Publié le 30 Jun 2013 - 10:14
ÉTABLISSEMENT DE FAUSSES PIÈCES D'ÉTAT-CIVIL

Le phénomène plus présent en banlieue qu'en ville.

 

L'affaire qui porte sur la fausse pièce d'identité détenue par l'opposant gambien Koukoï Samba Sagna a conduit EnQuête à constater que le phénomène de délivrance de fausses pièces est moins présent à Dakar que dans sa banlieue.

Entre affirmations et démentis, le débat fait rage au sommet. Cette affaire de fausses pièces d'identité nationale du dissident gambien Koukoï Samba Sagna, décédé au Mali après son extradition, qui le présente comme un citoyen sénégalais, appelle à s'interroger sur la fiabilité des pièces d'état-civil et la manière de leur délivrance. Au moment où Seydi Gassama d'Amnesty International Sénégal indique que Koukoï Samba Sagna est citoyen sénégalais, sur la base d'une pièce d'identité présentée à toute la presse nationale, le Premier ministre Abdoul Mbaye a apporté un démenti farouche à cette allégation. Dans cette guerre d'arguments et de contre-arguments, EnQuête, dans son édition de Lundi, est allé plus loin dans ses investigations pour conforter le Premier ministre dans sa position. Toutefois, il est important de se pencher sur la question de l'établissement des pièces d'état-civil et leur processus d'obtention. Un tour dans les centres d'état-civil de Dakar laisse croire que la capitale est, semble-t-il, à l'abri de ce genre de pratique.

Dans ce quartier populaire et populeux de Dakar, il est 16 heures de l'après-midi et le trafic humain n'est pas important dans ce centre d’état-civil. Le vigile, qui se charge de l'accueil, un jeune homme parfois intéressé par son gros agenda, parfois par les citoyens en quête de renseignements, reçoit de manière peu conventionnelle. Après un échange peu fructueux, il informe de revenir le lendemain à 8 heures pour une quelconque procédure administrative. À la quête d'information sur une éventuelle possibilité d'établissement de faux documents dans cette administration, un individu, mince, grand de taille, vêtu d'un T-shirt noir, rencontré à l'ombre d'un arbre non loin de l'entrée, dira : ''demain, je peux vous présenter une ou deux personnes qui pourraient vous aider. Ils servent souvent d'intermédiaires mais je ne sais pas si on peut avoir des papiers du genre ici''. La même manœuvre sera répétée le lendemain aux environs de 10 heures. Cette fois-ci personne pour donner un quelconque renseignement.

Les rares individus rencontrés à l'entrée de cet établissement semblent surpris à l'évocation de la demande, avant de donner leur langue au chat. Après mille allers-retours, entre un guichet et un autre, l'idée de se rendre au poste de police de cet arrondissement qui jouxte le centre nous traverse l'esprit. Une fois sur place et après avoir décliné notre identité, l'officier rencontré sur les lieux confirme les propos entendus un peu plus tôt. ''C'est possible qu'on établisse des faux documents, mais je ne crois pas qu'une telle pratique existe dans ce centre''. Je suis là depuis un bout de temps mais je n'ai jamais entendu de rumeurs du genre'', a indiqué l'officier qui a requis l'anonymat. Pour cet homme qui compte une bonne dizaine d'années dans la police, les cas de fraude et d'établissement de fausses pièces qui entraînent des plaintes s'opèrent souvent dans les régions et dans la banlieue. ''Ça ne veut pas dire que ce n'est pas possible à Dakar, dira-t-il, mais honnêtement, c'est moins fréquent en ville''.  Le lieu de délivrance de la pièce d'identité de Koukoï Samba Sagna vient en quelque sorte confirmer l'affirmation de cet officier. En effet, la carte d'identité a été émise à Grand-Yoff, une commune située dans la banlieue dakaroise.

La banlieue, bon élève du trafic de faux

A cet effet, il faut reconnaître que la banlieue est passée maître dans l'art de mettre en évidence sa place de bon élève en matière de trafic de faux et usages de faux. Pour preuve, on se rappelle encore du lundi 20 septembre 2010 quand un officier d’état-civil de la mairie a été écroué dans la chambre de sûreté du commissariat de Pikine. Après avoir remonté un renseignement sur un trafic de faux actes d’état-civil, les enquêteurs ont mis la main sur deux intermédiaires, un rabatteur et le cerveau qui n’était autre qu’un officier d’état-civil de la mairie. Il avait été clairement établi, d’après la déposition du rabatteur, que c’était en échange de fortes sommes d’argent que l’officier d’état-civil commettait du faux. Il faut dire que ce n’était pas la seule affaire de faux qu'a connu le commissariat de Pikine.

Des sources autorisées avaient renseigné qu’en marge de ce dossier explosif, une affaire de faux, à caractère international, a été mise à nu par le commissariat de Pikine. L’affaire mettait en cause deux ressortissants de pays anglophones qui s’étaient spécialisés dans la confection de visas et de passeports. Il aura fallu une série de planques et de filatures aux enquêteurs pour frapper au cœur de ce système discret et bien huilé. Le 14 janvier 2011, c'était une histoire de confection de faux actes de naissance qui venait entacher la réputation des centres d'état-civil de Pikine et des Parcelles assainies. Moustapha Diagne et Alassane Bâ, respectivement agent et ex-agent bénévole au centre d’état-civil de Pikine ainsi qu’Assane Boye, agent au centre des Parcelles assainies se seraient livrés à cette confection de faux actes de naissance moyennant de l’argent. Il est à noter qu'il s'agit juste de quelques cas qui ont été mis à nu, parce qu'il y a eu une suite judiciaires. Dans la plupart des cas, les faussaires passent à travers les mailles du filet.

ANTOINE DE PADOU

 

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