L’étau se resserre sur Yaya Jammeh
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Atroce. Le mot n’est pas de trop pour qualifier le ‘’massacre’’ de 59 migrants par le régime de Jammeh. Selon une déclaration de Human rights watch et Trial international, les témoignages devant la Commission Vérité gambienne mettent directement en cause l'ancien Président, Yaya Jammeh, dans la mort, en 2005, de ces migrants ouest-africains.
A en croire les deux organisations, ces massacres devraient conduire à l’établissement des responsabilités pénales. Le Conseiller juridique de HRW, Reed Brody, précise : ‘’Des sources bien renseignées ont impliqué Yahya Jammeh dans le meurtre de citoyens de neuf pays d'Afrique de l'Ouest’’. Selon lui, tous ces pays, le Sénégal comme la Gambie, le Ghana, le Nigeria et les autres États concernés, devraient soutenir une enquête pénale et, le cas échéant, la poursuite de Jammeh et d'autres individus responsables du massacre des migrants et d'autres crimes graves commis par son gouvernement.’’
Ces révélations de la Commission Vérité confirment une enquête menée, en 2018, par les deux organisations internationales, mais dont les résultats n'avaient jamais été exposés publiquement ou racontés en une seule fois. Conseillère juridique de Trial international, Emeline Escafit déclare : ‘’Les témoignages devant la TRRC corroborent les conclusions du rapport publié en 2018 par Human rights watch et Trial international, basé sur des entretiens avec 30 anciens responsables gambiens. ‘’Maintenant que les informations que nous avions recueillies ont été confirmées, il est d'autant plus important que Jammeh soit appelé à faire face à ses responsabilités’’. Et d’ajouter : ‘’Le temps est maintenant venu de rendre justice aux victimes et à leurs familles.’’
40 à 45 personnes exécutées et jetées dans un puits
Selon les témoignages, les corps de huit migrants ont été retrouvés, le 23 juillet, près de Ghanatown, juste à l'extérieur de Banjul. Décrivant l’état pitoyable dans lequel ils ont été retrouvés, Pa Amady Jallow, alors coordinateur de la cellule anti-criminalité, explique que : ‘’Lorsqu'il a rapporté cette information au chef de la police Ousman Sonko, ce dernier semblait ne pas être intéressé et a raccroché le téléphone à trois reprises, avant que son adjoint n'informe Jallow qu'il était transféré à la circulation avec effet immédiat’’.
Dans son témoignage, Jallow a également déclaré avoir été informé des années plus tard par un autre officier de police que neuf autres Nigérians avaient été enterrés dans une fosse commune près de l'endroit où il avait vu les corps exposés. La TRRC a déclaré qu'elle avait l'intention d'effectuer des recherches sur ce site.
En juillet 2019, soulignent les organisations, trois anciens Junglers ont témoigné devant la TRRC qu'ils avaient, avec 12 autres Junglers, exécuté les migrants restants sur ordre de Jammeh. ‘’Ce sont ainsi entre 40 et 45 personnes qui ont été exécutées et jetées dans un puits dans la région sénégalaise de Casamance, près de Kanilai, le village natal de Jammeh’’.
Selon plusieurs témoignages devant la TRRC, la responsabilité de l’ancien président gambien qui vit en Guinée Equatoriale, depuis son départ du pouvoir, est entièrement engagée, puisque les junglers étaient sous son contrôle direct. ‘’La TRRC, qui rendra son rapport en juillet 2021, est chargée d'identifier les présumés responsables et de recommander des poursuites à l'encontre des personnes qui portent la plus haute responsabilité dans les violations et abus des droits humains’.
Le gouvernement gambien devra ensuite décider de la suite à donner à ces recommandations’’.