Publié le 15 Sep 2023 - 16:44
MALI - À CAUSE DES TENSIONS DANS LE NORD DU PAYS

La junte annule les fêtes de l’indépendance

 

Face à la reprise des hostilités de la part des groupes armés à dominante touareg, les autorités envisagent de mobiliser les réservistes. 

 

Face à la montée des tensions dans le nord du pays, la junte malienne a annulé les festivités entourant l’anniversaire de l’indépendance. Le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, « a décidé de surseoir aux activités festives du 22 septembre 2023 marquant la commémoration de l’indépendance de notre pays, qui sera célébrée dans la sobriété et dans l’esprit du sursaut national », a indiqué le conseil des ministres dans un communiqué, mercredi 13 septembre au soir.

Les autorités installées après le double putsch de 2020 et 2021 avaient initialement dit leur intention de célébrer l’anniversaire en grande pompe. Mais le colonel Goïta, investi président après le second coup d’Etat, a ordonné au gouvernement d’allouer les fonds prévus pour ces festivités à l’aide aux victimes d’une série de récentes attaques et à leurs familles, dit le texte.

Le Mali, plongé dans la tourmente depuis des insurrections indépendantiste et salafiste dans le nord en 2012, connaît depuis cette semaine une reprise des hostilités contre l’armée de la part des groupes armés à dominante touareg. Cette escalade met à l’épreuve les capacités de l’armée malienne, confrontée à un adversaire supplémentaire, ainsi que les assurances de la junte de redressement de la situation sécuritaire.

Les séparatistes ont lancé mardi une offensive contre la ville garnison de Bourem, que l’armée a dit avoir repoussée. Les deux camps ont fourni des bilans contradictoires, mais faisant état de dizaines de morts.

Ce regain d’activité militaire des séparatistes touareg va de pair avec une succession d’attaques attribuées surtout au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda. Il coïncide avec le retrait en cours de la mission de stabilisation de l’ONU, la Minusma, poussée vers la sortie par la junte après dix années de déploiement.

Plusieurs attaques revendiquées par le GSIM contre des positions de l’armée ont tué un certain nombre de soldats récemment, notamment à Bamba, le 7 septembre, et à Gao, le lendemain. Une autre attaque contre un bateau de transport de passagers sur le fleuve Niger, imputée aux djihadistes, a tué des dizaines de civils la semaine passée.

Un avion abattu

L’état-major malien a indiqué dans un communiqué avoir mené mercredi une série de frappes aériennes contre des « terroristes » dans le nord, dans les secteurs de Ber et d’Almoustarat. Les séparatistes ont assuré pour leur part avoir abattu un avion de l’armée malienne à Almoustarat. Ces affirmations des uns et des autres sont très difficilement vérifiables.

Le colonel Goïta a exprimé sa « profonde affliction » face aux pertes causées par « l’attentat sauvage et barbare contre le bateau Tombouctou » et « les assauts sur les camps des villes de Bamba, Gao et Bourem », dit le conseil des ministres. C’est la première fois que le chef de la junte réagit publiquement à l’attaque contre le bateau.

Le conseil des ministres a ajouté avoir abordé la question d’une mobilisation des réservistes. Il a adopté un projet de décret qui permettra de « déterminer l’état des réservistes et les conditions de leur mobilisation », dit le compte rendu. Les réservistes sont censés assurer « un renfort capital en cas de crise, de catastrophe naturelle ou de guerre », dit-il.

La junte a poussé vers la sortie la force anti-djihadiste française en 2022 et la force de l’ONU en 2023. Elle est largement considérée comme s’étant adjoint les services de la société paramilitaire russe Wagner, malgré ses démentis. Le départ progressif de la Minusma d’ici au 31 décembre passe pour avoir contribué à échauffer les esprits dans le nord. La Minusma remet ses camps aux autorités maliennes, mais dans la lutte territoriale en cours entre tous les acteurs armés du nord, les séparatistes estiment que ces emprises onusiennes devraient revenir sous leur contrôle.

Le sujet deviendra encore plus brûlant d’ici à la fin de l’année, avec l’évacuation par la Minusma d’un certain nombre de camps, dont celui de Kidal, ville bastion des Touareg. « Les bases de Tessalit, d’Aguelhok, de Kidal, nous allons les prendre », a juré le premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, sur la télévision d’Etat mercredi soir.

Le Monde avec AFP

 

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