Les modalités de ‘’Xéyu Ndaw Ni’’ définies
Un comité régional de développement a été organisé, hier, à Tambacounda, pour échanger sur les modalités de mise en œuvre du Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socioéconomique des jeunes ‘’Xéyu Ndaw Ni’’. Cette rencontre a mobilisé les autorités territoriales des régions de Tambacounda et de Kédougou.
Le patrimoine routier et autoroutier du Sénégal est estimé à 3 000 milliards F CFA pour un réseau routier long d’environ 46 500 km, dont 16 500 km de routes classées et 30 000 km de routes non classées, compte non tenu de 225 km d’autoroutes. Pour éviter de miner les efforts consentis en matière de construction de routes, l’État a entrepris une réforme portant création du Fonds d’entretien routier autonome (Fera). L’acte III de la décentralisation confère la compétence pour l’établissement, l’amélioration, l’entretien des pistes et chemins non classés aux communes. Le Fera, pour mettre en œuvre son programme, a choisi d’allouer directement des ressources aux collectivités territoriales. Cette situation place ces dernières dans une position de maître d’ouvrage délégué.
Dans ce cadre, le Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socioéconomique des jeunes baptisé ‘’Xéyu Ndaw Ni’’ en relation avec le Fera, prévoit la création de 11 000 emplois directs sur une approche à haute intensité de main d’œuvre (Himo).
C’est dans ce contexte qu’un comité régional de développement (CRD) regroupant les régions de Tambacounda et de Kédougou a été organisé par le Fera pour partager sur les modalités de déroulement du Programme d’urgence lié à l’insertion socioéconomique des jeunes ‘’Xéyu Ndaw Ni’’ après deux ans de mise œuvre à Tambacounda. Ce CRD présidé par l’adjointe au gouverneur chargée des affaires administratives, Maude Manga, a enregistré la présence de toutes les autorités territoriales des régions administratives de Tambacounda et de Kédougou.
Selon M. Faye, ‘’le cœur de métier du Fera, naturellement, reste le financement. Le Fera n’est pas une structure chargée de l’exécution des programmes. C’est comme une banque qui finance des structures et qui les positionne en maître d’ouvrage délégué’’. C’est à ce titre que dans le programme ‘’Xéyu Ndaw Ni’’, les collectivités territoriales, les communes, les villes se placent dans une position de maître d’ouvrage délégué. Le Fera, qui est un outil de financement, a un budget global annuel de 150 milliards et ce budget est mis à la disposition des structures comme l’Ageroute, l’Anaser, la Direction générale des Infrastructures et les Collectivités territoriales. Le rôle du Fera auprès des collectivités territoriales, aujourd’hui, c’est de mettre des financements pour le recrutement des cantonniers, afin que les routes soient désensablées. S’y ajoute la signature de conventions avec les communes pour la réalisation des routes. Car, pour tout ce qui s’agit de la réalisation des routes non classées, le Fera met en avant les communes. Quant aux routes classées, c’est l’Ageroute qui est sollicitée.
Dans le programme spécial de désenclavement d’un coût global de 498 milliards F CFA pour la réalisation de 2 800 km de routes à travers le Sénégal, les régions de Tambacounda et de Kédougou bénéficient de 37 milliards. S’agissant du cantonnage et du désensablement, c’est 1 600 agents qui sont à la disposition des collectivités territoriales pour un coût d’un milliard 400 millions. Lors de cette rencontre, la question des retards de salaire a été évoquée. Pour le DG du Fera, le retard de salaires est compréhensible, si on prend en compte la dimension du projet aujourd’hui. ‘’C’est tout à fait normal. C’est un programme d’envergure. Au départ, l’État du Sénégal avait assigné au Fera un objectif de 11 000 emplois. Aujourd’hui, nous sommes à 26 000 emplois créés au niveau de 511 collectivités territoriales’’, explique-t-il.
Cependant, il pense aussi que les collectivités territoriales doivent s’adapter à l’exécution des dépenses publiques. Elles doivent éviter de faire des erreurs dans les états de paiement. D’ailleurs, selon le DG, une des raisons de la tenue du CRD est de sensibiliser les communes pour qu’elles renforcent leurs capacités à ce niveau, pour que le circuit d’exécution de la dépense publique soit mieux maîtrisé.
Le secrétaire général de la commune de Tambacounda, Mamadou Diallo, a salué les réalisations du Fera dans la commune, avec la construction de 5 km de routes depuis 2012. Ce même programme prévoit également 5 à 6 km de routes pour la commune. A en croire toujours M. Diallo, au-delà de ces réalisations dans la commune, le Fera entretient les routes dans tout le pays. Néanmoins, il l’invite à adapter les routes de Tamba et de Kédougou aux réalités de l’environnement. Ainsi, vu que ces localités sont pluvieuses, le SG souhaite que les routes bitumées soient remplacées par des routes pavées. Ce qui va permettre la formation de jeunes dans ce secteur et, par ricochet, créer plus d’emplois. Cette formation va à l’avenir, même avec le départ du Fera, donner l’opportunité à la mairie de disposer d’une main-d’œuvre qualifiée.
Monsieur Diallo plaide aussi pour le désenclavement du département de Goudiry qui ne dispose pas de routes intérieures qui le relient aux autres communes.
Le maire de Salémata, Kamissa Camara, demande une discrimination positive du programme Fera en faveur de la région de Kédougou et plus précisément du département de Salémata. L’édile veut plus de recrues pour l’entretien des routes, parce qu’en période d’hivernage, pratiquement toutes les routes sont impraticables.
Boubacar Agna Camara (Tambacounda)