Publié le 3 Oct 2018 - 18:28
ASSAINISSEMENT DE LA VILLE DE RUFISQUE

L’éternel casse-tête

 

Rufisque souffre ! Comme le disait souvent son ancien maire disparu, Me Mbaye Jacques Diop, ‘’le visage de Rufisque est balafré par 14 km de canaux à ciel ouvert’’. Ce qui en dit long sur le problème. L’enveloppe de 6,5 milliards prévue pour le réseau d’assainissement est jugée insuffisante par les autorités municipales.

 

Le lundi 17 septembre dernier, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement a procédé, à Rufisque, au lancement du programme d’assainissement de dix villes du Sénégal que sont Touba, Kaolack, Tivaouane, Matam, Tambacounda Saint-Louis, Louga, Cambérène, Pikine et Rufisque. Sur le montant de 70 milliards de francs Cfa financé par l’Etat du Sénégal avec l’appui de la Banque ouest-africaine de développement (Boad), seuls 6,5 milliards sont réservés à Rufisque pour la réalisation des travaux dans un délai de 18 mois.

Une enveloppe jugée peu suffisante par le maire de la ville, Daouda Niang. Au quartier Thiawlène Bout (à l’est de Rufisque), lors d’une cérémonie, l’édile a fait remarquer que ‘’le programme résout de manière partielle le problème’’ de sa ville. Alors que les Rufisquois veulent ‘’que toute la ville soit assainie. Une tâche, selon lui, aujourd’hui rendue difficile par l’avancée de la mer. Mais aussi par l’extension de la ville.

Vétusté des ouvrages existants

Avec une population estimée à 179 797 habitants, la ville de Rufisque souffre d’un déficit d’assainissement. La vieille ville renferme jusqu’à présent d’ouvrages datant des années soixante et même avant, aujourd’hui devenus vétustes. Parmi ceux-là, l’on peut citer le canal de l'Ouest, le canal de l'Est, le canal Bodin se trouvant sous la chaussée, le canal du marché et un réseau d'égouts et des collecteurs. Aujourd’hui, ces ouvrages souffrent de leur mauvais entretien et de leur non-curage régulier. Ce qui ne facilite pas le travail des exutoires qui ne remplissent pas très bien leur fonction rendue plus difficile, en raison du niveau élevé de la mer par rapport au continent. Il faut aussi noter que certains quartiers ont été dotés de canaux collecteurs d’eaux de pluie qui servent souvent de dépotoirs d’ordures et d’eaux usées pour les populations. De ce fait, le problème d’assainissement reste entier, malgré quelques colmatages.

30 milliards nécessaires pour assainir Rufisque à 100 %

La ville de Rufisque dispose d’un plan directeur d’assainissement qui date de 1999. Selon les études contenues dans le document, pour assainir tout Rufisque, il est nécessaire de dégager une enveloppe de 30 milliards de francs Cfa. Des efforts ont été faits, entre 2002 et 2003, par l’Etat du Sénégal qui avait dégagé un financement de 4 milliards pour renforcer l’assainissement de la vieille ville. Cela, avec la construction d’une station de pompage à Diokoul, la réhabilitation du réseau d’égouts du centre-ville, des Hlm et des quartiers de Médine, Diokoul, Thiawlène et Mérina.

De l’avis d’Amadou Sène Niang, le porte-parole du maire Daouda Niang, les 6,5 milliards destinés à la ville de Rufisque entrent dans la continuité de l’exécution du plan directeur d’assainissement. Cette enveloppe va permettre d’assainir cinq autres quartiers cités. Mais aussi augmenter la capacité des stations de pompage existantes et la construction d’une autre station à Thiawlène.  

Le quart du territoire de la ville n’est pas assaini

Tout en se félicitant de l’enveloppe de 6,5 milliards destinée à l’assainissement de leur ville, les autorités municipales jugent que la part réservée à Rufisque dans le programme d’assainissement des dix villes est insuffisante. Selon Amadou Sène Niang, le porte-parole du maire, ‘’à l’issue des assises de Rufisque lancées par le maire Daouda Niang, la super priorité de Rufisque, qui est sortie dans les conclusions, c’est l’assainissement. Le premier problème de la ville est l’assainissement ; son deuxième problème, c’est toujours l’assainissement ; son troisième problème, c’est encore l’assainissement. Donc, que l’Etat décide d’injecter 6,5 milliards pour assainir la ville, c’est une chose appréciable, mais cela reste insuffisant, parce qu’avant ce programme-là, Rufisque était assainie au quart’’. Il s’agit des quartiers de Keury Kao, Keury Souf et vers Diokoul Kao, Castor et Hlm.

Le programme cible cinq quartiers que sont Colobane, Mérina, Thiawlène, Guendel et Cité millionnaires. Ce qui est encore insuffisant, à l’en croire, lorsque l’on sait, précise-t-il, que le programme ne va pas au-delà de la voie ferrée. ‘’Après les rails jusqu’à l’autoroute à péage, tous les quartiers qui s’y trouvent constituent les 3/4 du territoire rufisquois et ils ne sont pas assainis. Cela pose un problème de dignité et de santé publique pour les populations’’, fait-il remarquer.

Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement avait aussi annoncé un montant de 65 milliards de francs Cfa pour un programme que la ville de Rufisque partage avec la commune de Kolda. Une source d’espoir chez les autorités municipales rufisquoises qui croisent les doigts dans leur souhait de voir les problèmes d’assainissement devenir un mauvais souvenir pour la ville de Rufisque.

Les dégâts du Ter

Les travaux du Train express régional (Ter) ont endommagé le système de drainage des eaux pluviales dans certains quartiers de la vieille ville. Du côté de la mairie, l’on est formel. ‘’Avec le Ter, tout a été bouché’’, renseigne Amadou Sène Niang. En effet, se veut-il plus clair, ‘’tout ce qui a été fait pour réduire les souffrances des populations, pendant la saison des pluies, a été bouché par les travaux du Ter’’. Ce qui le pousse, par conséquent, à lancer un appel à l’Etat. ‘’Nous demandons que l’Etat veille au respect des recommandations qui sont contenues dans l’étude d’impact environnemental et qui avaient pour noms : la prise en charge de certains problèmes comme la mobilité urbaine, la construction de canaux pour le drainage des eaux de pluie et des eaux usées, et la remise en l’état des infrastructures d’assainissement qui sont un peu impactées négativement’’, rappelle-t-il. Car, poursuit-il, ‘’ceux qui habitent dans la commune de Rufisque Nord sont impactés, parce qu’ils n’ont plus de voies d’accès au centre-ville’’.

PAPE MOUSSA GUEYE

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