Publié le 19 Sep 2022 - 12:25
NOUVEAU GOUVERNEMENT

La sous-représentation des femmes fait débat

 

Le chef de l'État a opté pour une équipe gouvernementale de 38 membres, avec seulement huit femmes. D’aucuns pensent que ce n'est pas suffisant.  

 

Désormais, les Sénégalais sont édifiés sur l’attelage gouvernemental qui va conduire la politique du chef de l’Etat les mois qui nous séparent de 2024. Trente-huit ministres ont été nommés pour accompagner Amadou Bâ dans sa mission. Toutefois, il y a eu un fait marquant dans ce choix : seules huit femmes figurent dans le nouveau gouvernement. D’ailleurs, le nouveau PM l’a souligné pour s’en féliciter : "C'est un gouvernement où nous avons huit femmes…'', a-t-il insisté, samedi dernier.

Or, dans un contexte politique où le débat sur la parité fait rage, cette portion congrue réservée aux femmes fait parler.  Car, autant la défenestration de certains membres du gouvernement précédent a surpris, autant le nombre ''beaucoup trop faible'' de femmes dans l'équipe actuelle interpelle certains observateurs.

"Ce n'est pas pour polémiquer, ni pour critiquer, loin de là. Mais seulement, on pouvait donner plus de postes aux femmes. En général, ce sont de vraies travailleuses'', déclare une dame qui estime qu'il fallait au moins en nommer une quinzaine. Même son de cloche chez ces trois vendeuses de cacahuètes qui, discutant du nouveau gouvernement, déclarent, dans de fous rires : ''Ce n'est pas normal. Nous allons organiser une marche pendant laquelle toutes les femmes vont tenir à la main une cuillère ou une louche ou d'autres ustensiles de cuisine. Ce sera une façon de montrer que nous ne sommes pas contentes.''

Il faut dire que tous ceux qui s’offusquent du nombre de femmes dans le gouvernement avancent comme argument le mérite féminin. C'est le cas de Babacar Diop qui pense même qu'une meilleure considération des femmes aurait pu régler tant bien que mal la situation politique qui prévaut actuellement dans notre pays. "La femme a ce don de réguler et de fédérer. Personnellement, je suis convaincu que leur présence massive dans le gouvernement peut être une excellente chose pour la marche du pays'', dit-il.

Sira Diamé est du même avis. La jeune dame va même plus loin et déclare que les femmes ont mieux géré la primature, sous le règne du président Macky Sall. ''Dans certaines circonstances, les femmes réussissent mieux que les hommes. Moi, je pense que le meilleur Premier ministre sous Macky Sall, c'est Mimi Touré. C'est pourquoi je m'attendais même à ce qu'une femme soit, pour une nouvelle fois, nommée Premier ministre''.

Sur la même lancée, Mme Diamé estime qu'à défaut, on aurait pu se rattraper en nommant plus de femmes dans le gouvernement.

Ibrahima Bakhoum : ‘’Pour le choix des membres, on n'est pas tenu à une quelconque logique de parité’’

Toutefois, l’analyse est tout autre chez le journaliste et politologue Ibrahima Bakhoum. Il est d’avis que le nombre restreint de femmes ne doit pas être un problème ou susciter des débats inutiles. Il faut juste, dit-il, renvoyer cela à la nomination de l'autorité étatique. Ainsi, l'analyste politique déclare : "J'avoue que le pourcentage est faible. Mais aussi, je rappelle que la constitution d'un gouvernement est un fait de nomination. Pour le choix des membres, on n'est pas tenu à une quelconque logique de parité. On n'est pas contraint d'aller trouver un équilibre entre femmes et hommes.''

Ainsi, M. Bakhoum, qui ne veut pas être traité de sexiste, pense, en même temps, que les femmes sont aussi très méritantes. ''Ceux qui pensent qu'elles devaient être plus nombreuses ont leurs raisons. On ne peut pas les leur refuser'', ajoute-t-il. Mais, il ajoute : "On ne peut pas dire qu'il y a plus de femmes compétentes que d'hommes et vice-versa. C'est pourquoi il ne faut sous-estimer personne. L'expérience a montré que, dans plusieurs cas, les femmes s'en sont bien sorties. Elles ont réussi dans pas mal de domaines.''

Selon l’analyste politique, le contexte aussi a été déterminant dans les choix du président. Notamment, le bras de fer entre le pouvoir et l'opposition. C'est le jeu d'attaque et de contre-attaque. D’où l’idée, selon M. Bakhoum, de nominations stratégiques. ''Si, par exemple, le pouvoir pense plus à se défendre contre les attaques de l'opposition, on comprend donc les raisons de la domination masculine dans le gouvernement. Il faut voir que, pour la plupart, en politique, les femmes ne versent pas forcément sur ce côté là où il faut invectiver, insulter pour défendre son chef. Parfois, l'État préfère garder à ses côtés des hommes qui vont s'en charger. Bon, c'est juste un constat'', dit-il.

EL HADJI FODÉ SARR

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