Publié le 23 Dec 2023 - 02:58
SAINT-LOUIS : HUIT MOIS SANS SALAIRE

Les agents du Fera en colère appellent au secours

Les employés du Fera proposés au nettoyage des routes de Saint-Louis sont dans tous leurs états. Ils sont restés huit mois sans percevoir leurs salaires. Une situation qu’ils ont dénoncée au cours d’un rassemblement devant les locaux de la mairie de la vieille cité, malgré l'intervention musclée de la police.

Hommes, femmes et jeunes, debout comme un seul homme, les travailleurs du Fonds d’entretien routier autonome (Fera) ont pris d'assaut, hier matin, l’entrée principale de la mairie de Saint-Louis pour déverser leur bile sur leur tutelle. Pendant près d'une heure, ils ont scandé des slogans hostiles au directeur général du Fera. Pour la porte-parole du jour, la situation des agents du Fera proposés au nettoyage des routes est insupportable, voire inhumaine. “Nous avons assez enduré. Nos responsables nous ont assez menti. Depuis huit mois, aucun travailleur du Fera dans la commune de Saint-Louis n'a touché son salaire. Chaque début de semaine, les responsables nous promettent la régularisation des paies sans jamais respecter leurs engagements. À commencer par Pape Ibrahima Faye, DG du Fera qui, à la veille de la Tabaski, devant tous les agents, avait pris des engagements fermes pour nous payer quelques mois d'arriérés. Malheureusement, depuis ce jour, on ne l'a plus revu ou entendu sur ce dossier de retard de salaires. Aujourd’hui, nous n'en pouvons plus. C'est pourquoi nous avons rangé nos outils de travail et nous sommes descendus à la mairie pour exiger des autorités le paiement de nos salaires sans délai”, a fulminé Adja Mame Fama Lô.

Une dame blessée à la cuisse et au pied

Avant de signaler que toutes les autorités concernées sont informées de la situation depuis plusieurs mois. Malheureusement, a-t-elle ajouté, personne n'a levé le plus petit doigt pour trouver une solution définitive au retard des salaires des agents du Fera à Saint-Louis.

Selon Mame Fama Lo, les travailleurs traversent des moments très difficiles au sein de leurs familles respectives. “Nous sommes tous des soutiens de famille. Nos familles vivent grâce à ce que nous gagnons. Dans ce Sénégal de crise, un soutien de famille qui reste huit mois sans toucher son salaire, ne vit plus. D’ailleurs, certains d'entre nous ont vu le courant et l'eau de leur maison coupés depuis belle lurette. Nos enfants ne sont pas encore inscrits à l'école pour les uns, pour d’autres, ils sont tout simplement renvoyés. Des travailleurs du Fera sont aujourd'hui expulsés par leurs bailleurs ou sont sous la menace d'expulsion. Cette situation ne peut plus continuer, parce que le Fera à cette mauvaise habitude. Il faut à chaque fois faire la grève pour se faire payer. On en a marre, il faut que cela cesse. Trop, c'est trop ! Ils nous doivent respect et doivent nous traiter humainement”, a-t-elle déclaré.

Les manifestants ont également fustigé la charge musclée de la police dont ils ont été victimes. Pour la porte-parole du jour, les forces de l'ordre se sont trompées de cible. “Les policiers n'avaient pas à tirer sur des manifestants désarmés. Puisque nous n'avions ni pierres ni bâtons. Aucune violence physique ou verbale n'a été manifestée de notre côté. On s'est rendu à la mairie pour sensibiliser le maire et ses collaborateurs sur nos souffrances en tant que travailleurs du Fera. Malheureusement, la police nous a chargés aveuglement, blessant avec une balle une jeune dame à la cuisse et au pied. Aux dernières nouvelles, elle doit subir une intervention chirurgicale à l'hôpital régional. Nous dénonçons avec la dernière énergie cette violence qui n'avait pas sa place ici parce que rien ne le justifie”, a regretté Mame Fama Diop.

Il faut signaler que nos différentes tentatives de joindre les responsables des services techniques municipaux de Saint-Louis sont restées vaines.

IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT-LOUIS

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