Publié le 10 Apr 2021 - 16:49
POUR MOTIF ECONOMIQUE

Soixante-dix-huit employés d’Ikagel licenciés 

 

Les employés de l’usine de poisson Ikagel ont marché à Mbour pour manifester leur amertume face au licenciement de 78 d’entre eux, hier. Après un chômage technique de  15 mois, ils ont été remerciés. Ils réclament le paiement de leurs droits.

 

Les 78 employés de l’usine de poisson Ikagel à qui il a été notifié leur licenciement, le 1er avril dernier, ne veulent pas en rester là avec leur employeur Christian Langlois. Hier, ils ont organisé une marche pacifique de la porte de l’usine à la préfecture de Mbour. Arborant des brassards rouges et brandissant des pancartes sur lesquels on lisait des messages hostiles à leur patron, ils ont fait les 3 kilomètres, sous le chaud soleil.

Le porte-parole des marcheurs a dénoncé le timing de ce licenciement qui intervient dans un contexte où tout le pays parle d’emploi des jeunes. Jean Noël Gning ne comprend pas qu’on ait pu licencier des jeunes travailleurs, alors que, la boîte conserve des retraités qui y travaillent toujours. « Ce qui était logique, c’était de maintenir les jeunes à la place de retraités. Tous les travailleurs d’une boîte ont besoin d’être promus, mais, on n’arrive pas à comprendre pourquoi il licencie des jeunes pour maintenir ces derniers qui n’ont aucun rendement pour l’entreprise », a-t-il fustigé.

En outre, estime le porte-parole, l’acte de licenciement ne respecte pas la procédure prévue par la loi dans de telles situations. « La réglementation du Code du travail définit nettement les procédures de licenciement par motif économique. Il faut d’abord une réunion avec le collège des délégués, ensuite l’envoi du procès-verbal de cette assemblée générale au niveau de l’inspection du travail. Après cela, l’inspecteur a 15 jours pour statuer sur ce problème et appeler les deux parties pour discuter de la faisabilité ou non du licenciement pour motif économique », a rappelé M. Gning. Dans cette lancée, il explique que le licenciement pour motif économique n’est pas la seule procédure à prendre pour une réduction des charges. « Il y en a d’autres, comme le redéploiement, le changement des horaires ou une cession d’une partie du salaire par les travailleurs », indique-t-il.

De ce fait, ils invitent les autorités du pays à prêter une attention particulière à cette entreprise et à ce qui s’y passe. « Nous pensons que, peut-être, elles ne sont pas au courant de ce qui se passe à Ikagel, mais, nous qui y travaillons savons que ce qui s’y passe n’est pas normal », a dénoncé Jean Noël Gning. Selon qui, « le Sénégal est un pays de justice. Il nous a trouvés ici. Dieu en a fait notre patron, mais, nous, nous gagnons notre vie en lui donnant notre sueur, notre force et notre expertise. Donc, à la fin, il doit respecter sa part du contrat, en nous payant ce qu’il nous doit. On ne lui demande même pas de nous reprendre à Ikagel, mais, de nous payer notre argent », ont réclamé les travailleurs remerciés.

Des démarches sont entreprises pour apaiser la situation. Dans ce cadre, ces travailleurs ont rencontré, la semaine dernière, la Présidente du Haut conseil du dialogue social, Innocence Ntap Ndiaye.

IDRISSA AMINATA NIANG

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