, avait déclaré qu’avant le décès de son petit frère, il a désigné les trois mis en cause comme étant les auteurs de son agression’’. Il a requis la peine de 10 ans d’emprisonnement ferme contre les trois mineurs.

La défense sollicite la relaxe de ses clients

Maitre Prosper Djiba, avocat des prévenus, a demandé au tribunal de relaxer ses clients, du fait que l’imputabilité des faits pose un réel problème. ‘’De l’enquête préliminaire jusqu’à la barre du tribunal, en passant par le juge d’instruction, les mis en causes ont toujours nié les faits. L’intention de donner la mort n’a pas été établie, car les faits se sont déroulés la nuit et qu’il y avait, de part et d’autre, une pluie de pierres. Donc, personne ne sait que ce sont ces trois prévenus qui ont tué Mamadou Woury Diallo’’, a-t-il plaidé, avant de solliciter la relaxe des prévenus au bénéfice du doute.

L’affaire est mise en délibéré au 7 août prochain.

EMMANUEL BOUBA YANGA

 

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