Kafountine ouvre la saison des naufrages avec un bilan provisoire de 14 morts
Le bilan de personnes mortes dans l’accident d’une pirogue en partance pour l’Europe, au large de Kafountine, est passé à 14 morts. Huit corps ont été repêchés hier dans des opérations menées par les éléments des sapeurs-pompiers et de la marine nationale, qui viennent s’ajouter à ceux d’avant-hier. Les secouristes ont passé la journée à chercher des corps et d’éventuels rescapés. Ce bilan pourrait encore s’alourdir, puisqu’environ 150 personnes avaient emprunté l’embarcation de fortune en quête d’une vie meilleure en Espagne.
Parmi la dizaine de personnes retenue à l’hôpital de Kafountine, trois recevaient encore des soins dans la journée d’hier. Les autres restent à la disposition de la gendarmerie qui a ouvert une enquête pour situer les responsabilités de ce nouveau drame de l’émigration irrégulière. Jusqu’ici, aucun ressortissant de Kafountine n’a été comptabilisé par l’équipage de la pirogue. Selon nos informations, les candidats à l’émigration viennent très souvent des zones situées à l’intérieur.
Les chavirements de pirogues en partance pour l’Europe sont devenus monnaie courante au Sénégal. De sorte qu’ils n’émeuvent plus grand monde, à part les familles des concernées. Et la période estivale, jusqu’en novembre, est généralement celle où les naufrages se multiplient.
En novembre dernier, un drame a été évité de justesse, lorsque deux vedettes de la Marine sénégalaise ont secouru une pirogue contenant 82 personnes qui a chaviré en plein océan Atlantique, à 86 km au large de Saint-Louis. Partie de la Gambie, l’embarcation avait été repérée par un avion de patrouille espagnol, basé temporairement à Dakar dans le cadre de la coopération entre l’Espagne et le Sénégal contre l’émigration irrégulière.
Toujours en 2021, mais en août, une pirogue d’une soixantaine de migrants clandestins a échoué au large de Saint-Louis. Si la Marine nationale a pu secourir onze personnes, dont huit Sénégalais et trois Gambiens, un corps sans vie a aussi été repêché, alors que le reste des passagers a été porté disparu.
En novembre 2020, en trois semaines, plus de 400 personnes sont mortes suite à des naufrages de pirogues, dans l’indifférence totale des autorités. Cet épisode avait amené les internautes sénégalais à organiser une journée de deuil numérique en hommage à tous les malheureux jeunes avalés par la mer sur la route de l'émigration clandestine.
Depuis, les embarcations continuent de partir et d’engloutir des jeunes en quête d’une vie meilleure. Ceux qui survivent ou empruntent le désert ont rendez-vous avec la misère, le trafic d’êtres humains ou la mort. À l’image du drame, du vendredi 24 juin survenu dans l'enclave espagnole de Melilla, au nord du Maroc. Au moins 23 migrants sont morts lors d'une tentative d'entrée massive dans l'enclave espagnole.