Publié le 27 Nov 2020 - 20:31
PROCES IMAM OUSMANE GALADIO KA

Le parquet requiert 2 ans de prison dont 6 mois ferme contre le religieux

 

L’imam Ousmane Galadio Ka encourt 2 ans dont 6 mois d’emprisonnement ferme, si la chambre correctionnelle suit le réquisitoire du ministère public.

 

L’imam Ousmane Galadio Ka a comparu, hier, à la barre de la 2e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar. Il est attrait devant cette juridiction par le collectif des veilleurs chrétiens. Ces derniers l’accusent d’avoir tenu des propos ‘’offensants’’ à l’encontre de la religion chrétienne, lors d’une conférence religieuse publique à Gorée, en septembre 2018.

Au parloir, l’imam a contesté les faits d’injures qui lui sont reprochés. Agé de 54 ans, le religieux précise qu’en faisant ses prêches, il n’a cité aucune communauté religieuse. ‘’Je n’ai insulté personne. J’ai tenu ces propos, le 18 septembre 2018. Je voulais juste expliquer aux gens que parmi ces 95 % de musulmans, il y a des gens qui négligent les préceptes de l’islam’’, a-t-il expliqué. A l’en croire, il n’a pas cité la minorité qui représente 5 %, pour leur jeter le discrédit. ‘’Je me suis inspiré d’un hadith. Ce hadith stipulait qu’à une certaine époque, les musulmans, bien qu’ils soient majoritaires, seront nombreux à commettre les pires péchés’’, a-t-il poursuivi.   

Pour sa part, la partie civile Éphraïm Manga a soutenu : ‘’C’est à travers les réseaux sociaux que j’ai vu la vidéo de deux minutes. J’avais cru que les propos de l’imam avaient été sortis de leur contexte. De ce fait, j’ai tout fait pour avoir l’intégralité. Et je l’ai bien entendu dire que c’est la religion chrétienne qui admet l’adultère et d’autres péchés. Ça m’a fait mal.’’ Le plaignant, en sous-entendant que l’imam, lors de son discours, rangeait tous les péchés sous le compte des 5 %, fulmine : ‘’Même le dixième commandement nous interdit ces péchés. Pour préserver la cohésion sociale, j’estime qu’il n’aurait pas dû tenir ce genre de propos. Le mal ne vient d’aucune religion, ça réside dans le cœur des gens.’’

Ensuite, poursuit-il, il a lancé une pétition sur Internet pour collecter les signatures des gens qui se sont sentis vexés par les propos de l’imam.

Me Etienne Dione : ‘’Cette affaire ne devrait même pas atterrir à la barre’’

Pour Me Etienne Dione, un des conseils de la partie civile, il est nécessaire d’arrêter l’extrémisme qui germe de part et d’autre. Selon la robe noire, cette affaire n’aurait jamais dû atterrir à la barre. ‘’Musulmans et chrétiens ont toujours entretenu de bons rapports dans ce pays’’.

Favorable à la cohésion sociale entre musulmans et chrétiens, Me Dione de dire : ‘’Ce n’est pas une race qui est mauvaise, ni une religion. C’est l’homme qui est mauvais.’’

Quant à Me Ousseynou Gaye, il a soutenu que le prévenu a fait une reculade à la barre, en ne réitérant pas ses propos. Pour les dommages et intérêts, la partie civile n’a réclamé que le franc symbolique.

Dans son réquisitoire, la représentante du ministère public a estimé que les faits sont constants. A cet effet, elle a requis deux ans dont six mois d’emprisonnement ferme contre Ousmane Galadio Ka. ‘’Les faits sont d’une particulière gravité qui risque de causer des troubles. Les gens doivent se plier aux lois et règlements du Sénégal qui est un Etat laïque. On ne doit pas permettre ce genre de discours. Ne tentons pas le diable’’, a déclaré la substitut du procureur.

Me Ndoumbé Wane : ‘’L’imam était dans son rôle. On ne prêche pas pour caresser’’

Les avocats de la défense, à tour de rôle, ont sollicité le renvoi de l’imam des fins de la poursuite. Selon eux, les faits ne sont pas caractérisés. ‘’Il n’a jamais prononcé le nom des chrétiens, ni celui des animistes ou encore moins des juifs’’, a plaidé Me Babacar Ndiaye. Et Me Ndoumbé Wane de renchérir : ‘’En tant qu’imam, en 2018, lors de cette conférence, notre client était dans son rôle. On ne prêche pas pour caresser. On le fait pour dire la vérité. Il assume ses propos et nous ses conseils nous l’assumons.’’

Maitre Moussa Sarr de renchérir que le ministère public a été sévère à l’égard du prévenu. A en croire l’avocat, les propos de leur client ne constituent pas un trouble à l’ordre public. C’est plutôt l’enrôlement de ce dossier qui est troublant.

L’affaire mise en délibéré, la chambre correctionnelle rendra sa décision le 10 décembre prochain.

AMINATA DIALLO

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