Publié le 10 Oct 2022 - 17:25
PLAGE DE MALIKA

Malgré le danger, la baignade quand-même

 

La plage de Malika est l'une des plus dangereuses de la région de Dakar. En cette période estivale, elle est plus que jamais prise d'assaut. De nombreux individus viennent s'y baigner au risque d'être emportés par l'océan. La présence des maîtres-nageurs limite les dégâts.

 

Les terrains de football et quelques gargotes parsemées un peu partout se sont substitués à la bande de filao. En dehors de la corniche, plus rien ne sépare Malika de sa plage. Une bande humaine s'étalant sur plusieurs mètres, sautillant et très bruyante, la plage de Malika a encore "fait le plein", en ce dimanche d'été. "En cette période caniculaire, il est difficile pour nous de nous passer de la plage. C'est notre refuge privilégié pour échapper à la chaleur", commente Ibrahima Wone, à peine dix-sept ans. L'adolescent reconnaît tout de même que la prudence doit être de mise, car, cette plage est réputée dangereuse.

Le souvenir douloureux de la mort par noyade d'une dizaine d'individus, l'année dernière, est encore dans tous les esprits. "À nous de faire preuve de prudence et de ne pas trop s'aventurer dans l'eau, à ne pas être trop frimeur aussi jusqu'à mettre notre vie en danger. Car, si nous ne voulons pas que l'autorité ferme tout simplement la plage, notre attitude doit être irréprochable. Une mer comme celle-ci n'est pas le meilleur endroit pour étaler ses talents de nageur", renchérit le jeune garçon.

Pour Bocar, qui de visu frôlerait les deux mètres, cette plage est le lieu de rencontre de bon nombres de banlieusards. Il balaie d'un revers de main cette idée qui voudrait que l'accès soit prohibé. "Les populations de Malika, Keur-Massar, Ben Baraque, pour ne citer qu'elles, viennent tous se baigner dans cette piscine gratuite et à ciel ouvert. Donc, appliquer l'interdiction pure et simple reviendrait à priver plusieurs milliers de personnes de cet endroit paradisiaque, l'un des rares qui peuvent procurer un air pur dans la banlieue", argumente le "basketteur".

Les maitres-nageurs veillent au grain

La fermeture étant impossible, l'autre solution pour limiter les cas de noyades est la mise en place d'une équipe de maîtres-nageurs. Du haut de son perchoir, une paire de jumelles pendant sur le cou, Ibrahima est l'un des nombreux maîtres-nageurs qui surveillent la côte. Le regard fixé sur l'énorme étendue d'eau, il guette le moindre mouvement qui ferait penser à un baigneur en détresse. "Nous cherchons à assurer un minimum de sécurité à tout ce beau monde", déclare-t-il. "Même si la mission s'annonce très pénible, nous essayons d'être le plus réactif possible, car, chaque seconde compte, dans les probables processus de sauvetage. Non seulement, la plage est dangereuse, mais aussi, comme vous l'avez-vous même remarqué, l'endroit grouille de monde".

Ibrahima, toujours une partie de son attention sur la plage, se prononce sur leurs méthodes pour intervenir lorsqu’un baigneur est en détresse. "Certains sont en permanence dans l'eau et veillent au grain. Nous devons développer plusieurs stratégies, car, nous ne savons pas quand l'océan va encore frapper. Nonobstant notre vigilance et le professionnalisme dont nous faisons preuve au quotidien, le risque zéro n'est qu'une utopie", ajoute-t-il. Conscient de cette situation, le maître-nageur prêche le bon comportement de tout un chacun.

La baignade n'est pas l'unique motivation de celles et ceux qui viennent par ici. En effet, certains, comme Halimatou, ne sont là que pour profiter de la brise et passer de bons moments en famille. "Je suis consciente du danger qui me guette, en me jetant à l'eau, donc, je préfère prendre mes distances. En plus, on n’est jamais assez prudent avec l'océan. En outre, je ne suis pas bonne nageuse", ironise presque la jeune femme.

Contrairement à l'année dernière où elle avait englouti une dizaine d'âmes, aucun cas de noyade n'a encore été signalé, cette année, à la plage de Malika. Les baigneurs sont devenus certes moins téméraires, mais les maîtres-nageurs, également, viennent servir de remparts cruciaux pour préserver des vies. À ces précautions prises par les uns et les autres s'ajoutent celles et ceux qui se contentent juste de contempler l'étendue bleue.

MAMADOU DIOP STAGIAIRE

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