Une ‘’liquidation’’ signée BBY et Wallu
Aminata Touré n’est plus membre de l’Assemblée nationale. Elle a été déchue, ce mardi, par le bureau de l’institution parlementaire, qui s’est réuni pour statuer sur son cas.
Ironie du sort, l’information a d’abord été partagée sur le statut WhatsApp du député de la coalition Yewwi Askan Wi, Abba Mbaye, avant d’être reprise par plusieurs plateformes d’information. Aminata Touré a été déchue ce mardi de son mandat de député. À noter que le bureau de l'Assemblée nationale a été convoqué en urgence, en début de semaine. Les députés ont été convoqués pour information, avant de savoir que l'ordre du jour était de statuer sur le mandat de Mme Aminata Touré.
À l'issue du vote, 10 voix ont voté pour et 7 contre. Le groupe Liberté et démocratie de la coalition Wallu a soutenu cette procédure et a fait pencher la balance en faveur de BBY.
Depuis son compte Twitter, la désormais ex-parlementaire a commenté sa destitution. "Je viens d’apprendre mon exclusion de l’Assemblée nationale par le président Macky Sall en totale violation de la loi’’, accuse-t-elle d’abord son ancien mentor. Avant de réitérer la poursuite de sa lutte, malgré l’accaparement de son mandat de député. ‘’Je reste plus que jamais déterminée à poursuivre mon combat pour l’enracinement de la démocratie sénégalaise et contre sa tentative de troisième mandat moralement et juridiquement inacceptable’’, a-t-elle fait savoir.
L’un des premiers à commenter cette actualité, le député Mamadou Lamine Diallo, qui a pris part au vote, a confirmé l'information sur son compte Twitter. "Comme anticipé, le coup fourré de Benno Bokk Yaakaar au bureau de l’Assemblée nationale s’est produit. J’ai voté contre la déchéance de Mimi Touré de son poste de député qui est une agression contre les femmes et la démocratie", a publié le leader de Tekki.
Députée non-inscrite depuis le début de cette mandature, Mimi Touré se retrouve donc sans mandat parlementaire.
Ce que dit la loi
Dans le cas d’espèce, deux questions principales étaient au centre de ce débat. La démission peut-elle être tacite ou elle est obligatoirement expresse ? Est-ce que la démission d’un député élu sur la liste d’une coalition entre dans le champ d’application des dispositions en vigueur ?
Selon les dispositions législatives applicables en pareilles circonstances, l’article 60 de la Constitution stipule : ‘’Tout député qui démissionne de son parti en cours de législature est automatiquement déchu de son mandat. Il est remplacé dans les conditions déterminées par une loi organique.’’ Tandis que, le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, en son article 7 alinéa 2, reprend textuellement la même disposition constitutionnelle.
Pour rappel, en 2008, alors que Macky Sall venait de quitter le Parti démocratique sénégalais pour mettre en place l’Alliance pour la République, certains députés libéraux, particulièrement Moustapha Cissé Lo et Mbaye Ndiaye, lui avaient témoigné leur soutien indéfectible. A l’époque, le président du Groupe parlementaire du PDS (Doudou Wade) et ses hommes disposaient certes d’une majorité assez confortable, mais, avaient tenu à laver l’affront, sur la base des articles 60 de la Constitution et 7 du Règlement intérieur. ‘’Le fait est là. Par leur comportement politique, Moustapha Cissé Lô et Mbaye Ndiaye se sont placés hors du PDS. Leur attitude expresse est de faire du PDS un parti d’opposition. Ils travaillent avec les ressources politiques dont ils disposent, à la défaite du parti aux prochaines élections locales (prévue le 22 mars prochain’’, disait Doudou Wade.
Mimi Touré vient de vivre le même châtiment, même si, elle conteste la légalité de la décision. Pour rappel, l’ancienne ministre de la Justice est entrée en rébellion, lorsque le choix a été porté sur Amadou Mame Diop pour le poste de président de l’Assemblée nationale par le président Macky Sall. La députée Aminata Touré, tête de liste de BBY lors des Législatives, avait quitté ce groupe pour devenir députée non-inscrite. Ensuite, elle a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 2024, en faisant de la lutte contre une troisième candidature du président Macky Sall son principal ‘’programme de campagne’’.
Toujours est-il que cette dernière action en date vient définitivement sceller le divorce entre Mimi Touré et la coalition BBY.
MAMADOU DIOP