Une fête de l'indépendance gâchée par le fracas des armes
Différents accrochages ont fait une dizaine de morts à Abidjan, à l’heure où le pays célèbre le 52e anniversaire de son indépendance.
La Côte d’Ivoire fête, mardi 7 août, le 52ème anniversaire de son indépendance dans une ambiance tendue. Plus d’un an après la fin de la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011, ayant fait environ 3000 morts, l’insécurité est toujours présente à travers le pays. Dimanche, quatre membres des Forces Républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) ont été assassinés dans le quartier de Yopougon, à Abidjan. Lundi matin, à peine vingt-quatre heures plus tard , de nouvelles violences ont éclaté dans la capitale économique ivoirienne. Cette fois, c'est un camp militaire qui est visé par des inconnus armés.
Au moins six militaires ivoiriens et un assaillant sont morts dans cette attaque contre le camp des FRCI d'Akouédo, situé dans le quartier de Cocody (nord). En plus des sept morts, une dizaine de soldats ont été grièvement blessés dans le camp, qui abrite également un contingent de Casques bleus de la force onusienne Onuci. L’assaut a été donné par des inconnus à coups d'armes automatiques et de kalachnikovs entre 03h00 et 05h00 du matin (locales et GMT). Le camp « a fait l'objet d'une attaque ciblée par les deux entrées », mais grâce à l'envoi de FRCI en renfort, les assaillants ont été repoussés, a déclaré le ministre de la Défense Paul Koffi Koffi. Selon lui, l'attaque a fait sept morts, six FRCI et « un assaillant ».
Les corps de six hommes ont été aperçus sur les lieux dans la matinée. Quatre corps étaient visibles par terre dans un bâtiment à l'entrée du camp. Du sang avait été projeté sur le sol et les murs. À un poste de garde et à une sortie, deux autres corps gisaient au sol.
Dans un communiqué, le chef de l'Onuci Bert Koenders a indiqué qu’il y avait aussi « une dizaine de blessés graves dans les rangs des FRCI ».
Ratissage à Bingerville
Selon les premières conclusions des forces ivoiriennes, plusieurs dizaines d'hommes, en treillis et en civil, ont attaqué le camp et sont allés directement à l'armurerie, où ils ont pris quelque 200 armes en tous genres et des munitions. Les Casques bleus présents dans le camp d'Akouédo « n'ont pas été engagés dans le combat », a souligné une source onusienne sous couvert d'anonymat. « Les assaillants ont ensuite pris la fuite dans la direction de Bingerville », la ville voisine, a affirmé une source au sein de l'état-major des FRCI, tandis que Paul Koffi Koffi a annoncé « des ratissages et des battues » dans cette localité proche d’Abidjan.
Une quarantaine de militaires à bord de pick-up, de 4x4 et d'autres véhicules ont ainsi été vus lundi matin patrouillant dans les rues de Bingerville. Des soldats contrôlaient des voitures et disaient aux habitants de rentrer chez eux. Résidant près d'Akouédo, un avocat du camp de l'ex-président Laurent Gbagbo, Me Toussaint Dako Zahui, a déclaré que son domicile avait été « perquisitionné » par des FRCI durant trois heures et que lui-même avait été interpellé « avant d'être relâché ».
"Psychose"
Aucune information n'était dans l'immédiat disponible sur l'identité des assaillants d'Akouédo, ni sur un éventuel lien avec la mort de quatre FRCI dimanche (et non cinq comme précédemment annoncé), tués dans l'attaque d'un commissariat et d'un poste de contrôle de l'armée par des hommes lourdement armés à Yopougon, quartier ouest de la capitale économique. « Nous n'en savons rien, nous sommes en train de mener nos enquêtes », a déclaré le ministre de la Défense
Le président Alassane Ouattara a promis « une lutte sans merci contre ceux qui ont pour objectif de créer une psychose ». Dans un discours radiotélévisé prononcé à la veille du 52e anniversaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, il a également assuré que l'insécurité était désormais limitée à des « poches résiduelles ».
Le gouvernement, qui a annoncé des arrestations, a appelé au « calme » et affirmé que les festivités de mardi, avec un défilé militaire devant le palais présidentiel, se dérouleraient « comme prévu ». L'insécurité a reculé dans le pays depuis la fin de la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011. La circulation d'armes, des ex-combattants mécontents et des tensions ethniques toujours vives, en particulier dans l'Ouest, nourrissent toutefois des incidents parfois meurtriers. En juin, sept Casques bleus nigériens avaient été tués dans l’Ouest du pays.