La Cap appelle à sa libération immédiate

Après quarante-huit heures passées entre les mains des enquêteurs de la Division spéciale de la cybersécurité, le journaliste et chroniqueur Bachir Fofana a été déféré au parquet, hier. Après son audition par le procureur, il a été placé sous mandat de dépôt pour diffusion de fausses nouvelles. Selon nos informations, il sera jugé en flagrant délit la semaine prochaine.
Plus tôt dans la matinée, un communiqué indiquait qu’une délégation de la Coordination des associations de presse (Cap), regroupant les principales organisations faîtières membres, avait rencontré, ce jeudi 26 juin, le cabinet du président de l’Assemblée nationale à l’hémicycle. L’objectif de cette rencontre était de solliciter le retrait de la plainte déposée contre Bachir Fofana.
Ainsi, la Cap a salué la diligence avec laquelle cette audience a été accordée par le président El Hadj Malick Ndiaye, bien qu’il ait été convoqué à la présidence de la République à la dernière minute. La délégation a renouvelé sa demande de retrait de la plainte et de relaxe immédiate du journaliste.
La Cap a également souligné auprès du directeur de cabinet son souhait de voir le président de l’Assemblée nationale s’impliquer activement dans la pacification des relations entre la presse et le pouvoir. Aussitôt, des diligences en vue d’une réaction rapide des autorités ont été enclenchées.
Les responsables des organisations membres de la Cap ont exprimé leur vive inquiétude suite au placement en garde à vue de Bachir Fofana. Arrêté le 25 juin 2025 sous l’accusation de diffusion de fausses nouvelles, cet incident soulève de sérieuses interrogations quant au respect des libertés fondamentales, notamment la liberté d’expression et la liberté de la presse, piliers essentiels de toute démocratie, précise le communiqué.
Dans la même note, la Cap condamne les convocations et emprisonnements à répétition qui incitent de nombreux professionnels des médias à l’autocensure. ‘’Nous rappelons que le rôle fondamental de la presse est d’informer, de critiquer et de contribuer au débat public, même lorsque les informations diffusées peuvent être perçues comme dérangeantes’’.
Elle ajoute que le recours à la garde à vue pour des faits liés à la diffusion d’informations ou à un délit d’opinion, particulièrement pour des allégations de fausses nouvelles, constitue une mesure disproportionnée et alarmante. La Cap exhorte les autorités à privilégier les mécanismes de régulation et de médiation déjà mis en place par la profession elle-même. Cette approche permettrait d’évaluer ces mécanismes et, le cas échéant, d’en corriger les manquements.
‘’Le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (Cored), à travers son tribunal des pairs, représente une instance légitime et compétente pour traiter ce type de dossiers’’, déplore la Cap. Pour l’organisation, un rectificatif ou une mise en demeure aurait été une approche plus appropriée et plus conforme aux principes de la déontologie journalistique, évitant ainsi des procédures judiciaires sources de tensions et potentiellement dissuasives pour la profession.
Le document précise enfin que les dirigeants des organisations faîtières membres de la Cap ont toujours privilégié la médiation et le dialogue. ‘’C’est dans cet esprit que des dispositions ont été prises avec les personnalités concernées afin d’éviter l’incarcération de notre confrère et de prévenir de telles procédures à l’avenir’’.
La Cap affirme rester vigilante et suivre de près l’évolution de la situation de Bachir Fofana ainsi que celle de toutes les affaires touchant à la liberté de la presse au Sénégal.
Elle conclut : ‘’Nous appelons à sa libération immédiate et au respect scrupuleux des droits des journalistes. Dans le même sillage, la Cap insiste auprès des professionnels de l’information sur l’obligation de respecter les rigueurs professionnelles du métier afin de ne pas s’exposer inutilement.’’