Garde rapprochée, pas si simple !
La profession de garde rapprochée est caractérisée, en Afrique, par l’amateurisme et un apprentissage dans le tas. Le constat est de Zita Rosalie Goudiaby, présidente directrice générale de la nouvelle société Afrique prévention et sécurité (APS).
‘’On ne peut pas faire que du karaté ou de la lutte seulement pour dire qu’on est garde rapproché’’, a alerté Zita Rosaline Goudiaby, garde rapprochée de formation et de profession. Cette dame rappelle que la profession a ses règles et exigences. ‘’En matière de sécurité, on ne fait pas dans l’à peu près et le laxisme. Aucune négligence n’est permise. C’est la prévention et la précision dans tout ce qu’on fait. Ce qui nécessite une formation qui débouche sur des diplômes et des numéros de carte professionnelle’’.
En guise d’exemple, Mme Goudiaby précise qu’un garde du corps n’a pas le droit de frapper un citoyen, de le pousser, le bousculer ou de le brutaliser. ‘’C’est un citoyen comme vous qui a ses droits et qui peut porter plainte contre vous’’, avertit-elle. Donc, si un citoyen veut voir une personnalité, il appartient au garde du corps de sécuriser son client pour le mettre hors de portée des prétendants. Cependant, il n’a pas le droit d’insulter ou de maltraiter. Cette Sénégalaise qui vit en France note beaucoup d’amateurisme dans la pratique de cette profession qu’elle chérit tant. ‘’La sécurité n’est pas une mince affaire. C’est un métier très sensible. On vous confie la vie et la sécurité d’une personne et ses biens. C’est une profession qu’il faut aimer et dont il faut chercher à connaître les codes déontologiques’’, a-t-elle expliqué.
Seule femme détentrice de certificat de qualification professionnelle en haute sécurité, Zita Goudiaby a aussi son certificat en sécurité incendie équivalent de celui des sapeurs-pompiers au Sénégal. Avec les attentats en Europe, elle a eu la chance de faire partie de la cohorte des jeunes formés du temps du Président François Hollande pour faire face au terrorisme. Elle a eu également à sécuriser des matchs de ligue de champions, de grandes personnalités et des stars à Khan et à Lille. Riche de cette expérience, cette Franco-sénégalaise veut apporter sa touche et veut contribuer à la modernisation de la sécurité au Sénégal.
‘’J’ai bien envie de partager ma petite expérience avec la jeunesse africaine. Certes, il y a des gardes rapprochés çà et là, mais je suis aujourd’hui la première femme garde rapprochée qui a eu des diplômes dans ce métier. A cet effet, j’invite beaucoup les femmes à se lancer dans cette profession. On n’a pas besoin d’être bien bâti pour embrasser le métier de garde rapproché. J’en suis la preuve. C’est un métier qu’on apprend comme tous les autres. Il s’agit de se protéger, de protéger sa famille et son pays’’, conseille-t-elle.
Afin de matérialiser son ambition, elle a décidé d’ouvrir une école de formation en haute sécurité : Afrique prévention et sécurité. Ce nouvel établissement créé en 2018 offre des modules de formation en Protection de hautes personnalités (PHP), Intervention professionnelle (IP), Sécurité incendie et assistance à personne (SIAP), en escorte de fonds et en protection rapprochée.
MAMADOU YAYA BALDE