Des enseignants soutiennent celui qui fait de l'école une priorité
Un cadre de convergences regroupant de milliers d'enseignants autour de l'objectif "Un enseignant, vingt électeurs" a lancé, hier à Dakar, la Plateforme pour la promotion de l'école de la réussite (P2ER). À travers cet outil, ils souhaitent battre campagne et rencontrer tous les candidats à l'élection présidentielle pour leur présenter leur projet. Au finish, ils vont soutenir celui ou celle qui va épouser leur projet : faire de l'école une priorité pour lui redonner sa place.
L'intérêt de l'école est au cœur des préoccupations des enseignants. Au moment où les candidats à l'élection présidentielle vont aller à la rencontre des populations à partir de ce dimanche pour leur présenter leurs programmes, les acteurs de l'éducation comptent aussi battre campagne pour soutenir le candidat qui va épouser le projet qu'ils ont mise en place, qui consiste à faire de l'école une priorité. Plateforme pour la promotion de l'école de la réussite (P2ER) est le nom de l'outil initié par un cadre de convergences regroupant de milliers d'enseignants autour de l'objectif "Un enseignant, vingt électeurs".
En effet, selon le coordonnateur de la P2ER, Mbaye Fall Lèye, "Un enseignant, vingt électeurs", c'est une capacité de mobilisation, un rapport de force. "Nous l'avons dit de façon très claire : nous visons à créer un rapport de force qui nous permettra de nous déterminer lors des élections", a-t-il souligné.
À la question de savoir s'il n'est pas trop tard de lancer cette plateforme, M. Lèye a répondu : "Ce n'est pas trop tard, parce que nous n'avons pas commencé aujourd'hui. Nous avons fait un travail de fond, nous avons des plateformes qui sont saturées sur WhatsApp, Télégramme et autres", a-t-il expliqué. À travers ces plateformes, a-t-il ajouté, "nous échangeons, nous discutons, nous avons des délégués un peu partout. Maintenant, nous sommes en train de remonter le travail à la surface. Nous avons des points focaux un partout dans les établissements, dans les communes et les villes".
Par ailleurs, il faut souligner que la P2ER ne va pas battre campagne comme les politiciens. D'après Mbaye Fall Lèye, ils vont tenir des conférences un peu partout dans le pays. "On ne fera pas des meetings comme des politiciens. Nous allons tenir des conférences sur l'école à notre façon. On va faire des conférences sur la base du contrat et des attentes. Ces conférences seront une occasion pour mobiliser les enseignants, pour les sensibiliser davantage et renforcer leur détermination, donc à appuyer la plateforme".
Dans le même ordre d'idées, a-t-il souligné, "notre campagne visera à élargir la capacité de mobilisation que nous sommes en train de créer, à partager avec les enseignants pour qu’ensemble nous puissions agir dans l'unité, dans la cohésion, dans la concertation avec comme objectif principal la prise en charge des préoccupations qui sont déclinées dans le document".
À la question de savoir si leur campagne ne va pas perturber l'année scolaire, le coordonnateur de la P2ER a fait savoir qu'elle ne va en aucun cas impacter la marche de l'école. Car, a-t-il indiqué, "nous ne sommes pas un syndicat, ce sont des citoyens sénégalais, libres enseignants, parents d'élèves et autres. Nous n'avons même pas cette légitimité qui nous permet d'arrêter les cours. Il n'y aura aucun impact sur la tenue des cours". Estimant que c'est la politique qui règle tout, M. Fall Lèye a souligné que c'est l'occasion pour eux d'interpeller ceux qui aspirent gouverner le pays sur la place de l'école dans leurs programmes et projets politiques.
En outre, le coordonnateur de la P2ER est d'avis que si "l’on n'arrête pas ce processus où l'école n'est pas effectivement au centre des priorités, on ne va jamais atteindre le développement".
En effet, a-t-il expliqué, "c’est la construction d'une mise en critique de compétences dans tous les domaines, qu'il nous sera possible de nous engager dans la voie de l'émergence. On n'en est pas encore à ce niveau. Il faut un système qui peut garantir l'égalité des chances. Il faut que l'école redevienne cet ascenseur social, car elle ne l'est plus".
FATIMA ZAHRA DIALLO