Le combat continue, selon la société civile sénégalaise

Décrier les entorses récurrentes faites aux Droits humains par le gouvernement Jammeh et, surtout, montrer que les 2 Sénégalais et 7 Gambiens exécutés, il y a tout juste un an, n’ont pas été oubliés. Tel est la portée de la cérémonie organisée, hier, par la société civile sénégalaise.
Modérée par le journaliste Madiambal Diagne, la cérémonie de commémoration du 1er (et tragique) anniversaire de l’exécution de 9 détenus en Gambie, sur ordre du Président Yaya Jammeh, s’est tenue à Dakar. L’événement a été organisé par l’Ong Article19, en collaboration avec ses pairs de la société civile sénégalaise, à l’exemple de la Raddho, d’Amnesty International, de la Ligue des Droits de l’Homme ou encore de la Cicodev (Institut panafricain de recherche, de formation et d'action pour la citoyenneté).
Conduite sous la forme d’une succession de panels, la rencontre a notamment permis aux organisateurs d’échanger avec leurs invités, parmi lesquels des journalistes et activistes étrangers, des bloggeurs et des artistes engagés. L’invité d’honneur était le Dr. Amadou Janneh, ancien ministre de l’Information du Président gambien incarcéré pour avoir imprimé des slogans jugés anti-gouvernementaux sur des tee-shirts, puis relaxé grâce à l’intervention de la communauté internationale.
Pour les représentant d’Article 19, il s’est avant tout agi d’envoyer un message fort à l’État gambien :''Nous réaffirmons notre condamnation des exécutions brutales de 9 prisonniers, ce jour fatidique de 23 août 2012, de même que celle de la détérioration continue de la situation des droits de l’Homme en Gambie. Nous appelons, de même, le Président Jammeh à instaurer un moratoire permanent sur la peine de mort, attendu de l’opportunité ou non de la peine en vue d’une abolition.», a déclaré Aliou Niane. Ce dernier exhorte, enfin, le gouvernement gambien a mettre un terme aux violations des droits de l’Homme dans le pays, en plus de permettre aux médias de librement faire leur travail.
Selon la Raddho, il y a eu, en l’espace de deux ans, 78 cas de réfugiés gambiens accueillis et traités par ses services, dont 12 femmes et 17 enfants. La plupart de ces réfugiés, a ajouté Aboubacry Mbodji, seraient par ailleurs des journalistes, des hommes politiques et des militaires.«Les autorités sénégalaises n’ont jamais été informées de l’exécution de leurs deux ressortissants. Elles n’ont même pas pu garantir une protection consulaire ou diplomatique, lors de l’incarcération de ces derniers. C’est une violation grave des droits de l’Homme qui me fait, aujourd’hui, lancer un appel aux acteurs, afin que soient fermement boycottés les travaux de la Commission africaine des droits de l’Homme, cette dernière étant basée à Banjul», a pour sa part lancé Me Assane Dioma Ndiaye, le président de la Ligue sénégalaise des droits de l'Homme.