Cardinal Sarr ne veut plus des ‘’chrétiens de salon’’
Cette présente édition du pèlerinage marial de Poponguine a battu des records d’affluence. De samedi à lundi, les fidèles n’ont cessé d’affluer au sanctuaire marial. Ils ont ainsi pu assister à de grands moments d’enseignements de la part de leurs évêques, notamment, le cardinal Théodore Adrien Sarr et l’évêque de Tambacounda, Monseigneur Jean Noël Diouf.
La messe solennelle du dimanche 15 mai a été célébrée par le Cardinal Théodore Adrien Sarr, à Poponguine, dans le cadre de la 128ème édition du pèlerinage marial de Poponguine. Dans sa grande sagesse qui le caractérise, le cardinal émérite a pointé du doigt certains maux qui minent la foi chrétienne et l’église catholique. Notamment en fustigeant « les chrétiens de salon ». L’ancien chef de l’Eglise sénégalaise à la retraite pointe la vacuité de cette pratique qui consiste à s’asseoir et à critiquer. L’immense tort causé par ‘’ceux qui ont la critique facile’’ ; ‘’qui ne voient que le mal chez les autres et sont incapables de voir le bien qui est en eux’’. Cardinal Sarr de dire que ‘’l’Esprit saint est incapable de faire de nous des chrétiens de salon’’. Une manière pour lui d’enjoindre les fidèles à se mettre résolument à l’école de Marie en ‘’se laissant envahir et pénétrer par l’Esprit de Pentecôte qui apprend à être des témoins de la Miséricorde de Dieu’’.
Donnant l’exemple de la mère de Jésus au mariage de Caana, Mgr Théodore a souligné que la Vierge, voyant que le vin venait à manquer, pouvait croiser les bras et laisser les jeunes mariés à leur honte, en disant : ‘’sama yoon neku si’’ (ce n’est pas mon problème). Mais, remplie de miséricorde, elle a agi. L’évêque demande, à cet effet, aux fidèles d’apprendre à se comprendre, à faire attention aux autres et à leurs besoins. Ainsi, fort d’une foi agissante, ils pourront aller ‘’à la périphérie’’, à la rencontre des pauvres et de ceux qui ont besoin d’un regard de bonté, en cette année de la Miséricorde. Et, comme viatique aux pèlerins qui se sont rendus dimanche matin au pied de l’autel de Marie, Cardinal Sarr a demandé ‘’d’accueillir l’Esprit et de se laisser influencer par Lui’’, pour comprendre les commandements de Dieu et ‘’pouvoir lutter contre les ‘’tendances de ce monde’’.
Mgr Diouf souhaite des secteurs social et politique pacifiés
Hier lors de la messe solennelle clôturant cette édition du pèlerinage marial de Poponguine, Monseigneur Jean Noël Diouf, évêque de Tambacounda, a rappelé qu’elle se situe dans le contexte de l’Année Sainte de la Miséricorde, ouvert le 8 décembre 2015 et dont la clôture se fera le 20 novembre 2016, que le Pape François a proposée à l’Eglise Universelle. D’où le choix du thème : « Comme Marie, soyons témoins de la Miséricorde divine » ? Selon l’évêque, si ‘’à la base de la Miséricorde se trouve l’amour’’, c’est parce que ‘’la Miséricorde sans amour est vide et il ne peut y avoir d’amour sans Miséricorde’’. Il nous exhorte donc à cela, eu égard à ce qui se passe dans notre monde actuel où ‘’nous sommes témoins de beaucoup de violences, d’injustices, de fourberies etc. Pas un seul jour, dit-il, ne passe sans que les médias ne nous rapportent des faits divers déplorables’’.
Monseigneur Diouf considère que notre monde a vraiment soif d’actes de miséricorde. L’évêque veut dire par là : « Des actions charitables par lesquelles nous venons en aide à notre prochain dans ses nécessités corporelles et spirituelles : nourrir les affamés, donner à boire aux assoiffés, vêtir ceux qui sont nus, Accueillir l’étranger, Visiter les malades, Exhorter les pécheurs, Instruire ceux qui le désirent, Conseiller ceux qui sont dans le doute, Consoler les affligés, Supporter les importuns, Pardonner volontiers, Prier pour les vivants et les morts ». (Catéchisme de l’Église Catholique n° 2447). Pour cela, a-t-il lancé aux fidèles, point besoin d’aller scruter d’autres cieux où poser de tels actes. ‘’C’est ici, là où chacun de nous a été placé par le Seigneur selon sa vocation et dans la sphère de ses responsabilités.’’
Ainsi, faisant référence à l’actualité brûlante, il dira : ‘’Nos pays, nos communes, nos quartiers…, notre espace politique souvent teinté de violences verbales et même physiques sont des lieux où nous sommes appelés à être témoins de la Miséricorde. Ces différents secteurs ont besoin d’être pacifiés pour cesser d’être des théâtres d’affrontements, de combats, de concurrences malsaines.’’
Gaston COLY