30 décès déjà au 1er trimestre 2018
Alors que la mortalité maternelle connait une baisse à l’échelle nationale, avec un taux passé de 510 à 315 décès pour 100 mille naissances vivantes, la région de Diourbel reste toujours problématique. Trente cas de décès, rien qu’au premier trimestre de 2018, contre 85 en 2017 et 115 en 2016.
Le taux de mortalité maternelle constitue un véritable défi dans la région de Diourbel. Avec l’utilisation des médicaments contrefaits, beaucoup de femmes perdent la vie pendant ou après l’accouchement. Selon le médecin-chef de la région médicale, une enquête menée il y a quelques années a révélé 315 décès chez les mamans pour 5 000 naissances vivantes. Même s’il n’y a pas une nouvelle enquête depuis, le docteur Balla Mbacké Mboup a précisé que les autorités sanitaires de la région essaient de recueillir les statistiques sur les décès auprès de l’information sanitaire. Ainsi, chaque année, tous les décès enregistrés dans des hôpitaux et des centres de santé sont recensés.
Chacun d’eux fait, en effet, l’objet d’un audit qui permet de savoir les facteurs à l’origine. ‘’En fin 2016, nous étions a 115 décès. C’était très élevé, parce qu’il s’agissait seulement des décès enregistrés au niveau de l’information sanitaire. Alors qu’il y avait également des décès constatés dans les maisons. Mais ce sont des enquêtes qui permettent de les répertorier. En fin 2017, on était à 85 décès ; c’est toujours élevé, mais des efforts ont été faits dans les services de santé pour améliorer la prise en charge des femmes qui venaient d’accoucher. Cette année, au premier trimestre de 2018, nous sommes à 30 décès’’, a révélé le Dr Mboup. Ce dernier promet la réalisation prochaine d’une enquête de grande envergure pour savoir le taux réel de décès dans la région.
D’ailleurs, souligne-t-il, ils comptent organiser, la semaine prochaine, un conseil régional de diagnostic (Crd) afin d’informer et de rendre compte aux autorités des efforts fournis par la région médicale pour réduire le taux de décès. ‘’Cette mortalité continue d’être une bravade dans la région de Diourbel. Nous sommes toujours à plus d’une centaine de décès par année, compte non tenu des femmes qui décèdent dans les maisons et qui ne sont pas recensées’’, a expliqué le médecin-chef de région. Ce fort taux s’explique, d’après le Dr Mboup, par l’utilisation fréquente de faux médicaments par la population locale. ‘’La vente illicite de médicaments est la principale cause de toutes ces mortalités, au moment où le taux de mortalité du pays a connu une forte baisse. Nous travaillons à lutter contre ce fléau et nous y arriverons surtout avec la disponibilité du médicament par le ‘Yeksinaa’’’, a-t-il rassuré.
En l’en croire, beaucoup de politiques de santé ont fait l'objet d'une étude, cette semaine. La région médicale a pour objectif de rendre accessible le médicament à la population à tous les niveaux. Elle veille à la bonne mise en œuvre de la politique de santé dans la région. Pour lui, le marché illicite de médicaments dans la région, avec ces nombreux dommages, est un phénomène qui ne date pas d'aujourd'hui. Même si les médicaments ne coûtent pas cher, ils causent des dégâts très importants. ‘’Le montant du trafic de médicaments de Touba Belel avoisine les 3 milliards de francs Cfa. Nous attendons les autorités judiciaires pour vider cette affaire. Ce commerce cause des problèmes de santé publique. Depuis la mise en place du "Yeksinaa", on ne sent plus le manque de médicaments dans les régions. Le taux de recouvrement reste toujours appréciable (77 %) dans la région. Cette initiative arrange tout le monde. Elle sera appuyée et maintenue’’, a-t-il soutenu.
Il a souligné, par ailleurs, l'introduction des pharmacies dans la ville sainte de Touba qui compte actuellement 40 officines pour un total de 64 pour toute la région. ‘’Des supervisions sont faites de façon régulière pour voir si les choses se passent bien. Le marché est approvisionné à partir d'autres pays de la sous-région. Donc, il faut la participation de tous, surtout de nos forces de défense et de sécurité. Cette vente illicite de médicaments est une hantise de la région. Il doit y avoir plus de contrôles pour mettre un terme à ce système’’, a lancé le docteur Balla Mbacké Mboup.
MALADIES RENALES Une vraie problématique à Diourbel Si Diourbel était une femme, on lui aurait conseillé de chercher un mari médecin, parce qu’elle est maladive. Mais la région a besoin d’expertise variée pour soigner ses maux. Cette circonscription regroupe plusieurs anomalies qui ne sont pas du tout faciles à traiter. Au-delà de la mortalité élevée, de la vente illicite de médicaments contrefaits, Diourbel souffre aussi d’une augmentation croissante des maladies rénales. Déjà, en fin d’année 2017, il y a eu 220 cas en attente de dialyse. La région n’a pas assez de services de dialyse. En outre, même s’il n’y a pas d’étude scientifique attestant un lien de causalité entre les médicaments et la maladie, le médecin relève tout de même une augmentation croissante de la pathologie. Ce qui fait penser que certains médicaments vendus sans contrôle puissent en être la cause. ‘’Il faut aller vers une étude sérieuse pour l’argumenter sérieusement, mais c’est presque sûr qu’il y a une relation de cause à effet entre le marché illicite et les maladies chroniques qui sont très fréquentes dans la région’’. Pour mieux prendre en charges les personnes atteintes d’insuffisance rénale, l’Etat a mis récemment un service de dialyse à l’hôpital régional avec 20 postes. ‘’Avant cela, il n’y avait que 7 postes qui prenaient juste 28 malades. C’est vrai que tous les 20 nouveaux postes ne sont pas fonctionnels, mais quand ils le seront, on pourra résorber le gap’’, assure-t-il. |
VIVIANE DIATTA